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Annales gratuites Bac L : Pratiques culturelles après 58

Le sujet  2005 - Bac L - Histoire - Etude d'un ensemble documentaire Imprimer le sujet
LE SUJET


Quelles évolutions culturelles en France sous la Ve République ?

Liste des documents :

Document 1 : L'évolution des effectifs scolaires en France de 1958 à 1999
Document 2 : L'émergence d'une nouvelle culture
Document 3 : Le président de la République et la politique culturelle
Document 4 : Les pratiques culturelles des Français
Document 5 : L'équipe de France de football, 12 juillet 1998

Première partie

Le candidat analysera l'ensemble documentaire en répondant aux questions suivantes :

1. Identifier les différentes formes de culture présentées dans l'ensemble documentaire.
2. Quel rôle joue l'Etat dans le développement culturel (doc. 1, 3 et 4) ?
3. Quelles conditions favorisent l'évolution des pratiques culturelles (doc. 2 et 4) ?
4. Quelles sont les caractéristiques de la "culture jeune" (doc. 4 et 5) ?
5. Peut-on parler d'uniformisation ou de diversification des pratiques culturelles (doc.1 à 5) ?

Deuxième partie

A l'aide des réponses aux questions, des informations extraites des documents et de ses connaissances, le candidat rédigera une réponse organisée au sujet : Quelles évolutions culturelles en France sous la Ve République ?

Document 1 : L'évolution des effectifs scolaires en France de 1958 à 1999

Document 2 : L'émergence d'une nouvelle culture

Le music-hall exsangue renaît sous l'influence des copains ; les tournées se multiplient en province, sillonnée par les deux groupes leaders, le groupe Johnny-Sylvie(1) et le groupe Richard-Françoise(1). Paris-Match consacre chez les "croulants" le triomphe des copains puisqu'il accorde aux amours supposées de Johnny et de Sylvie la place d'honneur réservée aux Soraya et Margaret(2). [...]
La classe d'âge s'est cristallisée sur :

  • une panoplie commune, qui du reste évolue au fur et à mesure que les "croulants" avides de juvénilité se l'approprient ; ainsi ont été arborés blue-jeans, polos, blousons et vestes de cuir, et actuellement la mode est au tee-shirt imprimé, à la chemise brodée ; [...]
  • l'accession à des biens de propriété décagénaires(3) : électrophone, guitare de préférence électrique, radio à transistors, collection de 45 tours, photos ;
  • un langage commun ponctué d'épithètes superlatives comme "terrible", "sensass", langage "copain" où le mot "copain" lui-même est le maître mot, mot de passe ;
  • ses cérémonies de communion depuis la surprise-partie jusqu'au spectacle de music-hall et peut-être, dans l'avenir, des rassemblements géants sur le modèle de celui de la Nation(4) ;
  • Ses héros ? Un culte familier d'idoles-copains est né. [...] Mais là où il est le plus ardent, c'est dans l'acte même de la communion, le tour de chant, où le rapport devient frénétique, extatique.
  • Edgar Morin, sociologue, "Salut les copains", Le Monde, 6 juillet 1963.

    (1) : Johnny Hallyday, Sylvie Vartan, Richard Anthony et Françoise Hardy : chanteurs.
    (2) : Soraya, Margaret : princesses souvent à la une de l'actualité.
    (3) : décagénaires : concernant la tranche d'âge des 10-19 ans.
    (4) : le premier grand concert en plein air, place de la Nation, à Paris, auquel 150 000 jeunes assistent en juin 1963.

