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Annales gratuites Bac S : Le plan Marshall (1947)

Le sujet  2007 - Bac S - Histoire - Explication d'un document d'histoire Imprimer le sujet
Avis du professeur :

Le sujet du jour portait sur "les relations internationales depuis 1945" et plus particulièrement sur les débuts de la Guerre froide.
Ce document ne présentait pas de difficultés particulières. Vous vous deviez d'avoir toutefois les connaissances nécessaires à une contextualisation de la conférence de Paris évoquée ici par G. Bidault.

LE SUJET


Le plan Marshall et la conférence de Paris (27 juin 1947)

Dans ses souvenirs, G. Bidault évoque le déroulement de la conférence de Paris, à laquelle il participait ainsi que E. Bevin et V. Molotov. (Il s'agissait d'étudier l'offre d'aide économique américaine à l'Europe).

     À Paris, la France et l'Angleterre se mirent d'accord pour inviter Molotov à une réunion à trois urgente (...). Cette invitation posait des problèmes. La solution, dans le cas d'une acceptation, serait plus difficile à trouver (...). Les ressources américaines, quelle que soit la richesse du peuple des États-Unis, n'étaient pas inépuisables. Il allait de soi que l'adjonction1 des États de l'Europe communiste aux pays de l'Occident se traduirait vraisemblablement par une diminution de la quote-part attribuée à chacun.
     Cependant j'insistai. Bevin se laissa convaincre. II me paraissait clair, en effet, qu'on ne pouvait pas, en dépit des inconvénients probables, laisser échapper l'occasion, soit en cas d'acceptation russe, d'une véritable détente en Europe, soit en cas de refus, d'une clarification définitive de la politique communiste. (...).
     Molotov vint à Paris, et la conférence à trois s'ouvrit à la fin de juin. Je proposai que toutes les nations européennes, alliées, neutres et ex-ennemies soient admises à participer au plan Marshall.
     Molotov fut intraitable et refusa, jour après jour, l'établissement d'un programme pour l'ensemble de l'Europe car, disait-il, un tel programme porterait atteinte à la souveraineté des États.

1 ajout

Georges BIDAULT, D'une résistance à l'autre, Presse du Siècle, Paris, 1965.

Bevin Ernest (1881-1951) : ministre britannique des Affaires étrangères de 1945 à 1951.
Bidault Georges (1899-1983) : ministre français des Affaires étrangères en 1947.
Molotov Viatcheslav (1890-1986) : Commissaire du peuple aux Affaires étrangères de l'Union soviétique entre 1939 et 1949.


QUESTIONS

1. Rappelez brièvement la situation économique et politique de l'Europe en 1947.
2. Précisez ce qu'est le plan Marshall et les motifs pour lesquels il a été mis en place.
3. Pour quelles raisons "la France et l'Angleterre se mirent d'accord pour inviter Molotov à une réunion" à Paris ?
4. Pourquoi Molotov refuse-t-il le Plan Marshall ?
5. À quelle "clarification définitive de la politique communiste" en Europe ce refus a-t-il mené ?

LE CORRIGÉ


I - L'ANALYSE ET LES DIFFICULTES DU SUJET

Ce sujet commun à toutes les séries appartient à la première partie du programme des séries S, L et ES qui traite des relations internationales depuis 1945, et en particulier de la guerre froide.

Ce document ne présente pas de difficulté particulière... Il montre les raisons mises en avant par l'URSS pour rejeter le plan Marshall. L'argumentation utilisée par le ministre soviétique des Affaires étrangères Molotov, ne manque pas de sel quand on sait que l'Est de l'Europe est soumise à la poigne de l'URSS depuis 1945.


II -  LA PROBLEMATIQUE

Ce document montre aussi le dilemme auquel sont soumis les Européens, partagés entre le désir d'obtenir le maximum d'aide américaine pour la reconstruction du continent et l'apaisement des tensions avec les Soviétiques.


