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Annales gratuites Bac ES : Commerce international, croissance et développement

Le sujet  2010 - Bac ES - Sciences Economiques et Sociales - Question de synthèse Imprimer le sujet
Avis du professeur :
La mondialisation fait partie des sujets qui n'ont pas été proposés depuis longtemps. Beaucoup s'attendaient donc à le voir ressurgir. On vous demande ici de réfléchir aux liens entre le commerce international et le développement économique. La question est d'actualité ! On parle en effet beaucoup de la Chine ou de pays comparables ! Les documents sont assez classiques. Le document 1 comporte de nombreux chiffres.
LE SUJET

Question de synthèse étayée par un travail préparatoire

Il est demandé au candidat :

1 De conduire le travail préparatoire qui fournit des éléments devant être utilisés dans la synthèse.

2 De répondre à la question de synthèse :

- Par une argumentation assortie d'une réflexion critique, répondant à la problématique donnée dans l’intitulé :

- En faisant appel à ses connaissances personnelles,

- En composant une introduction, un développement, une conclusion pour une longueur de l’ordre de trois pages.

Ces deux parties sont d'égale importance pour la notation. Il sera tenu compte, dans la notation de la clarté de l'expression et du soin apporté à la présentation.

THÈME DU PROGRAMME :

Commerce international, croissance et développement

I. Travail préparatoire

Vous répondrez à chacune des questions en une dizaine de lignes maximum.

1) Donnez la signification du nombre entouré. (document 1)

2) Existe-t-il un lien entre l'insertion dans le commerce international et la croissance économique ? Justifiez votre réponse. (document 1)

3) Comment peut-on expliquer l'effet positif de l'ouverture commerciale de la Chine sur sa croissance économique ? (documents 1 et 2)

4) Quelles sont les causes de la dégradation des termes de l'échange de la Chine ? (document 2)

5) Pourquoi l'ouverture sur l'extérieur ne suffit-elle pas à promouvoir le développement ? (documents 1 et 3)

6) Montrez que les données du document 4 relativisent les progrès du développement chinois mesurés par l'indicateur de développement humain (IDH). (documents 1 et 4)

II. Question de synthèse

Après avoir montré que l'insertion dans le commerce international peut favoriser le développement, vous présenterez les limites de cette relation.

Document 1

Indicateurs de croissance, d’insertion dans le commerce international, et de développement humain


Croissance annuelle moyenne du PIB par habitants (en %)

Exportations de biens et services (en % du PIB)

Exportations de produits manufacturés (en % des exportations de marchandises)

Exportations de produits de haute technologie (en % des exportations de produits manufacturés)

IDH


1990-2005

1990

2005

1990

2005

1990

2005

1990

2005

Mexique

1,5

19

30

43

77

8,3

19,5

0,773

0,837

Thaïlande

2,7

34

74

63

77

20,7

26,6

0,692

0,782

Chine

8,8

19

37

72

92

6,1*

30,6

0,607

0,754

Tunisie

3,3

44

48

69

78*

2,1

4,9*

0,625

0,756

Nigéria

0,8

43

53

1*

2*

nd

1,7*

0,452

0,494

Côte d’Ivoire

-0,5

32

50

nd

20*

nd

8,4*

0,442

0,432

nd : donnée non disponible

* les données concernent une année proche

Source : D’après PNUD, Rapport sur le développement humain, 2007/2008.

Document 2

La Chine exporte des biens standardisés soumis à une forte concurrence sur les prix et qui incorporent des intrants de plus en plus sophistiqués: les produits informatiques grand public sont exemplaires à cet égard. Ainsi, la poursuite de l'expansion commerciale chinoise suppose la mobilisation continue d'une main-d’œuvre à bas salaires dans le secteur exportateur et surtout la conquête de nouveaux débouchés. Cette croissance extravertie* et extensive** est soutenable avec un marché international porteur, mais est source de vulnérabilité. En particulier, depuis 2003, la dégradation des termes de l'échange est accentuée par la hausse des prix des produits primaires, la Chine étant victime de la hausse des cours mondiaux qu'elle contribue à provoquer par ses besoins d'importation accrus.

Cette détérioration des termes de l'échange met en évidence certains effets pervers du mode d'insertion de la Chine dans la division internationale du travail. Elle aussi par un mode de croissance qui crée des surcapacités dans de nombreux secteurs. [...]. L'essor des industries extraverties est porteur de disparités régionales, ainsi que d'inégalités sociales. Il implique une croissance industrielle gourmande en énergie et en matières premières, et nuisible à l'environnement.

