Le Tiers-Monde : indépendances et tentatives d’organisation (1945 – fin des années 1980).

I. L’analyse et les difficultés du sujet

Le sujet est parfaitement classique et ne présente pas de difficulté particulière. Il est proche de la question de cours. Il suffit d’avoir des connaissances sérieuses et solides et de les organiser en suivant un plan qui est fortement suggéré par l’intitulé : « Le Tiers-Monde : indépendances et tentatives d’organisation de 1945 à la fin des années 1980 ». En effet, il ne faut pas se compliquer la tâche : la conjonction de coordination « et » indique souvent qu’il faut mettre en relation les termes du sujet mais ici on a affaire à deux thèmes séparés, d’abord les différentes voies d’émancipation des colonies, puis la façon dont ces nouveaux pays ont tenté de s’associer pour peser au niveau mondial. On peut donc légitimement couper le sujet en deux parties distinctes, voire trois si on consacre une partie aux causes de la décolonisation.

Ceci implique alors de renoncer quelque peu au plan purement chronologique, plus compliqué à mettre en place … d’autant plus que, curieusement, le sujet ne s’arrête pas aux années 1970 (crise économique et indépendances tardives de l’Afrique australe) mais poursuit l’étude jusqu’aux années 1980 et à la fin de la Guerre froide.

Enfin, sur un tel sujet, l’exhaustivité est impossible : sélectionnez les exemples parlants et ne tombez pas dans la liste ou la description. Tentez de problématiser votre propos. Chaque exemple peut par exemple illustrer une voie d’émancipation (guerre coloniale, troubles ou négociation) dans votre partie sur les indépendances (le pluriel est important et suggère les différents chemins qui ont mené à l’autonomie).

II. la problématique

Elle est en fait double : Pourquoi et comment les colonies des pays européens ont-elles cherché à s’émanciper, notamment dans les années 1950 pour l’Asie, puis 1960 pour l’Afrique ?

Une fois l’indépendance acquise, dans un contexte de guerre froide, comment ces nouveaux pays ont-ils essayé de constituer un « Tiers-Monde » et de s’unir pour se faire entendre sur la scène internationale ?

III. un plan possible

En introduction, n’oubliez pas de définir les termes du sujet, et notamment la notion de Tiers-Monde, inventée en 1952 par le démographe Alfred Sauvy, et qui comporte la double dimension du sujet : la révolte pour se libérer mais aussi le souci de constituer une troisième force, dans un monde bipolaire où deux superpuissances se taillent la part du lion.

A. Un nouveau contexte favorable à l’émancipation

L’essor des mouvements indépendantistes

Précisez que ces mouvements (que vous devez nommer et auxquels vous devez associer les noms des grands leaders) sont parfois anciens et qu’ils ont déjà fait parler d’eux pendant l’entre-deux-guerres, que ce soit le Parti du Congrès en Inde, le Destour en Tunisie ou l’Istiqlal au Maroc. Il s’agit donc plus d’un renouveau ou d’une consolidation dans le temps.

L’affaiblissement des métropoles à la suite de la 2e Guerre mondiale

Vous devez insister sur le contexte particulier en 1945 : les deux principaux empires coloniaux que sont le Royaume-Uni et la France (mais aussi les Pays-Bas) sortent exsangues du conflit et n’ont plus la même capacité que dans les années 1920 à s’opposer aux revendications autonomistes ou indépendantistes. De plus, les colonies françaises ont joué un rôle important pour la France libre de de Gaulle. Enfin, les occupants allemands ou japonais ont entretenu un discours anti-français ou antibritannique, par pur calcul stratégique.

Des forces hostiles à la colonisation : URSS, Etats-Unis, ONU

En 1945, le monde a changé : c’est la Guerre froide qui s’annonce. Or les 2 superpuissances que sont les Etats-Unis et l’URSS, pour des raisons différentes, par intérêt ou par idéologie, condamnent le colonialisme. C’est aussi le cas des Nations Unies, qui viennent d’être créées et se prononcent pour l’auto-détermination. L’ONU servira de tribune aux futurs peuples décolonisés.

