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Annales gratuites Bac L : Le bilan de la IVème République

Le sujet  1998 - Bac L - Histoire - Dissertation Imprimer le sujet
LE SUJET

Le bilan de la IVème République

(Le sujet exclut une étude chronologique de la IVème République)

LE CORRIGÉ

I - NATURE ET DEMARCHE

Le sujet est une dissertation portant sur l'histoire de la France d'après-guerre.

Le devoir doit présenter une vision rétrospective et une évaluation de la politique menée par la France entre 1946 et 1958. Il faut absolument éviter un devoir chronologique, mais plutôt tenter une étude balancée de la vie politique française pour cette période.

L'intitulé suggère, non seulement de traiter la politique étrangère ou intérieure mais également de se pencher sur le fonctionnement (ou les dysfonctionnements) de la constitution adoptée par les Français en 1946.

Le plus simple consiste à traiter le sujet en deux parties. Puisque la IVe République échoue en 1958, il semble logique de terminer le devoir par les échecs. Toutefois, il est possible de faire l'inverse si on veut insister sur les réussites du régime. La conclusion peut toujours venir tempérer le choix du plan.

De toute façon, il faut tenter un bilan nuancé en suivant la problématique suivante : dans quelle mesure la IVe République, en son temps, a-t-elle échoué ou réussi à faire entrer la France dans l'ère moderne ?


II - CONNAISSANCES ESSENTIELLES

Longtemps méprisée, la IVe République a une mauvaise réputation tenace. Pourtant rétrospectivement, ses mérites ne sont pas négligeables.

A - "UN REGIME QUI N'A PAS DEMERITE"

Pour reprendre la conclusion de l'historien J.P.Rioux dans son livre "La France de la IVe République "(1983), on peut dire que le régime qu'a connu la France à partir de 1946 a permis quelques réalisations positives.


1. La construction d'un régime démocratique.

Après quatre ans d'interruption de la république en France, ce n'est pas le moindre mérite des hommes de la IVe République d'avoir réussi à rétablir la démocratie en France.

Dès 1944, la France des résistants va se poser la question du choix des institutions. En effet le régime de Vichy s'effondre, ses hommes et ses responsables trouvent refuge en Allemagne, en Espagne ou sont emprisonnés.

Le mérite des acteurs de la naissance de la IVe République est essentiellement d'avoir permis et organisé un retour à la normale républicaine par le biais de consultations démocratiques du peuple français (entre octobre 1945 et l'approbation de la constitution en 1946).

Il est à noter qu'à partir de 1945 la France adopte pour la première fois le suffrage universel en établissant le vote des femmes. En 1946, les Français votent le retour du régime parlementaire.


2. La reconstruction économique de la France.

Le bilan de la guerre est lourd en 1946 : population en déclin, économie dévastée, situation financière dégradée (déficit, inflation). Pour les Français, cela se traduit par une pénurie persistante et l'augmentation des prix à la consommation.

Malgré l'épreuve de l'année 1947 où la crise économique entraîne une grave crise sociale, les coalitions successives au pouvoir vont parvenir à remettre la France en marche.

Grâce au plan Monnet (1947-1952) financé par le plan Marshall, la France parvient à se moderniser et à s'équiper. La production s'accroît de 39% durant les six années du plan.
La IVe République parvient ainsi à préparer le pays à l'expansion économique qui s'annonce, ainsi qu'à affirmer son rôle dans la construction européenne : adhésion au Conseil de l'Europe en 1949, entrée dans la CECA en 1951, signature du traité de Rome en 1957...

3. Des réussites coloniales...

Paradoxalement, c'est le problème de la décolonisation qui va mettre fin à la IVe République, toutefois certains grands personnages comme Mendès-France ou Deferre vont tenter une nouvelle approche du problème.

Les accords de Genève (1954) mettent ainsi fin à une guerre d'Indochine ou 90 000 Français ont été tués et qui a coûté 3 000 milliards de francs.

En 1956, la IVe République mène à son terme l'indépendance de la Tunisie et du Maroc.

Après 1956 la situation se dégrade et les gouvernements successifs cèdent à la pression des européens et de l'armée engagée dans une guerre à outrance en Algérie qui conduira à l'effondrement du régime.


B - L'ECHEC D'UN REGIME FAIBLE

1. Les dysfonctionnements du régime

Entre 1947 et 1958 en France, 24 gouvernements se sont succédés. Certains ont duré 1 ou 2 jours, le plus long (Guy Mollet) a duré 16 mois.

La constitution de 1946 a ainsi été incapable d'instaurer un régime stable. Comme le dénonçait le général de Gaulle, dès 1946, c'est un "régime des partis" qui est instauré et l'exécutif demeure soumis au contrôle étroit de l'Assemblée nationale.

L'instabilité ministérielle qui en résulte a été plusieurs fois paralysante pour le régime qui garde une solide réputation d'immobilisme personnifié par la figure du radical H. Queuille.

Des coalitions fragiles et éphémères, des compromis ou marchandages, la modification du mode de scrutin (en 1951 le système des apparentements permet à la coalition de la 3e force de se maintenir face au PCF et au RPF).

Tous ces arrangements ne vont pas tarder à disqualifier la république et ses hommes politiques (un personnel politique qui se renouvelle très peu pendant cette période).

Les craintes exprimées par de Gaulle apparaissent clairement quand, la France enlisée dans la guerre coloniale, l'exécutif du régime se montre incapable de faire face, car les français comme les partis sont déchirés.

2. La IVe meurt de la guerre d'Algérie

La décolonisation est au coeur des relations internationales d'après-guerre.

Si la France parvient à affirmer son indépendance nationale, à contribuer à la construction de la CEE, elle est en revanche incapable d'éviter l'engrenage algérien après 1956.

C'est ainsi que le gouvernement Guy Mollet s'enlise progressivement en Algérie et lance la France dans l'opération de Suez qui aboutit à une défaite diplomatique.

Quand le 13 mai 1958, les manifestations tournent à l'insurrection à Alger, la IVe ne résiste pas et son dernier président du conseil, Pfimlin, démissionne, laissant la place à de Gaulle investi le 1er juin.

La IVe République meurt dans le discrédit mais avec le temps le bilan se fait plus nuancé. En 1998, l'action de la IVe est vue sous un jour plus favorable, surtout celui des conquêtes sociales. Sécurité et protection sociale (SMIG en 1950 par exemple), planification.

Modernisation, amélioration de la vie quotidienne, aménagement du territoire, construction européenne, autant d'actions positives qui ont projeté la France dans le monde contemporain.

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