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Annales gratuites Bac Hôtellerie : Histoire et mémoire

Le sujet  2006 - Bac Hôtellerie - Philosophie - Dissertation Imprimer le sujet
Avis du professeur :

Le sujet porte sur l'histoire et la mémoire.
Le sujet vous demande pas mal de finesse et de connaissances.

LE SUJET


L'intérêt de l'histoire, est-ce d'abord de lutter contre l'oubli ?

LE CORRIGÉ


I - L'ANALYSE ET LES DIFFICULTES DU SUJET

La notion du programme auquel se réfère ce sujet est bien évidemment l'histoire.
La question ne pose pas de problème de compréhension. Il ne s'agit pas de définir ce qu'est l'histoire, ni de passer en revue les usages que l'on peut en faire (le sujet n'est pas "à quoi sert l'histoire" ?)
Le sujet invite à examiner s'il est légitime de considérer que notre intérêt pour l'histoire tient d'abord à ce qu'elle nous permet de lutter contre l'oubli.
Le sujet présuppose en effet que l'histoire est un moyen de conserver le passé humain dans la mémoire collective, qu'à ce titre elle est un remède contre l'oubli.
L'histoire renvoie donc ici à cette discipline qui se donne pour objet la connaissance du passé humain (et non à l'ensemble des événements passés).
De ce point de vue, l'oubli, parce qu'il conduit à vivre dans le présent et/ou à se projeter dans l'avenir sans jamais se référer au passé, apparaît comme ce qui s'oppose à l'histoire.
Si celle-ci est essentiellement tournée vers le passé, elle semble être en effet un moyen d'éviter l'oubli.
Le verbe "lutter" est important car il semble sous-entendre que c'est l'oubli qui est une tendance spontanée chez l'homme, plutôt que le souvenir du passé.
Enfin, il ne faut pas omettre de prendre en considération l'adverbe "d'abord", car il implique que l'intérêt essentiel de l'histoire réside dans cette lutte contre l'oubli.
Attention à ne pas confondre l'histoire et la mémoire. Si la mémoire est la faculté de conserver le passé, elle est souvent propre à un sujet ou à une communauté et, de ce fait, partielle et affective.
L'histoire, en tant que connaissance, s'efforce au contraire de mettre en oeuvre une méthode, qui lui assure une certaine impartialité, voire une objectivité.

II - LA PROBLEMATIQUE

Le sujet invite à examiner les raisons ou plutôt la raison première qui conduit les hommes à s'intéresser à l'histoire. Est-ce parce qu'elle permet de lutter contre l'oubli que les hommes étudient l'histoire ?
Est-il légitime d'affirmer que la connaissance du passé à laquelle l'histoire nous donne accès constitue un moyen de lutter contre l'oubli ? Une telle affirmation ne risque-t-elle pas d'instrumentaliser l'histoire, ou tout au moins de la limiter à la seule conservation du passé ?
Le sujet invite à examiner en quoi ce souvenir du passé peut éclairer le présent et donner les moyens de maîtriser l'avenir ?

III - LES PISTES DE REFLEXION

A. L'histoire qui élabore un récit des évènements passés procède bien à un tri, à une sélection des évènements. Elle n'en restitue jamais la totalité, mais elle les sélectionne, les organise, les hiérarchise pour rendre le passé intelligible. Il ne s'agit donc pas de proposer une restitution exhaustive de tous les évènements du passé humain.

B. Il importe de veiller à ce que l'histoire ne soit pas détournée de sa fonction propre qui est la connaissance du passé humain.
Cette connaissance indispensable à la compréhension du présent, ne doit pas cependant, verser dans une forme de passéisme, de valorisation non critique du passé.
Nietzsche a dénoncé cet abus de l'histoire,  cette "maladie historique" qui entrave les hommes et les empêche de s'ouvrir à l'avenir.

C. L'histoire est certes, un moyen de lutter contre l'oubli, contre cette tendance qu'ont les hommes à effacer de leur mémoire collective les pages les plus noires de leur histoire.
Toutefois, cette mémoire du passé n'a de sens que parce qu'elle éveille la vigilance des hommes face à leur présent et leur avenir.
L'histoire, comme le dit Hegel, ne se répète pas : chaque moment de l'histoire a ses caractéristiques propres et le passé n'est jamais transposable au présent.

IV - LES PISTES DE DEVELOPPEMENT

A. Vous pouviez montrer que l'intérêt de l'histoire est d'abord de proposer une connaissance du passé, en vue d'une compréhension du présent, en effet, la compréhension du présent est conditionnée par la connaissance du passé.

B. Vous pouviez aussi envisager les risques que peut engendrer cette obsession de la mémoire du passé.
● Risque de privilégier le passé au détriment du présent, risque de faire du passé un refuge, qui détourne de la vie.
● Risque d'empêcher les hommes de dépasser sans toutefois les oublier les évènements tragiques de son passé.

C. Vous pouviez ainsi montrer que si l'histoire est indispensable à l'humanité, elle doit cependant trouver sa juste place comme connaissance, elle ne saurait être soumise à des fins qui lui seraient assignées de l'extérieur (par la société par exemple). L'histoire est d'abord intéressante parce qu'elle apporte un éclairage sur le passé. Il est bien certain que cette connaissance est le meilleur des antidote contre l'oubli mais que ce n'est pas la mission première des historiens.

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