    Document 3 : Le président de la République et la politique culturelle

    Nous avons un ministère des Affaires culturelles, et il est normal que je suive son action comme celle des autres. Mais pour moi c'est tout autre chose, l'art n'est pas une catégorie administrative. Il est le cadre de vie, ou devrait l'être. Je laisse de côté volontairement ce qu'il peut exprimer ou signifier pour ne garder que le plaisir qu'il donne. [...]
    Quant à parler de ligne politique, il n'y a, croyez-le, aucune arrière-pensée de cet ordre dans mon esprit, au sens où l'on entend couramment le mot "politique". Je ne cherche pas à créer un style "majoritaire" ! Mais c'est vrai, la France se transforme, la modernisation, le développement dans tous les domaines sont éclatants. Pourquoi n'y aurait-il pas un lien avec les arts ? Toutes les grandes époques artistiques sont des époques de prospérité économique et souvent de puissance politique : voyez l'Athènes de Périclès, la Rome des empereurs ou de la Renaissance, la Venise des doges, la Florence des Médicis, sans parler de la France de Saint Louis, de François Ier, de Louis XIV, du XVIIIe siècle, même du Second Empire. Alors pourquoi pas notre siècle ?

    Georges Pompidou, "Déclarations sur l'art et l'architecture", Le Monde, 17 octobre 1972.

    Document 4 : Les pratiques culturelles des Français

    Document 5 : L'équipe de France de football, 12 juillet 1998

    L'équipe de France remporte la coupe du monde de football en 1998 au Stade de France devant 80 000 spectateurs et 23 millions de téléspectateurs.
     

    LE CORRIGÉ


    I - LA PRESENTATION DU SUJET

    A - QUESTION 1 : IDENTIFIER LES DIFFERENTES FORMES DE CULTURE PRESENTEES DANS L'ENSEMBLE DOCUMENTAIRE

    On distingue une culture pour les jeunes à travers les documents 1 et 2. En effet, le document met en exergue la brutale augmentation des jeunes (génération du baby boom) qui fréquentent les collèges et les lycées. Dans ces établissements est dispensée la même culture. Cette culture officielle n'est pas la seule à destination des jeunes qui deviennent consommateurs de biens culturels nouveaux et spécifiques (doc 2) : une musique leur est dédiée, le Yé-Yé et ses icônes qui véhiculent une façon de se comporter et de parler qui est d'ailleurs relatée dans le magazine "Salut les copains" ou encore "Podium" de Claude François.
    On remarque également l'apparition d'une culture de masse, à l'instar des autres biens de consommation. En effet, presque tous les Français suivent les émissions télévisées (les chaînes se multiplient) pendant la période de 1958 à nos jours. De plus, la Coupe du Monde de Football 1998 a été suivie par 23 des 60 millions de Français et a réuni un million de personnes sur les Champs-Elysées : c'est une culture qui fédère, qui rassemble.
    Enfin, on note la persistance d'une culture élitiste et savante qui est certes ouverte à tous mais dont la pratique demeure toutefois relativement confidentielle. Ainsi le concert, le théâtre, ou la bibliothèque n'ont pas vu la démocratisation qui s'est opérée au niveau télévisuel.

    B - QUESTION 2 : QUEL ROLE JOUE L'ETAT DANS LE DEVELOPPEMENT CULTUREL ?

    Depuis 1959, la scolarité est obligatoire jusqu'à 16 ans, et à partir de 1975 et la loi Haby, on a l'apparition du collège unique. Le ministère de l'Education Nationale est responsable des programmes d'enseignement et donc du fond culturel commun des élèves (doc 1).
    Mais c'est aussi grâce aux actions du ministère des Affaires Culturelles qui apparaît avec la Ve République en 1958, avec André Malraux comme ministre, que se développent les projets culturels. En effet l'état encourage et subventionne les activités culturelles : naîtront ainsi le Centre Georges Pompidou, la Bibliothèque Nationale de France, les Fête de la Musique et du Cinéma...
    L'allongement du temps libre favorise la pratique culturelle. En effet, en 1969 apparaît la quatrième semaine de congés payés et la cinquième en 1982, tandis qu'en 1998 est initiée la semaine de 35 heures (doc 4).

