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Dans le cadre de la onzième édition de Géographie de l’école éditée par le ministère de l’Education nationale, des chercheurs du Cereq se sont intéressés à plusieurs facteurs économiques, familiaux et sociaux susceptibles d’expliquer le décrochage scolaire. Ces critères sont les revenus et les diplômes des parents, la composition de la famille (monoparentale, nombreuse), le chômage et le type de logement occupé, en particulier en HLM.
En combinant ces données, les chercheurs ont établi une carte par académie et canton, et l’ont découpée en "zones à risque d’échec scolaire".
Les zones à risque élevé concentrent 9,5 millions de personnes de 15 à 64 ans. Elles habitent en milieu urbain (Seine-Saint-Denis, Vaulx-en-Velin, Hérouville-Saint-Clair…), mais aussi en milieu rural (Vimoutiers dans l’Orne), dans des ports de pêche en déclin (Fécamp, Dieppe), dans d’anciens centres industriels (Roubaix, Montbéliard, Saint-Dié), dans de petites et moyennes communes situées en Languedoc-Roussillon et en Corse littorale. Ces zones cumulent des taux de chômage élevé, des conditions de vie difficiles, des revenus faibles, les familles monoparentales et avec quatre enfants y sont plus nombreuses qu’ailleurs, l’emploi y est précaire. Les jeunes de 15-24 ans non diplômés sont particulièrement nombreux : leur part se situe entre 34,8 % et 29,7%, contre 27,2 % en France métropolitaine.
Les zones à risque limité rassemble 17,7 millions d’habitants. Ils vivent dans de grandes villes avec de nombreux employés (Marseille, Le Havre), des villes de toutes tailles (Langres, Chaumont, la grande banlieue est de Paris). Ces zones urbaines se caractérisent par une part importante de famille monoparentale et de ménages vivant en HLM. Par contre, les parents y sont plus en activité qu’ailleurs et plus diplômés que la moyenne nationale. Dans les villages agricoles et ruraux (Mayenne, Orne, Basse-Normandie, Pays de la Loire, Centre, Champagne-Ardenne, Franche-Comté), les conditions de vie sont différentes : on y trouve une forte proportion de parents non diplômés, moins d’emploi précaire et de famille monoparentale, des ouvriers plus nombreux. La part des 15-24 ans non diplômés est inférieure à la moyenne mais reste préoccupante.
Les zones à risque faible compte 17,7 habitants. Ils se concentrent en milieu rural isolé, un peu enclavé (Lozère, centre Corse, Pyrénées, Limousin, Auvergne). Les indicateurs y sont plus favorables : des conditions de vie stables, peu de familles monoparentales, peu de logement social, une part faible de jeunes de 15-24 ans non diplômés. On trouve aussi des classes moyennes et moyennes-aisées vivant près de Paris (Versailles, Le Vésinet, Le Chesnay, Gif-sur-Yvette, Yvelines), en Alsace, près des frontières du Luxembourg, de l’Allemagne, de la Suisse, ou encore près des capitales régionales et des préfectures (Rennes, Dijon, Toulouse, etc.).
Les chercheurs appellent à la prudence dans l’interprétation des relations entre les zones à risque d’échec scolaire et la part des non-diplômés parmi les 15-24 ans. D’autres facteurs doivent être pris en compte comme l’histoire industrielle, les politiques publiques, éducatives ou sociales.
Ainsi, Lille est l’une des académies répertoriées dans les "zones à risque élevé". Or elle affiche un taux de réussite de 91,8% au bac général et de 87,9% au bac professionnel, rejoignant ainsi les taux nationaux. Même constat pour la Corse qui avec son 95,9% d’admis au bac général est largement au-dessus du taux national (91,9%). Lire le Palmarès des lycées 2014.
