Le sujet 2008 - Bac L - Histoire - Composition |
Avis du professeur :
Le sujet porte sur la guerre froide, de son déclenchement en
1947 à sa fin en 1991. Il est parfaitement classique, mais il faut savoir aller
à l'essentiel sans vouloir être exhaustif. |
La guerre froide (1947 - 1991)
I - L'ANALYSE ET LES DIFFICULTES DU SUJET
Il s'agit d'un sujet classique qui s'inscrit dans la
première partie du programme, le monde de 1945 à nos jours (pour les séries L
et ES) et les relations internationales depuis 1945 (pour la série S).
Ce sujet ne présente aucune difficulté particulière si ce n'est le découpage
chronologique que le candidat adaptera pour chacune des parties de la
composition. Le candidat adoptera donc un plan chronologique.
II - LA PROBLEMATIQUE
Qu'est-ce que la guerre froide ? Comment se manifeste l'affrontement entre les deux blocs tout au long de cette période ?
III – les différents plans possibles
Plusieurs découpages chronologiques peuvent être proposés :
Premier plan :
A. L'apogée de la guerre froide (1947-1962)
B. La détente (1962-1979)
C. Vers la fin de la guerre froide (1979-1991)
Deuxième plan possible :
A. La fin de la "Grande Alliance" et la formation
des blocs (1947-1953)
B. La coexistence pacifique et la détente (1953-1975)
C. La fin du monde bipolaire (1975-1991)
Premier plan :
A. L'apogée de la guerre froide 1947-1962
Au lendemain de la seconde Guerre
mondiale, la "Grande Alliance" qui avait contribué à la chute du
nazisme vole en éclats. Obsédée par sa sécurité et convaincue que le monde
capitaliste est fondamentalement hostile, l'URSS manifeste sa volonté d'étendre
son influence sur l'Europe orientale.
L'URSS se méfie des Etats-Unis qui sont les seuls à cette date à posséder
l'arme atomique. Elle reproche aussi aux occidentaux de préparer le relèvement
économique des zones qu'ils occupent en Allemagne.
De leur côté, les occidentaux, dénoncent "le
rideau de fer" qui s'est abattu sur
l'Europe, la coupant en deux (discours de Winston Churchill à l'université Fulton
en mars 1946), et l'entrisme des partis communistes dans les différents
gouvernements mis en place en Europe centrale et orientale (Tchécoslovaquie,
Hongrie, Roumanie).
L'année 1947 marque véritablement la rupture entre ces deux grands. Inquiets du
danger communiste en Europe, les Etats-Unis lancent une politique du containment ("endiguement") du
communisme. Le président des Etats-Unis Truman énonce la doctrine qui porte son
nom et propose deux mesures :
● aider les peuples d'Europe à lutter contre le communisme
● aider l'Europe à redresser son économie par crainte de la contagion
communiste. Cette aide financière prend la forme du plan Marshall lancé en juin
1947.
Cette aide est acceptée par la plupart des pays d'Europe occidentale mais est
rejetée par l'URSS qui oblige les pays d'Europe de l'est où l'Armée Rouge est
pressentie à en faire de même.
Deux doctrines idéologiques et deux modèles économiques s'affrontent :
A l'Ouest, le modèle capitaliste, incarné par les Etats-Unis.
A l'Est, le modèle communiste symbolisé par l'Union soviétique.
Le rapport Jdanov de 1947 confirme cette division de l'Europe et marque la
véritable naissance de la guerre froide.
Les deux camps s'organisent. Sur le plan économique, les seize pays d'Europe de
l'ouest qui ont accepté le plan Marshall créent en 1948 l'Organisation Européenne de Coopération Economique (OECE) chargée de répartir l'aide
américaine. Sur le plan politique et militaire, l'Alliance Atlantique est crée
avec l'Organisation du Traité Atlantique Nord (OTAN) en avril 1949.
Dans le bloc de l'Est, Staline impose le modèle soviétique aux pays de l'Europe
centrale entre 1946 et 1949.Le Kominform est créé pour coordonner l'action des partis communistes. Dès
1949, l'URSS réussit à se doter de l'arme nucléaire et la même année, la
victoire de Mao Zedong en Chine vient renforcer le camp communiste et étendre
son influence en Asie.
La première crise de Berlin (juin 1948-mai 1949) est la première grande confrontation
des deux blocs. Elle se solde par la défaite des Soviétiques qui voudraient
chasser les occidentaux de la ville en faisant le blocus.
