Le sujet 2008 - Bac Pro Secteur Industriel - Histoire - Etude de documents |
Avis du professeur :
Votre sujet porte sur la fin de la bipolarisation du
monde et de l'émergence des Etats-Unis comme "hyper-puissance"
mondiale. |
Question 1 : (document 1)
Expliquez l'expression "la disparition de la confrontation Est-Ouest".
Citez les différents "périls" énoncés par Mikhaïl Gorbatchev et leurs
conséquences possibles. (3 points)
Question 2 : (documents 1 et 2)
En quoi le document 2 illustre-t-il les propos tenus par Mikhaïl Gorbatchev en
1991 ? (2 points)
Question 3 : (document 3)
D'après le président américain Bill Clinton, quel rôle les Etats-Unis
doivent-ils jouer dans le monde ? (2 points)
Question 4 : (document 4)
Quel est l'événement évoqué ? Comment est-il présenté par les
journalistes ? (2 points)
Question 5 : (documents 4 et 5)
Quelles ont été les conséquences du 11 septembre 2001 sur la politique
extérieure des États-Unis ? (3 points)
Question 6 :
A partir de vos connaissances, des documents et des réponses aux questions,
vous rédigerez un texte sur le sujet suivant :
"La fin de la bipolarisation et ses conséquences"
Vous pourrez, par exemple, organiser votre réponse à partir
du plan suivant :
● La fin de la confrontation Est-Ouest et ses
conséquences en Europe ;
● L'émergence des États-Unis comme hyper
puissance ;
● Les limites de cette hyper puissance.
(8 points)
Document 1 : Discours de Mikhaïl Gorbatchev(1)
" Dans le cas de l'affaiblissement, voire de la
disparition de la confrontation Est-Ouest, d'anciennes contradictions émergent
qui semblaient secondaires au regard de la menace nucléaire ; on voit ressurgir
des conflits et des revendications qui avaient été gelés dans les banquises de
la guerre froide, et des problèmes tout à fait inédits s'accumulent rapidement.
On distingue déjà bien des obstacles et des périls sur la voie qui conduit à
une paix durable : la recrudescence du nationalisme, du séparatisme, des
processus de désintégration dans différents pays et régions du monde ; la
différence grandissante de niveau et de qualité de développement
socio-économique entre pays "riches" et pays "pauvres"
[...].
D'où la violence et la férocité inouïes, disons le fanatisme, des mouvements
massifs de protestation. Cela offre un terrain propice au développement du
terrorisme, à l'émergence et au maintien des régimes dictatoriaux dont le
comportement, dans les relations interétatiques, est imprévisible.
Extrait du discours prononcé à Oslo le 5 juin 1991, lors de
la remise du prix Nobel de la paix.
Mikhaïl Gorbatchev, Avant-Mémoires, Editions Odile Jacob, Paris 1993
(1) Mikhaïl Gorbatchev, dirigeant de l'URSS de 1985 à Décembre 1991
Document 2 : Changements de frontières et tensions en Europe depuis 1989
Document 3 : Le rôle des États-Unis défini par Bill Clinton(1)
Les États-Unis sont une puissance mondiale et ils ont des
intérêts dans toutes les régions de la terre. Les États-Unis devront être
actifs dans chaque aire du monde qui se dessine aujourd'hui, pour contribuer à
maintenir la paix et la stabilité et pour promouvoir la démocratie. Nous savons
que les autres pays ont encore le regard tourné vers nous, non seulement à
cause des dimensions et de la force de notre pays, mais pour ce que nous représentons
et pour ce à quoi nous sommes disposés à nous opposer. Nous ne sommes pas, et
nous ne pouvons pas être les gendarmes du monde. Mais là où nos intérêts et nos
idéaux le demandent, et quand nous aurons la possibilité de laisser notre
empreinte, nous agirons, et si c'est nécessaire, nous assumerons le rôle de
leader.
Nous avons souscrit à des engagements fort importants d'un bout à l'autre du
monde - en Asie, en Amérique latine, en Océanie, au Moyen Orient et
naturellement en Europe - et nous les tiendrons. Nous sommes décidés, en
particulier, à favoriser le flot montant de la démocratie et du libre marché
sur tous les continents. Ceci est le reflet non seulement de nos idéaux, mais
aussi de nos intérêts.
