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Annales gratuites Brevet Série Collège : Texte de Patrick Bard

Le sujet  2006 - Brevet Série Collège - Français - Questions Imprimer le sujet
Avis du professeur :

Les questions portent sur un texte relativement complexe, car il décrit une réalité que vous ne connaissez pas, heureusement, celle des enfants qui vivent dans l'absolue misère des bidonvilles du tiers-monde.
Les questions étaient loin d'être faciles surtout celles qui touchent la construction de la description.

LE SUJET


     Toni Zambudio, journaliste madrilène qui a grandi au Mexique, se rend à Ciudad
     Juarez, ville frontalière mexicaine, pour une enquête. Il découvre alors les
     "colonias", bidonvilles qui fleurissent en périphérie des grandes villes.

     Toni conduisait lentement. Après avoir dépassé le marché central, il avait
     emprunté l'avenida 16 de Septiembre(1) qui s'enfonçait comme un coup de fusil vers
     les faubourgs, à l'ouest de la ville.
     Bientôt, il n'y avait plus eu que des maisons basses, des marchands de pièces
 5   de voitures d'occasion, de jantes dépareillées et des réparateurs de pneus, de pots
     d'échappement. Il avait longé des taquerias(2) où l'on vendait du menudo(3), avait
     cherché en vain à se rappeler à quoi ce plat pouvait bien ressembler, et, pour finir, il
     avait tourné dans la calle(4) Chiapas qui s'élevait en direction d'un belvédère(5)
     pouilleux. Le bitume, d'abord truffé de nids-de-poule, avait bientôt disparu pour faire
 10  face à une piste défoncée.
     (...)
     Il s'était bientôt retrouvé entouré de cabanes de bric et de broc. Les
     constructions de parpaings bruts et de palettes de déchargement d'occasion
     s'étalaient sur la colline en un paysage de désolation. Du linge rapiécé séchait sur
 15  des fils. Les eaux usées des habitations ruisselaient en cascades sur les terrasses
     étayées par des murettes de pneus lisses empilés.
     Vers les hauteurs, les masures avaient pris un aspect plus primitif encore,
     uniquement construites avec des cartons d'emballage et du papier goudronné en
     guise de toiture. Des milliers de sacs plastique jonchaient le sol, s'accrochaient aux
 20  buissons de mesquite(6) rabougris comme des pendus. La fumée des feux de camp
     montait vers le ciel et le soleil descendait déjà sur El Paso et le Texas. A dix
     kilomètres au nord-ouest s'allumaient les premières lumières des Etats-Unis. Des
     gamins sales et nus jouaient, assis dans la boue d'une flaque d'eau savonneuse.
     Zambudio s'était arrêté pour leur demander où vivait la famille Cruz. Le cadavre
 25  gonflé d'un chien gisait sur le bas-côté.
     Aussi loin que portait le regard, le bidonville avait grignoté l'espace.
     Le journaliste avait essayé d'imaginer ces territoires immenses, vierges
     encore, peuplés uniquement d'Apaches et de Tarahumaras(7). Une éternité s'était
     écoulée, depuis.
 30  Ne restait que l'odeur un peu âcre d'égout en plein air, mêlée au fumet des
     frijoles(8) qui cuisaient au fond des cabanes. Une odeur de misère.

Patrick Bard, La Frontière, Le Seuil, 2002

(1) avenida 16 de Septiembre : Avenue du 16 septembre
(2) taquerias : espagnol (Mexique) : petites boutiques où l'on vend des tacos (galettes de maïs garnies de viande)
(3) menudo : abats, viande de basse qualité
(4) calle : rue
(5) belvédère : endroit depuis lequel on jouit d'une belle vue
(6) mesquite : arbuste typique du Mexique
(7) Tarahumaras : peuple indien d'Amérique
(8) frijoles : haricots mexicains

 

QUESTIONS (15 points)

I - La découverte du bidonville (5 points)

1. Lignes 12 à 25 : "Les constructions de parpaings bruts... d'un chien gisait sur le bas-côté."
Quel est le temps dominant dans ce passage ? Justifiez son emploi. (1 point)

2.
a.
Relevez dans les lignes 4 à 25 les différents synonymes du mot "maisons" (ligne 4), ainsi que les termes désignant les matériaux utilisés pour la construction des maisons. (1 point)
b. Quelle évolution constatez-vous dans cette description du bidonville ? (1 point)

3. Décomposez le mot "bidonville" (l. 26) et expliquez-le. (1 point)

4. En conclusion, montrez en quelques lignes que la découverte du bidonville par le journaliste se fait de manière progressive. (1 point)

 

II - L'homme et la nature (4 points)

