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Témoignage de parent : "Mes filles se sont orientées sans conviction"

Témoignage de parent sur l'orientation de ses enfants Christiane L. est mère de deux filles de 20 et 23 ans, Anne et Hélène, engagées aujourd’hui dans des études supérieures. Elle a suivi de près la période délicate de leur orientation.


« Mes filles n’avaient pas vraiment d’idées sur ce qu’elles voulaient faire plus tard. Leur choix a été plutôt hasardeux. Anne, en terminale STMG, s’est décidée pendant un salon. Elle passait de stand en stand sans grande conviction, lorsque des élèves d’une école qu’elle ne connaissait pas l’ont abordée. Ils lui ont parlé avec beaucoup d’enthousiasme d’une formation, le DUT Information-communication. Elle s’est laissé convaincre. Elle devait rédiger une lettre de motivation et passer un entretien devant un jury. Il a fallu l’aider pour la lettre, lui donner confiance en elle pour l’entretien, entrer dans un jeu de compétition dont elle n’avait pas l’habitude. Elle a été acceptée in extremis, sa mention « assez bien » au bac ou un désistement de dernière minute a scellé son sort. Sinon, elle aurait été en fac de psycho ou de lettres, par défaut. Aujourd’hui, elle n’a qu’une envie : faire un break d’un an dans un pays anglophone pour améliorer son niveau d’anglais et gagner en maturité.

 

Hélène, mon ainée, en terminale STG (aujourd’hui STMG), s’est engouffrée sans certitude dans un BTS Vente et Productions touristiques découvert lors d’une journée portes ouvertes. J’avoue l’en avoir persuadée, j’étais convaincue qu’elle allait s’y épanouir et que c’était une filière professionnelle d’avenir. Je me suis trompée. Ca a été un fiasco. Elle a raté son BTS, mais elle a mûri pendant ces deux ans. Après cet échec, elle savait ce qu’elle ne voulait plus faire. Elle a choisi de recommencer un autre BTS : Assistant de manager. Elle l’a eu et a décidé d’aller plus loin. Aujourd’hui, elle prépare une licence professionnelle en alternance en droit-économie-gestion au CNAM (Conservatoire national des arts et métiers), et vise le master. Elle a pris goût aux études.

 

Avec du recul, je trouve qu’il est vraiment très prématuré de demander à des jeunes de choisir un métier, surtout l’année du bac et en pleine révisions. On leur attribue une maturité qu’ils n’ont pas encore. A 17-18 ans, ils sont encore mal dans leur peau, mal ficelés, certains ont même des appareils dentaires… On leur demande ce qu’ils veulent devenir alors qu’ils cherchent qui ils sont. Alors oui, faire appel à un coach d’orientation, c’est peut-être bien. Mais c’est un coût en plus. Et allez en trouver un quand vous habitez en pleine campagne…

 

Si le jeune a déjà une vocation, a confiance en lui et connaît un peu les rouages du système, c’est parfait. Mais c’est loin d’être la majorité. Les autres, et ce fut le cas pour mes filles, il faut les pousser, leur faire comprendre que c’est important, les « porter ». A ce niveau, il n’y a que les parents pour le faire, l’école est loin de remplir ce rôle. Elle ne guide pas les élèves, elle les informe. Dans les lycées de mes filles, les profs se sont contentés de distribuer une feuille répertoriant les sites d’orientation et un livret de l’Onisep. De son côté, le conseiller d’orientation-psychologue a indiqué qu’il tenait une permanence et a communiqué son mail et son numéro de téléphone. J’aurais préféré qu’il passe dans les classes et qu’il secoue les plus hésitants. Mais la motivation doit venir des élèves et le soutien, des parents. A eux de se débrouiller et de se repérer dans cette jungle… »