Entretien accordé à la revue Limes, n°1, Gallimard, 1997
(1) Bill Clinton, président des États-Unis de 1992 à 2000
Document 4 : Les "Une" de deux quotidiens
Traduction :
"Notre monde est changé. Les États-Unis sont confrontés à la pire attaque
terroriste de l'Histoire"
The Gamecock, 12 septembre 2001
La Dépêche du midi, 12 septembre 2001
Document 5 : La politique étrangère américaine après le 11 septembre 2001
La première conséquence du 11 septembre a été la conviction
que dans ce monde si dangereux les règles changeaient. [...]
A cela s'ajoutent deux autres éléments essentiels pour la politique américaine.
Tout d'abord, les attentats ont pulvérisé ce qui est traditionnellement le
principal obstacle à une politique américaine très activiste : la réticence du
pays à accepter une politique étrangère au coût humain ou financier élevé.
[...]
Enfin, autre conséquence des attentats, ils semblent avoir persuadé les
dirigeants américains qu'ils n'auraient aucune difficulté à entraîner derrière
eux l'ensemble du monde industrialisé. [...] Cela a d'ailleurs très bien fonctionné
face au terrorisme, il y a eu une coalition formidable derrière les États-Unis
pour détruire Al-Qaïda et renverser les taliban. [...]
Mais où cela a moins bien fonctionné, c'est lorsque les Américains ont décidé
de passer à la deuxième phase et, à partir de leur discours sur l'état de
l'Union en 2002, ont commencé plus ou moins à préparer ce qui allait être la
guerre contre l'Irak.
Toutes sortes de divergences ont surgi à ce propos entre les États-Unis et
certains de leurs partenaires. La plus essentielle, peut-être, a porté sur les
retombées de ce conflit. Alors que la plupart des autres pays y ont vu surtout
une source de déstabilisation du Moyen-Orient et un péril, une partie des
dirigeants américains n'ont pas hésité à l'identifier, tout au contraire, à une
entreprise de promotion de la démocratie. Sous cet aspect, leur projet
s'inscrit dans la tradition "exceptionnaliste" des États-Unis, dans
leur conviction qu'ils ont une "destinée manifeste".
Entretien avec Pierre Mélandri, Revue Hérodote, numéro
109, 2e semestre 2003
1. "La disparition de la confrontation
Est-Ouest" dont parle Mikhaïl Gorbatchev signifie la fin de l'opposition, caractéristique de la guerre
froide qui détermine les relations internationales de 1947
à 1991, entre un camp occidental, ouest, derrière
les Etats-Unis et un camp soviétique, est, derrière l'URSS.
M. Gorbatchev énonce deux périls : d'une
part "la recrudescence" des mouvements
nationalistes et séparatistes qui provoquent l'éclatement des Etats,
d'autre part l'accroissement des inégalités socio-économiques
entre pays développés et pays "pauvres".
Leurs conséquences possibles sont pour M.
Gorbatchev le développement du "fanatisme"
et des actions terroristes et "l'émergence" et le maintien
des régimes dictatoriaux" par nature
imprévisibles dans le jeu des relations internationales.
2. La carte des "Changements de frontières et tensions en Europe depuis 1989" illustre les propos tenus par M. Gorbatchev en 1991. De nouvelles frontières sont apparues, témoignant de l'éclatement d'anciens Etats : URSS, Yougoslavie, Tchécoslovaquie. Les Etats d'ex-Yougoslavie ont été le théâtre de conflits violents entre 1987 et 1999 en raison des revendications nationalistes croates et surtout serbes.
3. D'après le président américain Bill Clinton en 1997, les Etats-Unis doivent jouer un "rôle de leader" dans les différentes régions du monde pour défendre leurs idéaux et leurs intérêts. Il s'agit pour eux de "maintenir la paix et la stabilité" du monde, de "promouvoir la démocratie", de tenir leurs engagements diplomatiques et de favoriser le libéralisme à l'échelle planétaire.
4. L'événement représenté est l'attentat du World Trade Center à New York le 11 septembre 2001. Il est présenté par les journalistes comme un tournant historique. The Gamecock parle de "la pire attaque terroriste de l'Histoire" des Etats-Unis mais aussi d'un monde qui vient de changer. La Dépêche fait de même en titrant en Une de son édition spéciale "C'est la guerre" sans préciser le nom des belligérants.