Source : G. GAULIER, F. LEMOINE & D.ÛNAL-KESENCI. « Chine : le prix de la compétitivité », La lettre du CEPII, n° 254, Mars 2006.

* croissance extravertie : croissance qui s’appuie sur la demande étrangère.

** croissance extensive : croissance fondée sur une augmentation de la quantité de facteurs de production utilisés.

Document 3

Le caractère en principe positif, pour la croissance économique d'un territoire, de la perception par l'État de rentes* minières et pétrolières est avéré dans certains pays, tels la Norvège, l'Alaska ou le Bostwana. Cependant dans un grand nombre de pays, l'apparition d'une rente s'accompagne de processus de déstabilisation économique. [ ... ]

Elle favorise le secteur extractif** au détriment de secteurs industriels ou de service dont la croissance potentielle est plus élevée. Lorsqu'elle est très fluctuante, ce qui est généralement le cas puisque le prix des minerais est très fluctuant, la rente encourage une gestion chaotique des dépenses publiques qui subissent des coups d'accordéon inefficaces et conduisant généralement à un surendettement. Parce qu'elles passent non seulement aux mains de l'État, mais par un petit nombre de mains au sein de l'État, les rentes favorisent la corruption, le mauvais usage des fonds publics et la généralisation de comportements rentiers au détriment de comportements d'entrepreneurs productifs.

La malédiction des matières premières se traduit donc par une incapacité du secteur privé à être lui-même exportateur en s'appuyant sur d'autres avantages compétitifs du pays.

Source : P. N. GIRAUD, La mondialisation, émergences et fragmentations, Sciences Humaines Éditions, 2008.

* rente : revenu qui provient d'une ressource rare.

** secteur extractif : mines, pétrole...

Document 4

L’inégalité villes - campagnes en Chine


Zones urbaines

Zones rurales

Revenu disponible par habitants (en 2006)

11 789 yuans

3 587 yuans

Part de la population (âgée de 15 à 64 ans) n’ayant reçue aucune éducation (en 2000)

2,5

8,7%

Espérance de vie (en 2000)

75,2 ans

69,6 ans

Taux de mortalité avant 5 ans pour 1000 naissances vivantes (en 2005)

10,7%0

25,7%0

Nombre de médecins pour 1000 habitants (en 2006)

1,88%0

0,68%0

Taux d’équipement des ménages en réfrigérateur (en 2006)

91,75%

22,48%

Source : d’après PNUD, Rapport sur le développement humain de la Chine, 2005 et 2007/2008.

LE CORRIGÉ

L'ANALYSE ET LES DIFFICULTES DU SUJET

Le sujet porte sur les avantages et les limites de l’insertion des PED dans les échanges internationaux, dans l’objectif du développement. Ce thème est abordé dans le programme de Terminale, souvent en fin d’année, dans le thème «Internationalisation des échanges et mondialisation». La question du développement économique lui même est par contre traitée en début d’année, dans le chapitre d’ «Introduction». Vous pouvez donc mobiliser des connaissances issues de ces deux dossiers du programme. Le sujet est relativement classique, il n’a pas été proposé depuis longtemps et beaucoup s’attendaient à le voir « ressurgir ». La question du développement pour les PED (Pays en Développement) est en effet (re-)devenue d’actualité depuis quelques années, avec notamment l’essor fulgurant de la Chine sur la scène internationale. On vous demande ainsi de réfléchir sur les stratégies de développement fondées sur l’extraversion, l’ouverture internationale, en montrant qu’elles ont permis un essor indéniable pour certains pays mais qu’elles présentent aussi des limites.

Les questions du travail préparatoire, notées sur 10 points au total, permettent une bonne approche du sujet et les documents proposés ne présentent pas de difficultés particulières. Ils permettent de bien répondre aux questions posées. Pour la question de synthèse (notée sur 10 points), le libellé vous guide pour rédiger la problématique. On vous demande de conduire un raisonnement nuancé sur l’efficacité de l’insertion internationale des PED pour leur développement économique.



