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Annales gratuites Bac L : Les Démocraties populaires

Le sujet  2010 - Bac L - Histoire - Composition Imprimer le sujet
Avis du professeur :
Votre sujet du jour traite des démocraties populaires et de l'évolution qu'elles ont connue de 1948 à 1989. Ce sujet pouvait surprendre car ayant déjà donné lieu à questionnement il y a peu de temps. Pour autant, il cadre parfaitement avec le programme.

Le sujet ne pose pas de réel problème d'autant qu'il s'accompagne d'une chronologie indicative. Le risque majeur est peut-être de s'égarer dans la multitude de faits et de chercher une vaine et impossible exhaustivité.
LE SUJET



Les démocraties populaires et leurs évolutions (1948 – 1989)



Quelques indications chronologiques :

1948 : Coup de Prague

1953 : Mort de Staline

Révolte ouvrière à Berlin

1955 : Création du Pacte de Varsovie

1956 : Rapport de Khrouchtchev au XXe Congrès du PCUS

Soulèvement à Budapest réprimé par les chars soviétiques

1961 : Construction du Mur de Berlin

1968 : Le « Printemps de Prague »

1980 : Grèves en Pologne menées par le syndicat Solidarnosc

1989 : La Hongrie ouvre sa frontière avec l’Europe occidentale

Chute du Mur de Berlin

LE CORRIGÉ

L’analyse et les difficultés du sujet

Ce sujet ne présente pas de difficulté particulière. Il s’agit d’une composition tout à fait classique avec des limites chronologiques précises. Ce sujet appartient à la deuxième grande partie du programme d’histoire de terminale « L’Europe de 1945 à nos jours ».

la problematique

Comment le modèle soviétique s’impose-t-il en Europe de l’Est ?

Pourquoi les démocraties populaires ont-elles disparu aussi vite ?

un plan possible

La naissance des démocraties populaires

1 Un semblant de processus démocratique

A la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’Armée Rouge a libéré une grande partie de l’Europe de l’Est et jouit d’un grand prestige. Les Soviétiques imposent des gouvernements communistes dans la plupart des pays où ils sont présents sous le paravent de gouvernements de « front national ». Les communistes contrôlent l’armée, la police, la justice et éliminent les opposants par une épuration très dure. En Hongrie par exemple, Matyas Rákosi utilise la « tactique du salami », qui consiste à diviser l’opposition avant de l’éliminer. Cependant, les communistes savent se rendre populaires par des mesures sociales comme la réforme agraire en Pologne, ou des nationalisations, l’assurance maladie, les congés payés...

2 Une main mise soviétique croissante

Partout les Soviétiques cherchent à sauvegarder les apparences démocratiques, mais obtiennent le pouvoir au prix de manipulations douteuses : listes d’opposants éliminés, fraude électorale, pressions diverses. Ainsi, lors du « coup de Prague » en 1948, les communistes tchécoslovaques menés par Klement Gottwald utilisent à la fois la légalité, les pressions diverses et la présence des Soviétiques pour éliminer les autres partis.

3 Le parti unique

Les institutions des démocraties populaires sont calquées sur celles de l’URSS. Malgré des textes constitutionnels très démocratiques, la réalité est très différente : les partis communistes disposent de la totalité du pouvoir. Les élections sont des parodies : seuls les candidats du parti communiste sont autorisés à concourir et obtiennent 100 % des suffrages. L’opposition n’est pas tolérée. La répression touche tous ceux qui s’opposent à la ligne officielle : membres du Parti victimes de purges ou non communistes (100 000 déportations en Bulgarie en 1945-1946).

4 Une économie planifiée

L’économie est aussi organisée sur le modèle soviétique. Les grands domaines agricoles sont collectivisés. Les sources d’énergie, les transports et les banques sont nationalisés. La planification est organisée sur le modèle soviétique et privilégie l’industrie lourde.

5 La dépendance économique

Sur le plan économique, la création en 1949 du CAEM a pour but d’harmoniser les plans quinquennaux des démocraties populaires avec celui de l’URSS. La dépendance des démocraties populaires à l’égard de l’URSS ne cesse de s’accroitre : à la fin des années cinquante, la Pologne importe de l’URSS la moitié de ses céréales, de ses hydrocarbures et les trois quarts de son minerai de fer, à des prix fixés par Moscou.

Les révoltes des années 1950 et les stratégies divergentes pour y faire face



1 Berlin, Varsovie, Budapest

Au lendemain de la mort de Staline en 1953, et surtout après les révélations du XXème congrès du PCUS sur les crimes de Staline, des mouvements de contestation de l’ordre soviétique éclatent. Dès juin 1953, à Berlin, grèves et manifestations contre la hausse des prix et les privations dégénèrent en émeutes vite réprimées. On dénombre 500 victimes et 25 000 personnes déportées dans les camps soviétiques.

Trois ans après, des émeutes antisoviétiques éclatent en Pologne. Khrouchtchev laisse Gomulka, partisan d’une « voie polonaise vers le socialisme » prendre le pouvoir, à condition que l’appartenance du pays au camp socialiste ne soit pas remise en cause.

