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Annales gratuites Bac L : Droit et justice

Le sujet  2005 - Bac L - Philosophie - Dissertation Imprimer le sujet
LE SUJET


Le juste et l'injuste ne sont-ils que des conventions ?
 

LE CORRIGÉ


I - LES TERMES DU SUJET

A - JUSTE / INJUSTE

Du latin "jus" = ce qui dit le droit.
La notion de justice désigne à la fois une valeur morale et une institution. Le juste, c'est ce qui est légitime ou ce qui est légal. Cette notion est étroitement liée à la figure de la loi qui peut correspondre soit à la norme divine, naturelle, soit aux règles édictées dans une société donnée (le droit positif).

B - CONVENTION

Une convention désigne un pacte, un accord entre individus. En tant que telle, la convention est relative au choix de ces derniers, ce qui explique qu'on mette souvent en avant le caractère artificiel, contingent voire arbitraire des conventions.

II - L'ANALYSE DU PROBLEME

Le sujet pose le problème de la distinction entre le légal et le légitime, entre le droit et la morale. Les lois sont des conventions humaines qui varient en fonction des contextes. La justice qu'elles édictent est-elle arbitraire. N'y a-t-il pas de justice universelle ? N'a-t'on pas besoin d'une norme naturelle pour dénoncer les lois injustes ?

III - UNE DEMARCHE POSSIBLE

A - ARBITRAIRE DES LOIS ET JUSTICE

1) Le relativisme

Les lois positives sont des conventions qui varient en fonction des sociétés et des époques. Les crimes et les sanctions changent en fonction du droit qui est en vigueur. N'y a-t-il pas là une part choquante d'arbitraire ? Quelle est cette justice qui change du tout au tout si l'on traverse les frontières ? (Pascal "Erreur en deçà des Pyrénées, vérité au-delà")
N'y a t'il aucune justice objective ?

2) L'idée de justice

Pour éviter de tomber dans le relativisme, on doit admettre qu'il existe une justice naturelle qui sert de critère pour apprécier la légitimité des lois positives.
Pour Platon, la justice est ainsi une Idée qui indique aux hommes l'ordre naturel qu'ils doivent respecter pour ne pas commettre une injustice telle que la mise à mort de l'homme le plus vertueux de la Cité, Socrate.

B - DE LA JUSTICE A LA LOI

1) Quelle norme naturelle ?

Pour Platon, il y aurait des inégalités naturelles que la justice des hommes devraient reproduire dans la Cité. Or, il semble que dans l'état de nature les hommes soient égaux. Sans aucune loi, ni pouvoir politique, ils sont en effet dans un état de guerre de tous contre tous, où chacun est soumis à la menace d'autrui (Hobbes, "L'homme est un loup pour l'homme")

2) La loi dit le juste et l'injuste

Pour sortir de l'état de nature, les hommes sont contraints de faire un pacte et d'abandonner leur liberté naturelle pour se soumettre à l'autorité d'un souverain.
C'est le souverain qui édicte les lois et garantit leur application. C'est la loi qui dit le juste et l'injuste. La justice n'existe pas en dehors des lois.

C - TOUS LES PACTES NE SONT PAS LEGITIMES

1) Les lois injustes

Il y a pourtant des lois qui semblent injustes comme l'esclavage.
Comment les dénoncer si la justice est déterminée par la loi ?
La recherche de la sécurité justifie-t-elle, comme le pense Hobbes, qu'on se soumette à n'importe quelle loi ?

2) La justice n'a pas de sens sans l'égalité

Pour Rousseau, tous les pactes ne sont pas légitimes.
Le seul à l'être, c'est le contrat social au cours duquel tous les individus renoncent également (même le souverain !) à leur liberté ("Chacun se donnant à tous ne se donne à personne").
Les lois sont donc bien des conventions mais elles ne sont justes qu'à condition de respecter l'égalité naturelle des hommes.

IV - DES REFERENCES UTILES

  • Platon, La République
  • Pascal, Les Pensées
  • Hobbes, Le Léviathan
  • Rousseau, Du Contrat Social
  • V - LES FAUSSES PISTES

    La formulation du sujet exige qu'on s'intéresse aux cas où la justice n'est pas que conventionnelle, et que l'on approfondisse les différentes façons de penser la fondation objective des lois positives.

    VI - LE POINT DE VUE DU CORRECTEUR

    Un sujet de philosophie politique et moral classique.
    La difficulté consistait à ne pas manquer l'importance du concept de "loi" qui n'apparaît pas dans l'énoncé du sujet.
     

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