Le palmarès des collèges 2018
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« La mention devient un facteur de différenciation et d’excellence »

François Dubet, est professeur de sociologie à l’Université de Bordeaux et directeur d’études à l’EHESS à Paris (Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales). Il a co-écrit, avec Marie Duru-Bellat, 10 propositions pour changer d’école (Seuil, 2015).


François Dubet

François Dubet, professeur de sociologie à l’Université de Bordeaux et directeur d’études à l’EHESS à Paris

« Le brevet repose sur une ambiguïté. D’un côté, c’est un certificat de fin d’études secondaires qui sanctionne un socle de connaissances attendu de la part d’un élève de troisième. De l’autre, il équivaut à un pré-concours d’orientation vers un bac général, technologique ou professionnel. Tous les collégiens ayant réussi le brevet n’entrent pas automatiquement dans la filière générale… Et c’est là où se joue le poids de la mention qui devient un facteur de différenciation et d’excellence dans un diplôme quasiment donné à tous. Ce qui compte, ce n’est pas tant d’obtenir le brevet mais de le décrocher avec une mention. »

« L’école s’est massifiée et sa qualité pédagogique pose problème »

« Dès lors que le brevet certifie une étape de la scolarité, je ne suis pas scandalisé par son fort taux de réussite et de mentions. Pour autant, cela ne veut pas dire que le niveau des élèves progresse. C’est le signe que l’école s’est massifiée et que sa qualité pédagogique pose problème. Un élève de CM2 sur cinq qui entre en 6e présente de grandes difficultés en lecture, en écriture et en calcul. Je ne pense pas que ce soit lié à la qualité des élèves… Ceux qui prétendent que c’est la marque d’un nivellement par le bas ou que c’est une façon d’effacer les inégalités ont tort. C’est un fantasme. Jamais les écarts entre les élèves n’ont été aussi importants, jamais l’école n’a été aussi hiérarchisée. Et cela fait 20 ans que ça dure. Quand au fait de « surnoter » les candidats au brevet, cela n’empêche pas de faire progresser les élèves les autres jours de l’année. Ces plaintes et querelles sont récurrentes. Elles sont la preuve que le système éducatif ne surmonte pas la contradiction du double rôle joué par le brevet. »

La solution ? Scinder le brevet en deux !

« D’un côté, en faire un examen « léger » qui prendrait peu de temps, sanctionnerait un niveau élémentaire attendu de tout le monde et continuerait à faire office de rite de passage du collège vers le lycée ; et de l’autre, mettre en place un système de sélection post-brevet pour les élèves qui veulent suivre telle ou telle orientation. En résumé, presque tous les troisièmes auraient leur brevet, avec ou sans mention, et leur orientation serait discutée au conseil de classe en fonction de leur dossier scolaire. C’est ce qui se passe déjà et je ne vois pas en quoi un brevet sélectif changerait la situation sinon pour dégrader plus encore celle des élèves les plus faibles ».

 

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