Suivez-nous
 >   >   >   > Europe et guerre froide

Annales gratuites Bac L : Europe et guerre froide

Le sujet  2005 - Bac L - Histoire - Composition Imprimer le sujet
LE SUJET


L'Europe, un enjeu dans la rivalité Est / Ouest (1947-1991).
 

LE CORRIGÉ


I - LA PRESENTATION DU SUJET

Le sujet s'inscrit en fait à l'intersection des deux premières parties du programme de terminale ES et L : l'une consacrée au monde depuis 1945, l'autre à l'Europe. Les développements consacrés à la confrontation Est-Ouest, à la construction européenne ou encore aux démocraties populaires de l'Est, voire aux enjeux européens depuis 1989 sont à utiliser.
Pour les terminales S, la première partie du programme, sur la Guerre froide permet de mesurer l'enjeu du sujet.
Il convient tout d'abord d'expliciter les termes du sujet, de même que ses limites spatiales et chronologiques.
L'Europe est à comprendre dans un sens géographique même si la construction européenne ne devra pas être oubliée.
Les rivalités Est-Ouest doivent être définies : il s'agit de la Guerre froide opposant les deux supergrands que sont devenus les Etats-Unis et l'URSS à l'issue du deuxième conflit mondial.
Cela est confirmé par les dates mentionnées :

  • 1947 : c'est l'année décisive durant laquelle le monde devient bipolaire (au plan Marshall et à la doctrine Truman de "l'endiguement" répond la doctrine Jdanov qui crée le Kominform).
  • 1991 : c'est la véritable fin de l'affrontement Est-Ouest avec le démantèlement de l'URSS.
  • La problématique suggérée est claire : en quoi le continent européen a-t-il été un enjeu essentiel de la rivalité américano-soviétique ? Il faudra montrer, sur la période considérée, que l'Europe aura été un théâtre majeur de la Guerre froide, des crises qui la caractérisent (la première se déroulant à Berlin)... Mais aussi le lieu de certaines phases d'apaisement relatif, puis du dénouement des rivalités Est-Ouest.

    En introduction, il peut être utile de remonter à la conférence de Yalta de 1945, qui fait de l'Europe l'enjeu principal entre les vainqueurs du conflit. Mentionner aussi le discours de Fulton prononcé par Churchill en 1946, dénonçant le "rideau de fer" qui s'est abattu sur le vieux continent, le séparant entre Est et Ouest, du fait de l'expansionnisme soviétique.

    Le plan chronologique s'impose et il suivra en partie les grandes évolutions de la Guerre froide, que l'Europe subit souvent même si elle va aussi être actrice de son propre destin. La construction européenne à l'Ouest et les bouleversements à l'Est encore davantage ne doivent pas être négligés.

    II - LES CONNAISSANCES ESSENTIELLES

    A - LA GUERRE FROIDE SE MET EN PLACE EN EUROPE (1947-1955)

    L'Europe est le théâtre des débuts de la rivalité Est-Ouest, qui la scinde en deux.

    1) Deux blocs face à face
    Le tournant de l'année 1947 : les Etats-Unis proposent à l'ensemble des pays européens une aide financière pour leur reconstruction : c'est le plan Marshall. Le président Truman formule aussi sa doctrine du "containment" afin d'endiguer l'expansion communiste, qui a produit ses fruits en Europe de l'Est, désormais sous contrôle soviétique.
    L'URSS refuse cette aide, et contraint l'Europe de l'Est à faire de même. Elle formule la doctrine Jdanov et, comme son rival américain, se pose en défenseur de la liberté et de la démocratie. La Guerre froide et l'affrontement idéologique commencent.
    L'Europe est divisée en deux car sa partie Ouest accepte le plan Marshall.

    2) L'Allemagne au cœur de la Guerre froide
    Ce pays a une position particulière :

  • Il est au cœur de l'Europe, entre Est et Ouest.
  • Il est divisé, comme sa capitale Berlin, en zones d'occupation contrôlées par les vainqueurs de la guerre.
  • L'Allemagne a donc une grande importance stratégique pour les deux camps : d'où le blocus de Berlin décidé par Staline en 1948, contré pendant près d'un an par un pont aérien anglo-américain. Résultat : la division de l'Allemagne en deux Etats (RFA et RDA) en 1949, et la division de Berlin.
    L'Allemagne devient le symbole de l'Europe plongée au cœur de l'opposition Est-Ouest. Cette première crise américano-soviétique met en place le fonctionnement très particulier de la Guerre froide, qui doit éviter le conflit armé direct, selon le principe de la dissuasion nucléaire.

    3) Des associations de défense militaire consacrent la division Est-Ouest de l'Europe
    Les deux blocs ont une unité idéologique mais aussi militaire :

  • A l'Ouest, l'Otan est créée en 1949 : de nombreux pays occidentaux se mettent sous le "parapluie nucléaire" américain.
  • A l'Est, le pacte de Varsovie en 1955 : Les "démocraties populaires" s'en remettent à l'URSS.
  • Mais l'Europe après 1955 n'est plus le seul objet des rivalités Est-Ouest en raison de la décolonisation et de l'émergence du Tiers-Monde (1955 : Conférence de Bandoeng). L'Europe va ainsi bénéficier de nouvelles marges de manœuvre, et contester davantage la domination des deux grands.