La conséquence de cette crise est la création en Allemagne de deux Etats : la République Fédérale d'Allemagne (RFA) à l'Ouest, dans les trois zones d'occupation
occidentale, et la République Démocratique Allemande (RDA) dans la zone d'occupation
soviétique.
La guerre de Corée (1950-1953) est une nouvelle crise en raison de l'invasion
du sud pro-américain par le nord communiste en juin 1950. L'ONU condamne l'agression et autorise les Etats-Unis à intervenir sous son drapeau. L'agresseur
nord-coréen est repoussé malgré l'intervention de la Chine communiste. Le pont se stabilise de part et d'autre du 38ème parallèle et un armistice
est signé en 1953 à Pan Mun Jon. Comme l'Allemagne, la Corée reste divisée en deux et devient un symbole de la guerre froide.
Après la mort de Staline en 1953, Khrouchtchev accepte l'idée d'une "coexistence pacifique" entre
communisme et capitalisme. C'est le temps du "dégel".
Cependant, d'autres crises éclatent. En 1956, éclate une double crise à Suez et
en Hongrie. La première naît de la volonté de Nasser de nationaliser le canal
de Suez. Cette décision provoque l'intervention des Français, des Anglais et
des Israéliens (octobre-novembre 1956) pour reprendre le canal. Sous la
pression des Américains et des Soviétiques, il doit se retirer.
Au même moment, à l'automne 1956, les Hongrois se révoltent contre la présence
soviétique. L'URSS réprime sévèrement cette révolte et les occidentaux laissent
faire.
Berlin est à nouveau l'objet d'une crise car 3 millions d'Allemands ont quitté
la zone soviétique pour l'Ouest en passant par Berlin-ouest. Pour enrayer cet
exode, la RDA édifie dans la nuit du 12 au 13 août 1961 le mur de Berlin qui
isole complètement Berlin-ouest.
La crise la plus grave éclate à Cuba en 1962. Fidel Castro qui a renversé en
1959 le dictateur Batista soutenu par les Etats-Unis, se tourne vers l'URSS et
accepte l'installation sur le sol cubain de fusées soviétiques. Une épreuve de
force s'engage entre les Etats-Unis et l'URSS. Les Américains font le blocus de
l'île et exigent le retrait des fusées. Finalement, les missiles sont démantelés
et le blocus levé mais les américains ont dû s'engager à ne plus tenter de
renverser Fidel Castro par la force.
L'affaire de Cuba est la dernière crise grave de la guerre froide, car le monde
est au bord l'apocalypse nucléaire. Dorénavant, les deux Grands décident de
s'entendre pour éviter le pire.
B. La Détente (1962-1979)
Une ligne directe (le "téléphone rouge") est
installée entre le Maison Blanche et le Kremlin. Les américains adoptent une
nouvelle doctrine stratégique. Ils abandonnent la doctrine des "représailles massives" pour adopter celle de la
"riposte graduée". Des traités
tentent de limiter l'armement nucléaire, comme celui de non-prolifération en
1968.
Les Etats-Unis qui ont de plus en plus de mal à financer la course aux
armements s'enlisent au Vietnam. De son coté, l'URSS, dont la production
agricole stagne, a besoin d'une aide économique extérieure et est par ailleurs
contestée par la Chine. Pour faire pression sur l'Union soviétique, les
Etats-Unis se rapprochent de la Chine communiste en 1972. Plusieurs rencontres entre
Brejnev et Nixon en 1972, 1973 et 1974 aboutissent au condominium : chacun des
deux Grands s'engage à ne pas intervenir dans la sphère d'influence de l'autre.
Cependant, la détente touche assez peu les pays du Tiers-Monde. Les tentatives
de Che Guevara pour organiser des guérillas révolutionnaires en Amérique latine
échouent et Guevara est tué en 1967 en Bolivie.
La détente s'accompagne de conflits périphériques au Vietnam où les Etats-Unis
soutiennent le Nord contre le Sud et s'engagent progressivement à partir de
1962. En 1968, plus de 500 000 Américains combattent au Vietnam. Ils
doivent se retirer en 1973 et la guerre se termine en 1975 par la victoire des
communistes au Vietnam, mais aussi au Cambodge et au Laos.
En Europe, le modèle soviétique est contesté en Tchécoslovaquie
("printemps de Prague"), mais l'expérience d'un "socialisme à visage humain" est brutalement
interrompue par l'intervention des troupes du pacte de Varsovie. A partir de
1969, le chancelier ouest-allemand Willy Brandt mène une politique de
rapprochement entre les deux Allemagne, l'"Ostpolitik".
