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Annales gratuites Bac Hôtellerie : Raison et certitude

Le sujet  2009 - Bac Hôtellerie - Philosophie - Dissertation Imprimer le sujet
Avis du professeur :

Le sujet porte sur les indices, les marques subjectives et objectives de la raison.
L'énoncé présente une subtilité qui peut décontenancer les candidats mais au fond il n'est pas très difficile.
LE SUJET


Peut-on être sûr d'avoir raison ?


LE CORRIGÉ


I – L'ANALYSE DU SUJET

Ce sujet porte sur les chapitres "La vérité" et "La raison et la croyance". Il comporte les expressions "être sûr" et "avoir raison".
Lorsque je suis sûr, je ne doute pas, je suis convaincu, je crois avoir raison même si j'ai tort : c'est donc un sentiment subjectif.
Lorsque j'ai raison, je suis dans le vrai ; ce que je dis ou pense est vrai parce que cela correspond à la réalité : c'est objectif.
Le sujet interroge la possibilité d'être sûr d'avoir raison. Peut-on être sûr d'avoir raison ? Ce qui est donc étonnant, c'est qu'on demande s'il est possible de ne pas douter d'être dans le vrai, alors qu'en fait ce qui nous intéresse, c'est la possibilité de ne pas se tromper, c'est-à-dire de ne pas croire être dans le vrai alors qu'on est dans le faux. Le sujet invite donc le candidat à travailler avec le repère conceptuel objectif/subjectif. En effet, est-il possible pour l'homme de savoir (objectivement) qu'il a raison ou ne peut-il que le croire (subjectivement) ?

II - LA PROBLEMATIQUE

Le problème est donc : si on ne peut être sûr (au sens de la certitude) que ce qu'on dit ou ce qu'on pense est vrai, on pourra toujours se rabattre sur la conviction. Les expressions "avoir raison" et "être sûr" sont utilisées ici dans leur ambiguïté entre une vérité objective et un sentiment subjectif. La problématique peut se formuler de la façon suivante : puis-je savoir que j'ai raison ou ne puis-je que le croire ?

III - LA BOITE A OUTILS

● La réponse immédiate que l'on peut apporter à cette question est que "oui, on peut être sûr d'avoir raison", mais cela suppose d'emblée de préciser qu'il s'agit d'un fait qui peut être connu objectivement par l'expérience ou par voie démonstrative. Tel est donc l'argument principal en faveur d'une telle thèse : c'est possible parce qu'on peut le prouver (que la preuve précède ou confirme mon sentiment). Nous parlons alors de science et il n'est pas question ici d'entendre l'expression "être sûr" au sens de conviction personnelle mais au sens de certitude objective : c'est parce que j'ai des preuves que je suis sûr d'avoir raison. Prenons pour exemple Galilée qui affirme que la terre tournait autour du soleil et non l'inverse à partir d'hypothèses et d'observations rendues possibles par la lunette astronomique. Il était sûr d'avoir raison non par la force d'un sentiment subjectif, mais par la force d'une vérité objective : il savait que cela correspondait à la réalité et il pouvait le prouver. On peut donc être sûr d'avoir raison, parce qu'il existe une preuve scientifique qui nous donne cette certitude.

● Cependant nous devons admettre qu'il nous arrive souvent de croire avoir raison, pire d'être "sûr d'avoir raison", alors que nous avons tort. Comment est-il possible dans ce sens d'être sûr d'avoir raison alors que nous n'avons pas raison ? Le sujet est ici détourné de son sens premier, mais renvoie davantage à une expérience courante. C'est alors l'opinion ou le préjugé qui produit ce sentiment subjectif de conviction sans que cela soit fondé objectivement. C'est le sort de nos opinions fondées sur une connaissance partielle de la réalité comme les opinions forgées à partir d'une généralisation de quelques cas particuliers, les opinions concernant les autres cultures sont souvent dans ce lot.

● Enfin, il semble nécessaire pour un tel sujet d'aborder les croyances qui ne peuvent être confirmées par la réalité. En effet, on peut être sûr d'avoir raison sans que ce sentiment soit fondé objectivement parce que la croyance dont je suis sûr n'appelle aucune vérification. Tout d'abord parce qu'elle n'en a pas besoin, ensuite parce qu'elle est impossible. C'est le cas de la foi religieuse qui est par définition une croyance en un au-delà que je ne peux connaître.

● La référence sans doute la plus utile et la plus claire pour un tel sujet était Kant qui distingue trois degrés de croyance : l'opinion, la foi et la science. L'opinion est pour lui une croyance insuffisante, la foi, une croyance satisfaite d'elle-même mais objectivement insuffisante et la science une croyance vraie.


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