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Annales gratuites Bac L : L'univers concentrationnaire

Le sujet  2003 - Bac L - Histoire - Commentaire de document Imprimer le sujet
LE SUJET

L'univers concentrationnaire d'Auschwitz décrit par Primo Levi (1)

L'empire concentrationnaire d'Auschwitz comprenait non pas un, mais une quarantaine de Lager (2) ; le camp d'Auschwitz proprement dit, édifié à la périphérie de la petite ville du même nom (en polonais Oswiecim) pouvait contenir environ vingt mille prisonniers et constituait en quelque sorte la capitale administrative de cette agglomération ; venait ensuite le Lager (ou plus exactement les Lager, de trois à cinq selon le moment) de Birkenau, qui alla jusqu'à contenir soixante mille prisonniers, dont quarante mille femmes, et où étaient installés les fours crématoires et les chambres à gaz ; et enfin un nombre toujours variable de camps de travail, situés parfois à des centaines de kilomètres de la "capitale". (...)
C'est dans la pratique routinière des camps d'extermination que la haine et le mépris instillés par la propagande nazie trouvent leur plein accomplissement. Là en effet, il ne s'agit plus seulement de mort, mais d'une foule de détails maniaques et symboliques, visant tous à prouver que les Juifs, les Tziganes et les Slaves ne sont que bétail, boue et ordure. Qu'on pense à l'opération de tatouage d'Auschwitz, par laquelle on marquait les hommes comme des bœufs, au voyage dans des wagons à bestiaux qu'on n'ouvrait jamais afin d'obliger les déportés (hommes, femmes, enfants ! ) à rester des jours entiers au milieu de leurs propres excréments, au numéro matricule à la place du nom, au fait qu'on ne distribuait pas de cuillère (alors que les entrepôts d'Auschwitz, à la libération, en contenaient des quintaux), les prisonniers étant censés laper leur soupe comme des chiens ; qu'on pense enfin à l'exploitation infâme des cadavres, traités comme une quelconque matière première propre à fournir l'or des dents, les cheveux pour en faire du tissu, les cendre pour servir d'engrais, aux hommes et aux femmes ravalés au rang de cobayes sur lesquels on expérimentait des médicaments avant de les supprimer. (...)
On a inventé au cours des siècles des morts plus cruelles, mais aucune n'a jamais été aussi lourde de mépris et de haine.

(1) Primo Levi, ingénieur italien juif, fut déporté à Auschwitz au début de 1944
(2) Lager : camp

          Source : Primo Levi, Si c'est un homme, additif de 1976 à l'édition de 1947, constitué de réponses aux questions de lycéens

Questions :

1 : Présenter le document.
2 : Que nous apprend l'auteur sur le système concentrationnaire ?
3 : Quels aspects de l'idéologie nazie peut-on retrouver dans ce témoignage ?

LE CORRIGÉ

I - UNE PRESENTATION DU SUJET

Ce sujet appartient à la première partie du programme, la Seconde Guerre mondiale. Ce texte de Primo Levi illustre bien ce que fût l'univers concentrationnaire, mis en place par l'Allemagne nazie qui dominait alors l'Europe.
Il est recommandé de bien présenter le document et de dire un mot sur son auteur, puis de répondre aux questions.

II - LES CONNAISSANCES ESSENTIELLES

A - PRESENTATION DU DOCUMENT

Ce document est un texte de Primo Levi, tiré de son récit, Si c'est un homme, l'une des descriptions les plus poignantes de l'univers concentrationnaire. Primo Levi, chimiste de formation, juif italien, fut déporté à Auschwitz début 1944. A travers son œuvre, il a voulu montrer l'incommunicabilité de la déportation. Il s'est donné la mort en 1987.

B - CE QUE L'AUTEUR NOUS APPREND SUR L'UNIVERS CONCENTRATIONNAIRE

Primo Levi nous renseigne d'abord sur l'organisation du camp d'Auschwitz, composé de deux parties :

  • Auschwitz proprement dit, capitale administrative de l'empire concentrationnaire, avec vingt mille prisonniers ;
  • Birkenau, où étaient installés les chambres à gaz et les fours crématoires, et qui pouvait contenir jusqu'à soixante mille prisonniers, dont quarante mille femmes.
  • Ce document nous informe aussi bien sur l'organisation méthodique, "scientifique", industrielle, de la machine à exterminer mise au point par les Nazis.

    Ce texte nous apprend aussi que les Nazis poussaient à son extrême la logique de leur organisation en tirant profit de tout ce qui appartenait aux déportés exterminés : or des dents, cheveux pour faire des tissus, cendres pour servir d'engrais. Cette exploitation des cadavres constitue l'un des aspects les plus abjects de l'univers concentrationnaire nazi, car les êtres humains y étaient traités comme des objets.

    C - QUE NOUS APPREND CE TEMOIGNAGE SUR L'IDEOLOGIE NAZIE ?

    Ce document de Primo Levi nous apprend que le nazisme est une idéologie raciste et totalitaire.
    Les Nazis ont cultivé la haine des Juifs, des Tziganes et des Slaves qui constituent la grande majorité des déportés à Auschwitz. Ces peuples ont été persécutés pour ce qu'ils sont et non pour ce qu'ils auraient pu faire.
    C'est la notion même de crime contre l'humanité qui parcourt ce texte, crime que même le temps ne peut effacer.
    La haine des groupes cités plus haut est aussi accompagnée du mépris que les Nazis éprouvent à l'égard des êtres humains, ravalés au rang de bêtes et de matière première. L'être humain était nié en tant que tel.
    Ce document de Primo Levi reste l'un des témoignages les plus forts et les plus poignants sur Auschwitz par sa simplicité et la description dénuée de haine de l'univers concentrationnaire.

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