III – LES REPONSES AUX QUESTIONS

1. En 1947, c'est la fin de la "Grande Alliance", les deux Grands vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis et l'URSS, sont au bord de l'affrontement direct. Les Soviétiques, dans les pays qu'ils ont libérés des nazis, ont installé des gouvernements communistes. En mars 1946, lors d'un discours à Fulton (Missouri), Winston Churchill met en garde contre l'expansionnisme soviétique qui conduit à installer un "rideau de fer" coupant l'Europe de la Baltique à l'Adriatique.
En Allemagne, les occidentaux (États-Unis, Grande-Bretagne et France) mettent un terme au démantèlement industriel dans leurs zones d'occupation, afin d'éviter que ce pays ne tombe dans le communisme. L'URSS perçoit cette politique comme visant à reconstruire une Allemagne forte et à lutter contre son influence.
Sur le plan économique, les pays européens ont du mal à se relever d'un conflit qui a été dévastateur et qui a mobilisé toutes leurs ressources financières. Partout sévit l'inflation en raison du recours, dans tous les pays, à la planche à billets. La plupart des infrastructures industrielles n'ont pas encore été reconstruites et la pénurie est encore grande pour la majeure partie des produits de première nécessité. L'Europe est donc affaiblie et exsangue.

2. Le plan Marshall a été élaboré par le général George Marshall, secrétaire d'État (ministre des Affaires étrangères) américain. Ce plan d'aide qui entre en application en 1948 est destiné à la reconstruction de l'Europe en relançant les économies. Ce plan poursuit un autre but, celui de l'endiguement ("containment") de la progression de communisme en Europe. Le président américain Truman est convaincu que l'influence soviétique ne peut prospérer que sur la misère qui sévit alors en Europe.

3. La France et l'Angleterre se mettent d'accord pour inviter Molotov à une réunion à Paris car, ils souhaitent que l'URSS et les pays de l'Est du continent qui sont dans sa sphère d'influence acceptent ce plan Marshall car cela pourrait marquer le début d'une réelle détente en Europe. Ces deux pays étaient cependant assez partagés quant à cette réunion car un refus de l'Union soviétique aurait représenté plus de ressources financières pour ces pays de l'Ouest, mais aurait aussi signifié un durcissement des relations Est-Ouest.

4. Molotov refuse le plan Marshall car l'Union soviétique ne veut rien devoir aux États-Unis. Elle oblige d'ailleurs les pays du bloc de l'Est à faire de même. Molotov se réfugie derrière l'argument de la souveraineté des États du bloc de l'Est qui, en réalité, sont inféodés à Moscou et ont été contraints de refuser le plan Marshall.

5. Le refus du plan Marshall a conduit à une véritable guerre idéologique entre l'Est et l'Ouest. L'URSS répond par la "doctrine Jdanov" qui définit une ligne politique de lutte anti-impérialiste et anti-fasciste mobilisant derrière l'URSS tous les pays socialistes alliés. Le KOMINFORM est créé sous la direction de Jdanov afin de coordonner l'action des partis communistes partout dans le monde sous l'égide de l'URSS. Désormais, l'Europe apparaît nettement coupée en deux : la guerre froide est bien commencée.


IV - LES OUTILS : SAVOIRS ET SAVOIR-FAIRE

Mots-clés

Principaux acteurs

Dates

Plan Marshall

Marshall, Truman

Juin 1947

Guerre froide

Truman, Staline, Jdanov, Kennedy

1947 - 1991

Endiguement

Truman, Marshall

Mars 1947

Doctrine Truman

Truman

Mars 1947

Doctrine Jdanov

Jdanov, Kominform

Octobre 1947

OECE

Organisation chargée de répartir le plan Marshall

1948

OTAN

États-Unis, Canada, France, Grande-Bretagne…

1949

Pacte de Varsovie

URSS, Pologne, Bulgarie, Hongrie, Roumanie, RDA…

1955

CAEM

URSS, Pologne, Tchécoslovaquie, Roumanie, Bulgarie, RDA…

1949

 

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