B. Des indépendances variées et successives

Années 1950 : la décolonisation précoce mais difficile de l’Asie

Insistez sur le cas de l’Inde, négocié par la Grande-Bretagne en 1947, mais dont la partition a néanmoins été sanglante entre hindous et musulmans, puis de l’Indonésie, où s’est déroulée la première guerre coloniale. Les Pays-Bas ont dû céder sous la pression conjointe des supergrands et de l’ONU.

Le cas du Maghreb

L’Afrique du Nord est un cas à part sur le continent africain. Comme pour l’Asie, une décolonisation précoce mais difficile : après des troubles au Maroc et en Tunisie (1956) et surtout après 8 ans d’une « guerre sans nom » pour l’Algérie en 1962.

L’Afrique noire à partir des années 1960 : une décolonisation douce ?

Un pays précurseur : le Ghana de N’Nkrumah en 1957 , après une expérience de self-government pour cette colonie britannique anciennement appelée Gold Coast .

Si 1960 (cinquantenaire cette année !) est la date clé d’une indépendance également négociée et pacifique dans les colonies françaises (14 nouveaux pays), il ne faut pas négliger certaines difficultés et se garder de toute caricature : pensez au Congo belge à la même date, au Kenya britannique et surtout à la crispation de la dictature portugaise sur ses colonies d’Afrique australe jusqu’à sa chute en 1975. De façon générale, ce sont les colonies à fort peuplement blanc qui ont posé problème, comme la Rhodésie du Sud (futur Zimbabwe), où les colons proclament unilatéralement leur indépendance en 1965 mais où la majorité noire n’arrive à se fins qu’n 1980 ; Un exemple qui peut aussi vous faire penser au cas particulier de l’Afrique du Sud, où l’apartheid ne prend fin qu’en 1991 ( ce qui permet aussi l’indépendance de la Namibie) ;

C. Des tentatives d’organisation avortées : l’échec du Tiers-Monde

Les tentatives d’union politique

Ici, quelques grands événements attendus : le « coup de tonnerre » de la conférence de Bandung en 1955 qui marque l’arrivée du Tiers-Monde sur la scène internationale et constitue un encouragement pour les colonies encore en lutte ; la conférence de Belgrade en 1961 qui entérine le principe du non-alignement ou du neutralisme, et condamne donc la logique des deux blocs.

Entre les deux, la crise de Suez incarne l’apogée du panarabisme et de Nasser en Egypte. Pensez aux pays qui jouent le rôle de leaders du Tiers-Monde, et à la place que prend peu à peu la Chine, pourtant communiste.

Le défi du développement

Après la solidarité politique, c’est l’autre grand défi de pays confrontés à de nombreux problèmes : misère et croissance démographique.

L’idée d’un dialogue Nord-Sud apparaît avec la création de la CNUCED (Conférence des nations Unies pour le Commerce et le Développement) en 1964. Le Nord est aussi mis en accusation à la conférence d’Alger en 1974, qui réclame un NOEI.

Par ailleurs, certains pays du Tiers-Monde essaient de se regrouper dans des organisations : OPEP en 1960 pour mieux contrôler la ressource pétrolière, OUA (Organisation de l’Unité Africaine) pour concrétiser le panafricanisme, ASEAN en 1967 pour favoriser le commerce en Asie du sud-est (sous le patronage des Etats-Unis qui veulent aussi faire barrage au communisme).

Un Tiers-Monde peu solidaire et éclaté

Car là est tout le problème : beaucoup d pays sont récupérés par un des deux blocs, en échange d’un soutien économique ou pour financer un enjeu militaire et politique. L’Egypte est exemplaire à ce titre : Nasser incarne le Tiers-Monde, avant de se rapprocher de l’URSS pour lutter contre Israël, puis Sadate opère un renversement d’alliance en direction des USA.

Enfin, le Tiers-Monde fait place aux Suds : les pays en voie de développement réussissent plus ou moins bien (cf. les typologies en géographie !), en fonction du modèle choisi.

En conclusion, possible retour sur la Guerre froide : les colonies se sont libérées de leur métropole respective, pas de la logique des blocs. Et l’indépendance politique sans indépendance économique a sonné le glas du rêve unitaire du Tiers-Monde.

IV. les outils : savoirs et savoir-faire