    C - QUESTION 3 : QUELLES CONDITIONS FAVORISENT L EVOLUTION DES PRATIQUES CULTURELLES ?

    Les documents 2 et 4 en révèlent quatre.
    Outre le temps libre déjà évoqué, qui permet des départs plus fréquents le week-end et plus de temps libre de manière générale, il faut noter l'arrivée de la génération du baby-boom à l'âge de l'adolescence, ce qui induit de nouvelles pratiques pour ces nouveaux consommateurs (doc 2) ; l'arrivée de nouveaux médias qui se diffusent rapidement (doc 4), telle la télévision ou encore des nouveaux magazines. La production des ces nouveaux objets culturels, en série à l'usine, accélèrent l'uniformisation des pratiques culturelles.

    D - QUESTION 4 : QUELLES SONT LES CARACTERISTIQUES DE LA CULTURE JEUNE ?

    Pour cette question il faut aussi utiliser le document 2.
    La culture jeune se distingue par son langage, composé en partie de mots nouveaux qui n'appartiennent pas à l'univers de leurs parents dont ils veulent se distinguer. Le vêtement, le jean notamment permet cette différence, tout comme les nouvelles musiques identitaires (rock et yéyé) et leurs icônes (Sylvie Vartan, Johnny Hallyday) que l'on va voir en concert (doc 4), à l'Olympia par exemple.
    Les jeunes consomment des biens nouveaux, ont des comportements nouveaux (rassemblement et surprise-partie) et lisent des magazines adaptés et conçus pour la jeunesse (Salut les copains - doc 2). Les idoles des jeunes leur ressemblent, et les joueurs de l'équipe de France en 1998 incarnent cette France " black, blanc, beur ".

    E - QUESTION 5 : PEUT ON PARLER D'UNIFORMISATION OU DE DIVERSIFICATION DES PRATIQUES CULTURELLES ?

    Les deux aspects existent.
    Uniformisation car on assiste à une massification et une démocratisation culturelle dont les produits sont standardisés et accessibles au plus grand nombre : films grand public, vêtements produits pas les FMN, stars planétaires...
    Diversification car les pratiques culturelles différenciées sont possibles et parfois même recherchées. Ainsi les jeunes sont à l'affût des procédés culturels qui leur soient propres (musique, vêtement). Les pratiques culturelles proposées sont suffisamment diversifiées pour que chacun puisse se différencier : selon ses moyens financiers ou le niveau culturel que l'on exige de soi, on peut adapter sa pratique (musée, théâtre, opéra).

    II - LES CONNAISSANCES ESSENTIELLES

    Il ne faut pas omettre les connaissances du cours et ce aussi bien sur le plan économique, que politique ou social.

    Plan en deux parties :
    A - Massification et démocratisation culturelle.
    B - Refus de cette uniformisation culturelle.

    A - MASSIFICATION ET DEMOCRATISATION CULTURELLE

  • est favorisée par l'état (Ministère de l'Education Nationale, Ministère des Affaires Culturelles, congés payés, 35 heures mais aussi RMI depuis 1988).
  • est permise par les Trente Glorieuses (Jean Fourastié) qui modifient le monde du travail (travail des femmes, production de biens en série, apparition du crédit).
  • dans un contexte d'uniformisation des modes de vie (urbanisation, développement des supermarchés).
  • B - LE REFUS DE CETTE UNIFORMISATION

  • Une volonté de différenciation culturelle (jeunes, femmes)
  • Le refus de l'uniformisation par la violence (mai 68)
  • Les exclus de l'uniformisation culturelle et même de l'accès à la culture (les chômeurs dont le nombre s'accroît : le chômage de masse)
  • CONCLUSION :

    Ainsi on remarque que si toutes les pratiques culturelles sont ouvertes à tous (23 millions de téléspectateurs pour la finale de la coupe du monde de football en 1998), la permanence de la coupure culture des élites/culture populaire (théâtre, Jazz/TV, Foot) reste une réalité.
     

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