    B - L'EUROPE, ENTRE EMANCIPATION ET SOUMISSION A LA LOGIQUE DES BLOCS (1955-DEBUT DES ANNEES 1980)

    1) Un nouveau contexte : l'Europe profite de la coexistence pacifique, puis de la Détente
    Les tensions gagnent d'autres terrains : l'Asie (guerre de Corée puis Vietnam), l'Amérique (Cuba, Chili, Nicaragua).
    Les Européens connaissent des revers diplomatiques, militaires (crise de Suez en 1956 qui fait de la France et du Royaume-Uni des puissances moyennes, décolonisation).
    Du coup, repli sur le continent européen avec un renforcement des solidarités.

    2) Les volontés d'autonomie en Europe
    A l'Ouest : contestation du leadership américain par la France gaullienne des années 1960 (retrait de l'OTAN, voyages à l'Est, discours de Phnom Penh) mais surtout construction européenne dès les années 1950 avec ensuite des approfondissements (marché commun, PAC) et des élargissements (1973, 1981, 1985) successifs.
    Le couple franco-allemand (France et RFA) est moteur, sous l'œil bienveillant des Etats-Unis, qui sont ensuite un peu dépassés et surpris par la réussite de la coopération.

    A l'Est : révolte à Budapest en 1956, "Printemps de Prague" en 1968 réclamant un "socialisme à visage humain".

    Mais noter que l'autonomie est relative : l'Europe reste prisonnière des décisions prises par les deux grands :

  • Crise de Suez en 1956
  • Crise autour du mur de Berlin construit en 1961
  • Echec des révoltes ouvrières et étudiantes à l'Est et doctrine Brejnev de la "souveraineté limitée"
  • Crise des euromissiles entre 1977 et 1983 (Pershing contre SS20)
  • 3) L'Europe, lieu de l'apogée de la Détente
    C'est sur le vieux continent que cette volonté d'apaisement Est-Ouest est la plus manifeste :

  • Ostpolitik (politique d'ouverture vers l'Est) menée dès 1969 par le nouveau chancelier de RFA, Willy Brandt (réconciliation avec la Pologne en 1971, reconnaissance mutuelle entre RFA et RDA en 1972).
  • Accords d'Helsinki signés en 1975, qui consacrent la non-ingérence dans les affaires intérieures (victoire pour l'URSS) mais aussi le respect des Droits de l'Homme (succès américain).
  • Ce n'est pas un hasard si c'est en Europe, et en particulier à l'Est, que va se jouer le dénouement de la Guerre Froide.

    C - L'EUROPE PROGRESSIVEMENT LIBEREE DU POIDS DES RIVALITES EST-OUEST (DEBUT DES ANNEES 1980-1991)

    1) Les premiers succès de la dissidence : l'exemple polonais
    Forte mobilisation dans ce pays communiste privé de liberté et soumis à d'importantes pénuries. Rôle essentiel de Lech Walesa et de son syndicat baptisé "solidarité". Il obtient le prix Nobel de la paix en 1983.
    Partout à l'Est, l'action des dissidents, permise par les accords d'Helsinki, trouve des échos au niveau international.
    Ce sont les premières fissures du système communiste.

    2) L'Allemagne, à nouveau un symbole (1989-1990)
    Mais cette fois un symbole de la fin imminente du communisme en Europe de l'Est, et par voie de conséquence de la Guerre froide :

  • Chute du mur de Berlin en 1989.
  • Réunification allemande en 1990, donc fin de la division Est-Ouest pour ce pays.
  • 3) La fin de l'empire soviétique
    Contagion révolutionnaire dans toute l'Europe de l'Est, notamment en Hongrie, Roumanie, Tchécoslovaquie et en Pologne avec des élections libres (Walesa président).
    Pour finir l'éclatement de l'URSS en 1991.
    Ne pas oublier le rôle de Gorbatchev, au pouvoir dès 1985, et finalement dépassé par les événements.

    Conclure sur la fin de l'affrontement Est-Ouest, qui marque pour l'Europe un espoir de réunification à l'échelle du continent, après un demi-siècle de division.
    Possibilité d'ouverture sur l'élargissement historique de l'Union européenne à l'Est en 2004 (volonté politique de tourner la page de la Guerre froide).

    Un sujet très classique, mais riche et peu évident à traiter du point de vue des césures chronologiques.
    Il était possible d'achever la deuxième partie en 1975, à l'apogée de la Détente ou au contraire de la prolonger jusqu'en 1989. La dernière partie est alors consacrée à l'effondrement du communisme, ce qui est cohérent mais déséquilibre le devoir au niveau de la périodisation.
     

    2022 Copyright France-examen - Reproduction sur support électronique interdite