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Annales gratuites Bac Hôtellerie : La liberté

Le sujet  2005 - Bac Hôtellerie - Philosophie - Dissertation Imprimer le sujet
LE SUJET


Pourquoi voulons-nous être libres ?


 

LE CORRIGÉ


I - LES TERMES DU SUJET

La liberté, négativement, désigne l'absence d'obstacles : une pierre est en chute libre parce que rien ne s'oppose à sa chute. C'est la liberté physique. Il y a un autre sens de la liberté, la liberté politique, qui repose sur des droits et devoirs : c'est une convention, un contrat qui me rend libre de circuler, de voter, de créer une association, etc. Un dernier sens, plus philosophique et religieux, est celui de la liberté métaphysique : c'est ma capacité, réelle ou imaginaire, à échapper à tous les déterminismes qui pèsent sur moi (corps, société, culture, etc.) et à agir par moi-même. C'est ainsi que dans le christianisme Dieu a créé l'homme libre de penser ou faire le mal alors même que tout était bon dans la création. C'est ainsi que nous sommes libres de vouloir l'impossible.

II - L'ANALYSE DU PROBLEME

Etre libre, c'est faire ce qu'on veut. Qui n'a pas entendu ou prononcé cette définition de la liberté ? Elle suppose que pour être vraiment libre, il faut savoir ce que l'on veut, et que ce que l'on veut est vraiment bon pour nous. Ou encore que je sache pourquoi je veux être libre. Ceci peut se comprendre en deux sens : pourquoi voulons-nous être libres, c'est-à-dire pour quelle raison profonde, en raison de quelle situation insatisfaisante ou oppressante ? Ou alors pour quoi, au nom de quoi voulons-nous être libres, autrement dit la liberté pour quoi faire ?

III - UNE DEMARCHE POSSIBLE

A - LA LIBERTE PAR-DESSUS TOUT

Non seulement l'homme veut être libre, mais il met sa liberté au dessus de tout autre chose. L'homme est capable de comportements absurdes, irrationnels, d'actes gratuits pour se prouver à lui-même sa liberté. La liberté devient chez lui une passion dévorante : alors qu'un animal se contente de liberté physique, l'homme aspire à une liberté métaphysique, absolue. Cette passion est individuelle ou politique : l'homme supporte aussi peu les limites de son corps, de sa vie, que l'oppression d'un dictateur. C'est souvent la liberté ou la mort. En effet, l'homme n'est pas qu'un être vivant soumis à des lois physiques, biologiques, sociales, il est capable de se représenter ces lois, tout ce à quoi il est en même temps soumis. La conscience permet le contrôle, l'action, le dépassement. Etant capable d'être conscient de ses limites, l'homme aspire à l'infini. C'est cette conscience de l'infini qui l'a sans doute porté à imaginer des êtres supérieurs, des dieux, immortels et tout-puissants. C'est la conscience de sa finitude qui pousse l'homme à vouloir être libre, la conscience de ses limites et de sa mort inévitable. De plus, l'homme est un être de culture, un animal technicien : il se prolonge lui-même, se projette dans des outils, des espaces et des temps qui le dépassent. Il y a une infinité de façons de vivre une vie humaine : comme le dit Kant, les potentialités de l'humanité ne se réaliseront que dans une suite infinie de générations. Vouloir être libre, c'est maintenir ouvert ce lien de l'individu avec tout le devenir de l'humanité, qui fait qu'une vie purement individuelle est satisfaisante.

B - LES AVENTURES DE LA LIBERTE

L'humanité peut sembler être une destination capable de combler la soif de liberté humaine, d'échapper à la conscience écrasante de la mort et de la contingence. Mais combien d'hommes ont le courage de prétendre à un tel idéal ? Il faut constater à quel point les hommes soit ne veulent pas être libres, offrant leur liberté comme un fardeau, soit pensent la trouver dans des expériences absurdes.
La Boétie décrit ainsi la société comme une pyramide de lâchetés où chacun se décharge de sa responsabilité et alimente l'arbitraire du pouvoir. La liberté véritable c'est l'autonomie, l'indépendance dans l'action et dans la pensée.
Nous sommes tous très enclins à abdiquer notre liberté, à ne plus vouloir être libres, ou à vouloir trouver tout tracé le chemin de la liberté. Une voiture, un métier, un pouvoir nous enivrent, nous nous estimons bien assez libres, et en tous cas plus que le voisin qui nous paraît esclave de ses vices ou de ses habitudes.
C'est ainsi que l'homme est prêt à voir la réalisation de la liberté dans le contraire même de la liberté. Dans 1984, le roman de Georges Orwell, le slogan de la dictature installée à Londres est "La liberté c'est l'esclavage" ! L'homme est un animal qui a besoin d'un maître, dit Kant : sa volonté de liberté est souvent fausse ou illusoire. N'importe quelle valeur semble pouvoir réaliser la liberté humaine.
D'où l'importance d'un contrat social qui accepte cette volonté de liberté (c'est la condition humaine) tout en refusant les réponses totalitaires ou utopiques.

IV - DES REFERENCES UTILES

  • La Boétie, De la Servitude Volontaire
  • Kant, Idée d'une Histoire Universelle
  • Descartes, Méditations Métaphysiques
  • V - LES FAUSSES PISTES

    Oublier les différents sens de la liberté, négliger le thème de l'aliénation volontaire.

    VI - LE POINT DE VUE DU CORRECTEUR

    Sujet très classique dans l'énoncé, qui demandait de la rigueur dans l'argumentation pour éviter les clichés.
     

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