5. Relevez les termes appartenant au champ lexical de la nature à partir de la ligne 12. (0,5 point)

6. Dites en quelques lignes quelle place occupe la nature dans le bidonville. (1,5 point)

7. "le bidonville avait grignoté l'espace" (I. 26)
Quelle figure de style est utilisée dans ce passage ? Quel est son effet ? (1 point)

8. Lignes 27 à 29 ("Le journaliste avait essayé d'imaginer...depuis.")
Reliez les deux phrases simples par une conjonction de coordination appropriée. Pourquoi l'auteur n'a-t-il pas choisi cette solution ? (1 point)

 

III - Une dénonciation de la misère (6 points)

9.
a.
Citez l'unique phrase du texte où est mentionnée une présence humaine dans le bidonville. Pourquoi est-elle particulièrement évocatrice ? (1 point)
b.
"Le cadavre gonflé d'un chien gisait sur le bas-côté." (lignes 24-25)
Quel effet cette évocation produit-elle sur le lecteur ? Justifiez votre réponse. (1 point)
c
. Trouvez dans le texte deux comparaisons qui évoquent aussi la mort violente. (0,5 point)

10. "La fumée des feux de camp montait vers le ciel et le soleil descendait déjà sur El Paso et le Texas." (lignes 20-21)
Remplacez "et" par une conjonction de subordination dont vous préciserez la valeur. (1 point)

11. "A dix kilomètres au nord-ouest s'allumaient les premières lumières des Etats-Unis." (lignes 21-22)
Comment le sujet du verbe est-il mis en valeur ? Dans quelle intention ? (0,5 point)

12. Quelle est la particularité syntaxique de la phrase finale ? Quel effet produit-elle ? (1 point)

13. En conclusion, montrez en quelques lignes comment le texte dénonce la misère. (1 point)

 

REECRITURE (4 points)

Lignes 6 à 9 : "II avait longé des taquerias... en direction d'un belvédère pouilleux." Remplacez le plus-que-parfait et l'imparfait par le passé composé et le présent.

LE CORRIGÉ


IMPORTANT !

Pour plus de clarté, nous répétons les questions, telles qu’elles figuraient sur votre sujet, mais vous n’étiez pas obligé de le faire. Il était souhaitable de développer et d’étoffer les réponses comme nous l’avons fait, pour des raisons de présentation et de lisibilité. Cependant les élèves n’ayant fourni que les réponses en lettres rouges auront l’intégralité des points indiqués.

 

QUESTIONS (16 points)

I - LA DECOUVERTE DU BIDONVILLE (5 points)

1. Lignes 12 à 25 : "Les constructions de parpaings bruts... d'un chien gisait sur le bas-côté." :
Quel est le temps dominant dans ce passage ? Justifiez son emploi. (1 point)
 C'est l'imparfait qui domine le passage : "s'étalaient", "séchait", "ruisselaient". (0,5 point)
 L'imparfait est justifié par la description, la permanence et la durée de l'état dans lequel se trouvent ces choses. (0,5 point)

2.
a.
Relevez dans les lignes 4 à 25 les différents synonymes du mot "maisons" (ligne 4), ainsi que les termes désignant les matériaux utilisés pour la construction des maisons. (1 point)
"Cabanes de bric et de broc", "Les constructions de parpaings bruts et de palettes de déchargement d'occasion", "des murettes de pneus lisses empilés", "habitations", "masures", "des cartons d'emballage et du papier goudronné en guise de toiture".

b. Quelle évolution constatez-vous dans cette description du bidonville ?
Plus le narrateur avance dans la description, plus il accentue le caractère misérable de ses constructions et des gens qui y vivent.

3. Décomposez le mot "bidonville" (l. 26) et expliquez-le. (1 point)
Le mot "bidonville" est composé de deux éléments "ville", "bidon" (0,5 point), comme s'il s'agissait d'une ville faite de bidons, c'est-à-dire d'objets hors d'usage, disparates et qui ne sont pas destinés à la construction. (0,5 point)

4. En conclusion, montrez en quelques lignes que la découverte du bidonville par le journaliste se fait de manière progressive. (1 point)
 Il a d'abord une vue générale sur "maisons basses", les "marchands de pièces de voitures", "les taquerías",
 Il observe de plus près la route "le bitume, d'abord truffé de nids-de-poule" laisse place à une simple "piste".
 Il se trouve en plein bidonville, "entouré de cabanes".
 Il pose son regard sur les détails, les matériaux de construction, le "linge", qui sèche, les "eaux usées".
 Il progresse dans les quartiers les plus misérables "les masures avaient pris un aspect..."
● Il découvre ses habitants à travers des "gamins sales et nus", puis "le cadavre d'un chien".
 Il conclut sur ce qui émane de toute cela : "une odeur de misère".