LES OUTILS : SAVOIRS ET SAVOIR-FAIRE

Pour traiter correctement ce sujet, en particulier la question de synthèse, il y a certaines connaissances qui sont attendues par les concepteurs du sujet et les correcteurs de votre copie. Il s’agit d’éléments (définitions, faits d’actualité, théories, mécanismes économiques …) acquis en principe en cours ou dans vos lectures et qui serviront à évaluer votre copie. En voici un aperçu (non exhaustif) :

  • La différence entre croissance et développement.

  • Les indicateurs : PIB, PIB par habitant, IDH, degré d’ouverture …

  • L’évolution des échanges internationaux, à long terme mais aussi dans la période récente.

  • Les théories du commerce international : libre échange et protectionnisme.

  • L’importance de la composition des exportations des PED.

  • L’évolution de la division internationale du travail.

  • La détérioration des termes de l’échange.

  • Le dualisme économique et social dans les PED.



LES REPONSES ATTENDUES AU TRAVAIL PREPARATOIRE

Question 1 :

Ce chiffre signifie qu’en 2005, 77 % des exportations de marchandises du Mexique sont constitués de produits manufacturés. Ce chiffre est en hausse par rapport à 1990 (43%). Le Mexique incorpore de plus en plus de produits manufacturés dans ses exportations, et donc de moins en moins de produits primaires.

Question 2 :

Le lien entre l’insertion dans le commerce mondial et la croissance semble vérifié en première lecture. Les pays qui ont la plus forte croissance du PIB par habitant (Chine, Thaïlande, Tunisie) sont ceux qui ont le degré d’ouverture (exportations/PIB) le plus élevé. De même, le Mexique qui a le degré d’ouverture le plus faible (30%) affiche la croissance du PIB/habitant la plus faible. Cependant, le document rappelle que ce lien n’est pas automatique, avec les exemples du Nigeria et de la Côte d’Ivoire. Ces deux pays sont très insérés dans les échanges mais la croissance du PIB /habitant ou l’IDH y sont les plus faibles.

Question 3 :

Une explication de la réussite de la Chine (8.8% de croissance du PIB/habitant entre 1990 et 2005) tient bien sûr à son ouverture internationale. Le degré d’ouverture est relativement élevé (37%) mais surtout, 92 % des exportations chinoises sont constituées de produits manufacturés, et non de produits primaires ou de services. Parmi ces produits manufacturés, 30.6 % sont des produits de haute technologie. La Chine a donc évité le « piège » d’une spécialisation dans les produits primaires en s’adaptant au mieux à la demande mondiale et elle a su augmenter la part des produits qui comprennent de la valeur ajoutée « technologique». Enfin, ces produits sont fabriqués par une main d’œuvre peu coûteuse. La croissance économique est ainsi tirée par les exportations très dynamiques.

Question 4 :

La dégradation des termes de l’échange pour la Chine est en quelque sorte le revers de la médaille de la réussite chinoise. Celle-ci est fondée sur l’exportation de produits manufacturés bon marché, ce qui suppose une compression permanente des coûts, favorisée par la concurrence entre les entreprises exportatrices chinoises et celles des autres pays émergents. Cependant, une croissance aussi forte demande des importations de produits primaires (pétrole, matières premières) importantes, dont le prix est orienté à la hausse. Il s’ensuit un décalage entre les évolutions du prix des produits exportés et celui des produits importés, préjudiciable à terme à ce type de croissance.

Question 5 :

Les stratégies d’extraversion comportent des limites, notamment lorsque les produits exportés sont des produits primaires, qui ne poussent pas à la création de valeur ajoutée sur place. Ce qui semble pouvoir générer de la croissance c’est de répondre au mieux à la demande mondiale, qui se porte de plus en plus vers des produits manufacturés. Par ailleurs, l’existence de « rentes minières ou pétrolières » perçues par l’Etat dans certains pays peut peser sur la croissance et déséquilibrer l’économie des pays concernés : en favorisant les secteurs « extractifs » au détriment des autres, en accentuant le risque de dépendance à l’égard des cours mondiaux très fluctuants, ce qui rend les dépenses publiques plus incertaines. Enfin, outre les déséquilibres sociaux, on a vu se développer la corruption dans certains pays.