5. Le 11 septembre a eu plusieurs conséquences sur la politique extérieure des Etats-Unis :
● un interventionnisme
affirmé et soutenu par l'opinion américaine qui
est prête à "accepter une politique étrangère au coût humain et financier
élevé" ;
● l'organisation et la direction des grandes coalitions comme en Afghanistan
et en Irak ;
● le sentiment
d'un devoir, d'une "destinée
manifeste" à accomplir à travers le monde
consistant à étendre la démocratie au risque de perdre le soutien de certains alliés
traditionnels.
6. Le plan du texte rédigé était fourni. La qualité du candidat est donc jugée sur sa capacité à mêler les informations contenues dans les cinq précédentes, dans les documents et les connaissances personnelles.
A - LA FIN DE LA CONFRONTATION EST-OUEST ET SES CONSEQUENCES EN EUROPE
Vous pouviez vous appuyer sur les deux premiers documents
pour faire émerger les idées suivantes :
● la guerre froide (à définir) et le monde bipolaire prennent fin officiellement en 1991 avec la chute de l'URSS ;
● parallèlement, la montée des nationalismes et le développement des mouvements séparatistes provoquent l'éclatement, après l'URSS, de la Tchécoslovaquie et de la Yougoslavie ; de manière pacifique pour le premier cas, dans la
violence pour le second.
Vos connaissances personnelles
pouvaient vous permettre d'étoffer le contenu de la partie en rappelant les
aspects suivants :
● la fin de la coupure de l'Europe issue de la guerre froide suite au retrait par M. Gorbatchev
des troupes stationnées en Europe de l'Est ; on pouvait attendre
l'ouverture de la frontière entre l'Autriche et la Hongrie au printemps 1989 et, plus encore, la chute du mur de Berlin en novembre de la même
année avant la réunification de l'Allemagne en septembre 1990 ;
● éventuellement le retrait soviétique des pays du Tiers Monde entre 1988 et
1990 ;
● la chute de l'URSS proprement dite suite aux indépendances en chaîne des
différentes républiques en 1990 et 1991 ; le rôle de B. Eltsine peut
être précisé ;
● le conflit d'ex-Yougoslavie
de manière plus détaillée en insistant sur la notion de "purification
ethnique" par des forces serbes.
B - L'EMERGENCE DES ETATS-UNIS COMME HYPERPUISSANCE
Ce sont les textes de Bill Clinton et de Pierre Mélandri qui
servent ici de référence. Ils permettent de mettre en lumière les éléments
suivants complétés de connaissances personnelles :
● l'absence de rivaux
sur l'échiquier des relations internationales ;
● une diplomatie
unilatérale avec l'arrivée de Bill Clinton à la Maison Blanche en 1993 mettant un terme au principe d'un nouvel ordre mondial fondé sur la
coopération internationale (1991-1993) ; elle s'accentue après le 11
septembre 2001 ;
● une politique étrangère
qui privilégie les intérêts américains : sanctions économiques
contre les "Etats voyous", refus de ratifier le protocole de Kyoto,
de reconnaître la Cour pénale internationale ;
● des interventions
multiformes : Somalie en 1992, Haïti en 1994, Bosnie en 1995 puis
Serbie en 1999 avant l'Afghanistan (2001) et l'Irak (2003).
Vous pouviez aussi développer les aspects économiques et culturels de l'hyperpuissance américaine (soft power).
C - LES LIMITES DE CETTE HYPERPUISSANCE
Les documents 4 et 5 suggèrent les limites de l'hyperpuissance américaine. Des connaissances personnelles étaient ici indispensables pour étayer le propos.
● aux Etats-Unis, le poids d'une opinion publique réfractaire à l'envoi
de troupes sur des théâtres d'opérations
lointains (retrait des troupes de Somalie en 1994 suite à un attentat
terroriste) ;
● émergence de
l'islamisme politique (Iran) et des mouvements
terroristes islamistes (Al Qaïda) ; 11 septembre 2001 :
attentat du World Trade Center à New York et au Pentagone à Washington ;
● enlisement des troupes
américaines en Afghanistan où les talibans regagnent du terrain et en
Irak ; difficulté à imposer la démocratie dans un pays occupé ;
● nouveaux rivaux militaires
potentiels : Chine et Russie ;
● rival économique majeur :
Union européenne ;
● développement des mouvements
altermondialistes depuis la fin des années 90 ;
● le terme d'hyperpuissance lui-même, d'Hubert
Védrine, ministre des Affaires étrangères de Lionel Jospin (1997-2002) qui
signifie un excès de puissance et la propension à l'utiliser de manière
abusive.