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Annales gratuites Bac ES : Bonheur et vérité

Le sujet  2006 - Bac ES - Philosophie - Dissertation Imprimer le sujet
Avis du professeur :

Sujet au croisement de la question théorique de la vérité et de la question pratique du bonheur.
Sujet qui vous demande d'embrasser une grande partie du programme de l'année de philosophie. Vous devez donc faire preuve de maîtrise et d'assurance dans le traitement du sujet.

LE SUJET


Faut-il préférer le bonheur à la vérité ?

 

LE CORRIGÉ


I - L'ANALYSE ET LES DIFFICULTES DU SUJET

Le sujet se réfère à deux notions du programme : le bonheur et la vérité.
Le rapport entre les deux n'est pas au premier abord évident ; la vérité est un problème théorique (il concerne la connaissance), le bonheur est un problème pratique (il concerne la conduite dans l'existence). Mais il faut bien voir que la vérité relève aussi d'un choix moral, car on peut préférer vivre dans le mensonge, l'erreur ou l'illusion.
C'est un sujet intéressant et riche, qui fait appel à votre expérience, votre réflexion, vos lectures (des exemples romanesques seraient bienvenus), et bien entendu à vos connaissances philosophiques.

● Le sujet vous invite à vous prononcer sur les valeurs respectives du bonheur et de la vérité lorsqu'il s'agit de se donner des principes de conduite pour mener son existence.

● Le bonheur peut être défini comme un sentiment de satisfaction pleine et durable, mais en remarquant qu'il semble comporter aussi une part de hasard ponctuel et favorable (le bonheur c'est aussi la chance, c'est bien pour cela que l'on a des "porte-bonheurs" !)

● La vérité peut être définie ici comme une volonté de sincérité par rapport à soi-même et aux autres, et de lucidité par rapport à la réalité de l'existence.

 

II - LA PROBLEMATIQUE

● On parle souvent des "imbéciles heureux", et on a tendance spontanément à penser que pour être heureux, "il ne faut pas se poser trop de questions". "Rechercher la vérité", "vivre dans la vérité" sont des activités pénibles, exigeantes et peut-être toujours insatisfaisantes. En revanche, tout le monde veut être heureux, et si le bonheur est dans le plaisir, le pouvoir ou l'action, la vérité semble une valeur superflue, voire néfaste à notre bonheur, et il faut donc la délaisser.

● Pourtant la question posée nous invite implicitement à nous demander si la vérité ne serait pas une condition nécessaire au bonheur. Loin d'être inconciliables, les deux notions seraient alors liées

 

III - LES PISTES DE REFLEXION

● Pour traiter le sujet, il est peut-être bon de partir de l'opinion spontanée : le bonheur est préférable à la vérité. "La philosophie ne vaut pas une heure de peine" disait Pascal.
On peut montrer assez simplement que la vérité est une exigence pénible et difficile, source de cruelles désillusions, alors que le bonheur est une finalité naturelle pour tous les hommes, simple et aisée à trouver si on ne réfléchit pas trop.
Pour approfondir, vous pouvez vous référer à Calliclès (qui valorise le bonheur dans la puissance et le pouvoir) reprochant à Socrate son inutile et néfaste recherche de la vérité (Platon, Gorgias)

● Mais pour être heureux, ne faut-il pas avoir une vision claire et lucide de la réalité et de l'existence ? Le stoïcisme et l'épicurisme antiques, même s'ils admettent que le bonheur est le souverain Bien, montrent que l'on ne peut l'atteindre que grâce à une conception vraie du réel. Le bonheur est selon eux inséparable de la science !

● Enfin, vous pouvez penser aux cas où dire la vérité nous semble être un devoir, même s'il va à l'encontre de nos désirs et de nos intérêts ; de même, savoir la vérité est souvent préférable à l'illusion, même si cela va à l'encontre de nos espérances. La morale du devoir chez Kant en serait une bonne illustration philosophique.

 

IV - LES PISTES DE DEVELOPPEMENT

a - pourquoi donc vouloir la verite ?

● Il s'agit d'être heureux ici et maintenant, et cela quel que soit le contenu que l'on place dans le concept de bonheur (plaisirs, richesses, pouvoirs). Cette idée semble être un but plus satisfaisant et urgent que la recherche de la vérité.

● Le concept de bonheur semble incompatible avec celui de vérité. La recherche des plaisirs, richesses, pouvoirs nécessite souvent le mensonge, la tromperie, la manipulation. De plus, vivre heureux, ne serait-ce pas vivre dans l'illusion ?

● Le paradoxe est alors que tous les hommes veulent être heureux, mais qu'ils ne savent pas en quoi cela consiste ni comment y arriver ?

b - la verite, unE condition necessaire au bonheur ?

● Les dangers de l'illusion et de l'irréflexion dans la recherche du bonheur : à chercher aveuglément le bonheur, on risque de ne jamais le trouver. Comme dit Pascal : "Tous les hommes veulent être heureux, même celui qui noue la corde pour se pendre"

● Le concept de bonheur semble exiger une clarification. Il s'agit alors de rechercher en quoi il consiste véritablement, et quels sont les moyens pour y parvenir. On ne peut pas le penser séparément d'une conception de l'univers et de la place de l'homme dans cet univers, et peut-être même de connaissances encore plus précises sur la physiologie et la psychologie de l'être humain.

c - faut-il sacrifier le bonheur A la vEritE ?

● Le concept de bonheur est-il suffisamment clair et distinct pour être choisi comme idéal de vie ? Il n'est pas certain que l'on puisse dériver de cet "idéal de l'imagination" des règles infaillibles de conduite.

● Le concept de devoir, en particulier de devoir de vérité, ne serait-il pas un concept plus clair qui, s'il ne nous permet pas nécessairement d'être heureux, nous rend au moins dignes de l'être ?

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