Question 6 :

L’IDH chinois se monte à 0.754 en 2005. Toutefois ce chiffre est une moyenne, qui masque des disparités importantes entre les groupes sociaux et les régions en Chine. Les indicateurs sociaux sont nécessaires pour rendre compte de ces disparités qui nuancent les succès de la Chine sur le plan économique. Ainsi, on observe des inégalités très fortes entre villes et campagnes : sur le revenu, l’éducation, l’espérance de vie (5.6 ans de moins à la campagne), la mortalité ou les conditions sanitaires (3 fois moins de médecins pour 1000 habitants à la campagne).



UN PLAN POSSIBLE POUR LA QUESTION DE SYNTHESE

Introduction

Le PIB chinois a dépassé celui de la France il y a quelques années. Même s’il faut relativiser en fonction du niveau de la population, les succès indéniables de la Chine et d’autres pays en développement ( PED) sur le plan économique depuis les années 90 interrogent. Nous parlons de ces pays comme des « Pays émergents » car ils ont pris une place grandissante dans les échanges internationaux. Cette évolution invite à réfléchir sur les liens qui existent entre l’insertion internationale et le développement de ces pays.



Partie I : L’insertion dans les échanges internationaux peut favoriser la croissance et le développement pour les PED

A- Des théories économiques soulignent l’intérêt du libre-échange, favorable à tous :

Smith , Ricardo, HOS …



B- Il semble y avoir un lien entre la croissance économique et l’insertion dans les échanges :

Les NPI dans les années 70 (Corée du Sud), la Chine depuis les années 90. L’exemple du Mexique, moins inséré dans les échanges qui a une croissance plus faible.

Comparaison des IDH, qui augmentent beaucoup dans les pays les plus ouverts aux échanges.



C- Les conditions de la réussite :

L’exportation croissante de produits manufacturés, qui incorpore de plus en plus de technologie. Ceci permet de s’adapter au mieux à la demande mondiale et de créer, sur place, de la valeur ajoutée (stratégie de remontée de filières). On profite ainsi -au mieux- d’un avantage comparatif lié au faible coût de la main d’œuvre. L’Inde donne l’exemple d’un pays qui a aussi misé, quant à lui, sur l’exportation des services.



Partie II : Mais le lien n’est pas automatique

  1. Certains pays se sont ouverts aux échanges mais sans connaître de réels progrès :

Exemples du Nigeria et Côte d’Ivoire.



  1. Les risques d’une spécialisation dans les produits primaires :

Des pays se sont ouverts mais en exportant des produits primaires, d’où une fragilité, une dépendance à l’égard des cours mondiaux. Risque de dualisation de l’économie et d’une désarticulation des structures. Gestion étatique pas toujours efficace des ressources et risque de corruption.



  1. Les bénéfices de l’ouverture internationale sont discutables :

De fortes disparités au sein d’un même pays peuvent exister. De plus la croissance n’est pas le développement. Une croissance rapide, tirée par les exportations suppose le maintien d’inégalités sociales fortes et ne réunit pas les conditions d’un développement durable.



Conclusion

Ainsi donc, l’ouverture internationale a favorisé l’émergence de plusieurs pays, qui ont connu un processus de croissance –voire de développement- depuis plusieurs années. Pour autant, cela ne semble pas être toujours la garantie du développement équilibré sur le plan social et environnemental. Ce constat est d’autant plus important à faire que les succès –relatifs- de la Chine, de la Tunisie, du Brésil, de l’Inde … inspirent d’autres pays qui aimeraient suivre leur exemple. Que se passerait-il si l’ensemble de la planète adoptait le modèle occidental de croissance et de consommation ? L’Afrique, par exemple, marginalisée jusqu’à aujourd’hui peut-elle, (doit-elle ?) suivre un tel modèle ?



LES PLUS

Il est possible d’ajouter dans le devoir des éléments qui, sans être absolument indispensables, permettent de valoriser votre travail. Ce sont des « plus » dans votre copie. En voici quelques–uns :

  • Le rôle de l’OMC et du FMI ;

  • L’histoire économique des Nouveaux Pays Industriels (NPI) et leur décollage dans les années 70 (Corée du Sud, Taiwan …) ;

  • Les stratégies de remontée de filières ;

  • Les stratégies de dépréciation monétaire pour favoriser les exportations ;

  • Le rôle des FMN et des IDE dans l’économie des PED ;

  • Des comparaisons internationales des IDH ;

  • Le rôle de l’Etat dans l’industrialisation des PED et la promotion des exportations ;

  • Le développement durable en lien avec le type d’industrialisation.



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