Les deux pays échangent des ambassadeurs et entrent à l'ONU en 1973.
La conférence d'Helsinki (1973-1975) aboutit à des accords signés par 33 Etats
(dont l'URSS, le Canada et les Etats-Unis). Elle doit permettre la coopération
entre les Etats et la libre circulation des personnes.
Cependant, dans les années 1970, les signes du déclin américain sont évidents.
A peine sortis de la guerre, ils sont plongés dans le scandale du Watergate, alors que l'influence cubaine et
soviétique progresse sur les continents américain (Nicaragua) et africain
(Angola, Mozambique, Ethiopie). Les Soviétiques confortent leur présence sur
tous ces continents. Le 4 décembre 1979 les "étudiants islamiques" de
Téhéran prennent en otage 52 diplomates américains et ne les relâchent que 444
jours plus tard. Les Etats-Unis se sentent humiliés. Ils réagissent cependant à
l'invasion soviétique en Afghanistan en mettant l'embargo sur les céréales
destinées à l'URSS et en boycottant les jeux olympiques de Moscou en 1980. Ils
augmentent aussi leurs crédits militaires.
C. Vers la fin de la guerre froide (1979-1991)
"America is back" :
cette formule du président Ronald Reagan rappelle que les Etats-Unis, affaiblis
dans les années 1970, entendent retrouver leur puissance pour mieux affronter
l'URSS. Reagan succède à Carter en janvier 1981. Pour lui l'URSS c'est
"l'empire du mal". Défendre la liberté et la démocratie, résister à
l'agression, voilà la mission de l'Amérique. Il faut que les Etats-Unis
réarment et devancent l'URSS dans la course aux armements.
En 1982, les Etats interviennent pacifiquement au Liban. Ils soutiennent le
Royaume-Uni lors de la guerre des Malouines. Ils renversent l'année suivante ce
régime pro-soviétique qui s'était installé à la Grenade aux Antilles.
En 1983, ils conçoivent un ambitieux programme "Initiative
de Défense Stratégique" (IDS)
rebaptisé "guerre des étoiles" pour
mettre fin à la menace des fusées soviétiques.
Dans le même temps, Ronald Reagan suit une politique pragmatique vis-à-vis de
l'URSS et poursuit les négociations sur le désarmement. Mikhaël Gorbatchev,
secrétaire général du PCUS depuis 1985 souhaite négocier un désarmement
progressif. Les deux hommes se rencontrent en Islande en octobre 1986 et le 8
décembre 1987, Reagan et Gorbatchev signent à Washington le traité qui élimine
les armes nucléaires de courte et moyenne portées (SS 20 et Pershing).
En URSS, l'arrivée au pouvoir de Gorbatchev bouleverse les relations
internationales. Il est persuadé que de profondes réformes sont nécessaires
pour sauver le système soviétique. Il lance la Perestroïka et la Glasnost
qui visent à libéraliser l'économie et la société.
Cette politique de détente provoque une accélération de l'histoire. A partir de
1989, les Allemands de l'Est réfugiés en Hongrie franchissent clandestinement
la frontière entre la Hongrie et l'Autriche, pour aller en Allemagne de
l'Ouest. Gorbatchev exclut l'usage de la force. Dans la nuit du 9 au 10
novembre, le mur de Berlin est ouvert par la RDA. C'est la fin de la guerre froide dans la ville même où elle avait commencé.
La réunification allemande suit un an plus
tard, le 3 octobre 1990, et la fin du "rideau de fer" entraîne la
réorganisation de l'Europe. Le Pacte de Varsovie disparaît le 1er juillet 1991.
En URSS, Gorbatchev est dépassé par l'accélération des évènements qu'il a
provoqués. Les Pays Baltes proclament leur indépendance début 1990. Le 12 juin
1991, Boris Eltsine, rival de Gorbatchev est élu président de Russie. En
décembre, 10 républiques d'URSS dont la Russie et l'Ukraine, constatent que "l'union soviétique n'existe plus" et forment une Communauté des Etats Indépendants (CEI).
Le 25 décembre, Gorbatchev démissionne de ses fonctions de président. L'URSS a
cessé d'exister.
Conclusion
La disparition du bloc de l'Est consacre la fin de la guerre
froide. Désormais le monde bipolaire devient multipolaire.