 

II - L'HOMME ET LA NATURE (4 points)

5. Relevez les termes appartenant au champ lexical de la nature à partir de la ligne 12. (0.5 point)
A part des termes généraux comme : "paysage", "eaux", "cascades", le seul élément concret qui rappelle la nature, ce sont les "buissons de mesquite rabougris". (0.5 point)

6. Dites en quelques lignes quelle place occupe la nature dans le bidonville.
Comme l'auteur le dit vers la fin "le bidonville avait grignoté l'espace" où s'étendaient "ces territoires immenses, vierges."
La nature a donc été détruite et il n'en reste presque plus rien.

7. "le bidonville avait grignoté l'espace" (I. 26)
Quelle figure de style est utilisée dans ce passage ? Quel est son effet ? (1 point)
Il s'agit d'une "personnification". Car le bidonville est comparé à un rongeur qui dévore petit à petit la nature. Cela a un effet expressif et c'est une image très parlante. On sent aussi que c'est un processus irrémédiable, car ce qui a été "grignoté" est définitivement perdu.

8. Lignes 27 à 29 ("Le journaliste avait essayé d'imaginer...depuis.")
Reliez les deux phrases simples par une conjonction de coordination appropriée. Pourquoi l'auteur n'a-t-il pas choisi cette solution ? (1 point)
"Le journaliste avait essayé d'imaginer ces territoires immenses, vierges encore, peuplés uniquement d'Apaches et de Tarahumaras. Or (ou bien : "mais") Une éternité s'était écoulée.
L'écrivain emploie volontairement des phrases simples pour éviter de décrire une situation dans une optique cause/conséquence., mais cette écriture rend le sous-entendu plus intense.

 

III - UNE DENONCIATION DE LA MISERE (6 points)

9.
a.
Citez l'unique phrase du texte où est mentionnée une présence humaine dans le bidonville. Pourquoi est-elle particulièrement évocatrice ? (1 point)
"des gamins sales et nus" jouaient, assis dans la boue d'une flaque d'eau savonneuse."
Elle montre le dénuement extrême de ces petits enfants, qui jouent dans la boue comme de petits cochons.

b. "Le cadavre gonflé d'un chien gisait sur le bas-côté." (lignes 24-25)
Quel effet cette évocation produit-elle sur le lecteur ? Justifiez votre réponse. (1 point)
Elle produit une sensation d'indignation, de révolte et en même temps de dégoût, d'écoeurement, car elle montre combien la vie a peu de prix.

c. Trouvez dans le texte deux comparaisons qui évoquent aussi la mort violente. (0,5 point)
"l'avenida 16 de septiembre qui s'enfonçait comme un coup de fusil". (0.25 point)
"Des milliers de sacs [...] comme des pendus". (0.25 point)

10. "La fumée des feux de camp montait vers le ciel et le soleil descendait déjà sur El Paso et le Texas." (lignes 20-21)
Remplacez "et" par une conjonction de subordination dont vous préciserez la valeur. (1 point)
"La fumée des feux de camp montait vers le ciel tandis que (ou bien : alors que, pendant que, en même temps que, etc.) le soleil descendait déjà sur El Paso et le Texas." (0.5 point)
Cette conjonction souligne la concomitance des deux mouvements (ou : la simultanéité, le fait que les deux actions aient lieu en même temps.)

11. "A dix kilomètres au nord-ouest s'allumaient les premières lumières des Etats-Unis." (I. 21-22)
Comment le sujet du verbe est-il mis en valeur ? Dans quelle intention ? (0,5 point)
Le sujet " les premières lumières des Etats-Unis" est placé après le verbe. Cela crée un effet d'attente, de suspens, de surprise on se demande ce qu'il y a "à dix kilomètres" avant de découvrir qu'il s'agit des "Etats-Unis" dont la lumière souligne la richesse. À quelques kilomètres près se côtoient presque la pauvreté absolue et une richesse démesurée. Le contraste en est d'autant plus éclatant.

12. Quelle est la particularité syntaxique de la phrase finale ? Quel effet produit-elle ? (1 point)
Il s'agit d'une phrase nominale, qui présente un constat sans appel : le texte se résume à"Une odeur de misère".

13. En conclusion, montrez en quelques lignes comment le texte dénonce la misère. (1 point)
Le texte dénonce la misère à tout moment, aussi bien à travers l'évocation de faits concrets : l'habitat, la pauvreté, etc. que par la progression dans la description qui plonge peu à peu le lecteur dans cet univers, pour susciter une réaction de révolte.

 

REECRITURE (4 points)

Lignes 6 à 9 : "II avait longé des taquerías... en direction d'un belvédère pouilleux." Remplacez le plus-que-parfait et l'imparfait par le passé composé et le présent.

"II a longé des taquerías, où l'on vend du menudo, a cherché en vain à se rappeler à quoi ce plat peut bien ressembler, et, pour finir, il a tourné dans la calle Chiapas qui s'élève en direction d'un belvédère pouilleux."

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