Le sujet 2008 - Bac L - Histoire - Composition |
Avis du professeur :
Le sujet porte sur la France dans le monde de 1945 à nos jours. Il faut analyser le rayonnement international de la France mais aussi évaluer sa puissance. |
La France dans le monde de 1945 à nos jours
Quelques indications chronologiques
1946 : début de la guerre d'Indochine
1949 : adhésion de la France à l'OTAN
1957 : signature du traité de Rome
1960 : premier essai de la bombe atomique française
1962 : indépendance de l'Algérie
1963 : traité d'amitié franco-allemand
1966 : la France quitte le commandement intégré de l'OTAN
1970 : création de l'Agence de la francophonie
1992 : le "oui" l'emporte au référendum sur le traité de Maastricht
2003 : la France refuse d'intervenir militairement en Irak
2005 : le "non" l'emporte au référendum sur la constitution
européenne
I - L'ANALYSE ET LES DIFFICULTES DU SUJET
L'intitulé du sujet est classique et correspond au dernier
chapitre de la partie du programme portant sur la France.
Nous sommes donc en territoire connu mais il y a deux difficultés
potentielles :
- le sujet a été traité en toute fin d'année
- le sujet est vaste donc il faut être rigoureux dans l'organisation des
connaissances.
Attention, cette composition comporte plusieurs
dimensions :
- la perte de l'empire colonial et les nouveaux rapports avec les
anciennes colonies
- la politique étrangère de la France depuis 1945
- l'évaluation de la puissance française, liée notamment à l'évolution de
son rayonnement international.
Ne négligez aucun aspect du sujet. Il ne s'agit pas de traiter par exemple "La France et le monde" et donc de se limiter à la politique extérieure... ce qui aurait été plus facile pour bâtir un plan chronologique !
II - LA PROBLEMATIQUE
Le sujet portant sur la place et le rôle que la France occupe dans le monde depuis 1945, la problématique doit être en adéquation avec lui.
Il s'agit de voir quels sont les éléments qui ont permis de maintenir
l'influence de la France dans le monde depuis la fin de la seconde Guerre
mondiale, sans oublier de voir ses évolutions. La France a joué sur une certaine continuité mais le monde a tellement changé en soixante ans
qu'elle a dû s'adapter, ce qui a occasionné d'importantes ruptures.
Comment la France a-t-elle tenté de maintenir son rayonnement international
dans un monde qui a subi de nombreux bouleversements ?
III – LES plans possibles
Le plan purement chronologique paraît ici difficile puisque
le sujet invite à aborder plusieurs grands thèmes (décolonisation, politique
étrangère, degré de puissance de la France).
Il semble donc plus simple d'opter pour un plan thématique, mais prenez
garde : il faut réintroduire de la chronologie dans les sous-parties.
1. De la décolonisation à la coopération
Il s'agit ici de voir ce qu'il reste du passé colonial de la France.
a) Une décolonisation multiforme
La guerre d'Indochine (1946-1954) a lieu, le Maroc et la Tunisie deviennent indépendants (1956) mais restent ensuite l'Afrique noire (décolonisation pacifique et négociée en 1960) et l'Algérie (accord d'Evian en 1962 après une guerre de huit ans).
b) La France d'Outre-Mer : les "confettis de l'Empire"
Les DOM-TOM sont un héritage et permettent à la France d'être encore présente dans le monde entier. Ils présentent des avantages (points d'appuis pour l'armée, centre spatial de Kourou, deuxième ZEE mondiale) et des inconvénients (difficultés économiques, revendications indépendantistes en Nouvelle-Calédonie) pour la puissance française.
c) La coopération avec le Sud
C'est la politique qui a permis de garder des liens
particuliers avec les anciennes colonies, principalement en Afrique noire
(bases militaires, aide au développement).
Mentionner les évolutions de cette politique souvent controversée (l'aide
accordée est censée être conditionnée aux progrès de la démocratie depuis 1990
mais la France est de plus en plus accusée d'ingérence ou de
néo-colonialisme : voir les incidents en Côte d'Ivoire).
2. La politique étrangère : continuités et ruptures.
Il s'agit de montrer comment la France a tenté d'imposer ses ambitions sur la scène internationale.
a) L'empreinte de de Gaulle (1945 - 1969) a "une certaine idée de la France" qui doit selon lui "tenir son rang". A la fin de la seconde Guerre mondiale, il permet à la France de faire partie du camp des vainqueurs. A nouveau au pouvoir en 1958, il suit plusieurs options :
● L'émancipation (relative) vis-à-vis des Etats-Unis dans le contexte de guerre froide : "allié mais pas aligné" après l'acquisition de l'arme nucléaire au préalable en 1960 (voir les critiques répétées du "Leadership" américain et la sortie du commandement militaire intégré de l'OTAN en 1966)
● L'ancrage à l'Europe avec la poursuite de la construction européenne et le rapprochement avec l'Allemagne (traité de l'Elysée en 1963)
● La "politique arabe" au Proche-Orient mais seulement à partir de 1967 (après la guerre des 6 jours), quand de Gaulle rompt le soutien jusque là accordé à Israël)
b) Après de Gaulle (1969 - 1991) : le maintien d'une politique ambitieuse : des moyens importants pour la défense, un rôle éminent dans la construction européenne (maintien du "couple franco-allemand", élargissements et approfondissements successifs), même si le monde continue d'être dominé par les deux super grands.
c) Les difficultés de l'après
guerre froide : la France est le chantre du
"multilatéralisme" car elle ne peut plus s'imposer qu'en passant par
de grandes organisations comme l'UE ou l'ONU.
Elle s'adapte à un monde changeant avec par exemple la professionnalisation de
son arrivée en 1996.
3. La France, une puissance moyenne.
Il s'agit ici d'évaluer la puissance française, "la plus grande des puissances moyennes" selon un découpage classique.
a) Le rayonnement culturel
Voir qu'il est dû à un passé "prestigieux" (révolution française,
colonisation) mais de plus en plus menacé, par la culture anglo-saxonne
notamment.
D'où une véritable politique culturelle, avec 2 axes :
● défendre la langue et la culture française en France
● mais surtout le promouvoir à l'étranger : par l'enseignement (alliances françaises), les médias (AFP,RFI,TV5, France 24) et dans le cadre de la francophonie, avec l'obtention aussi en 1993 au GATT de la clause de "l'exception culturelle"
b) La puissance politique et
militaire
Elle est incontestable (arme nucléaire, membre permanant du conseil de sécurité
de l'ONU, mais aussi du G7, Paris siège de l'UNESCO, Strasbourg siège du
parlement européen), ce qui a permis une opposition à la guerre en Irak en
2003.
Mais à nuancer : les dépenses militaires sont devenues très faibles
et l'influence diplomatique de la France (au Moyen-Orient mais aussi en
Afrique, son ancienne "chasse gardée") est de plus en plus réduite.
c) L'économie française dans la
mondialisation
La France a fait le choix de l'ouverture au moment des 30 Glorieuses, ce qui a
permis une croissance exceptionnelle.
Du coup, elle a aussi subi le retournement de conjoncture et la crise des
années 1970. Aujourd'hui, elle doit s'adapter à la mondialisation (elle cherche
à attirer les investisseurs étrangers et à exporter) mais être membre de l'UE
lui a permis d'être une grande puissance commerciale. La France est également la première destination touristique au monde : ici, le rayonnement
culturel fait aussi la réussite économique.