En Hongrie, la crise est plus grave. Encouragés par l’exemple polonais, les Hongrois se révoltent du 22 au 24 octobre 1956. Ils réclament le pluralisme politique et le départ des troupes soviétiques. Ils renversent le dirigeant stalinien Rákosi et donnent le pouvoir à un dirigeant réformateur Imre Nagy. Celui-ci annonce le rétablissement du pluralisme politique et le retrait de son pays du Pacte de Varsovie. Mais le 3 novembre, les chars soviétiques rétablissent l’ordre stalinien : 20 000 morts du côté des insurgés, 200 000 réfugiés. Imre Nagy est exécuté. János Kadar, nouveau chef du gouvernement imposé par Moscou trouve un compromis entre idéologie et aspirations populaires : c’est le « socialisme du goulash ».



2 Du mur de Berlin au « Printemps de Prague »

En RDA, la répression politique n’a pas résolu les problèmes économiques du pays. Entre 1953 et 1961, 2 millions et demi de citoyens Est-allemands ont fui en RDA, le plus souvent en traversant Berlin. Pour enrayer cette fuite, la RDA construit dans la nuit du 12 au 13 août 1961 le mur de Berlin.

En 1961, c’est le tour de la Tchécoslovaquie de connaître la révolte contre le système soviétique. Derrière Alexandre Dubcek, des communistes tchèques, soutenus par une large partie de la population, essaient d’instaurer un « socialisme à visage humain » : séparation entre le parti et le gouvernement, abolition de la censure, multipartisme. C’est le « Printemps de Prague ».

Leonid Brejnev lui oppose sa doctrine de la « souveraineté limitée ». Il ordonne l’invasion de la Tchécoslovaquie par les troupes du Pacte de Varsovie. Le 20 août 1968, Dubcek est contraint à la démission. L’échec du « Printemps de Prague » montre les limites de l’autonomie des démocraties populaires.



3 A partir de 1980, Solidarnosc en Pologne

Dans les années 1970, la Pologne connaît de nombreux mouvements sociaux : grèves des chantiers navals de Gdansk, contestations d’intellectuels et de catholiques. L’opposition au régime sort renforcée par l’élection de Karol Wojtyla, premier pape polonais sous le nom de Jean-Paul II en 1978. En 1980, une grande vague de grèves débouche sur la création d’un syndicat indépendant, libre de tout lien avec le parti communiste, Solidarnosc. Son dirigeant, Lech Walesa, obtient la signature des accords de Gdansk qui reconnaissent l’indépendance des syndicats, le droit de grève, les libertés d’opinion et de presse. Cependant, en décembre 1981, le général Jaruzelski, Premier ministre et secrétaire général du parti communiste, ordonne l’arrestation de milliers de syndicalistes et proclame « l’état de guerre ».

L’effondrement des démocraties populaires



1 La démocratisation de la Pologne et de la Hongrie

Les changements intervenus dans les démocraties populaires n’auraient pas été possibles sans l’avènement en 1985 de Mikhaïl Gorbatchev. Avec la Perestroïka, la répression des opposants n’est plus à l’ordre du jour. En Pologne et en Hongrie, la transition se fait en douceur. Les mouvements d’opposition réussissent progressivement à s’imposer sur le plan politique.

En Hongrie, sous la pression du «forum démocratique» le gouvernement communiste accepte le 5 mai 1989 l’organisation d’élections libres, le multipartisme et l’ouverture du «rideau de fer». Le processus démocratique devient irréversible.

En Pologne, c’est par la grève que Lech Walesa et le syndicat Solidarnosc contraignent le général Jaruzelski à reconnaître le syndicat libre et à organiser des élections démocratiques. L’échec des communistes conduit à un partage du pouvoir entre les ennemis d’hier : Jaruzelski reste Président de la République et les dirigeants de Solidarnosc prennent la tête du gouvernement le 24 août 1989.



2 Pression populaire en RDA et en Tchécoslovaquie

Le gouvernement d’Erich Honecker est profondément ébranlé quand la Hongrie ouvre ses frontières avec l’Autriche : des centaines de milliers d’Allemands de l’Est profitent de cette brèche dans le «rideau de fer» pour fuir vers la RFA. Honecker, qui n’est plus soutenu par Gorbatchev, finit par céder devant les manifestations massives et régulières de la société civile. Honecker démissionne. Des communistes réformateurs lui succèdent ; sous la pression des manifestants, le mur de Berlin est ouvert le 9 novembre 1989. Des élections libres sont annoncées pour le 6 mai 1990. Le 31 août 1990, la réunification allemande est signée à Berlin avec le consentement de Gorbatchev.

Le forum civique créé par l’écrivain dissident Vaclav Havel obtient, par l’ampleur des manifestations et par la grève générale, l’effondrement du régime en une semaine et la formation d’un gouvernement où les communistes sont minoritaires. C’est la «Révolution de Velours». Le héros du Printemps de Prague, Alexandre Dubcek, devenu Président du Parlement, désigne Vaclav Havel comme Président de la République le 29 décembre 1989.



3 Révolutions violentes en Roumanie et dans les Balkans

En Bulgarie, Todor Jivkov, qui dirige le PC d’une main de fer depuis 1954 est destitué sans effusion de sang. Les événements prennent une tournure plus violente en Roumanie. Face à la mégalomanie du dictateur Ceausescu et aux difficultés économiques, une insurrection violente entraîne la chute et l’exécution du dictateur. Cependant, faute d’une opposition organisée, la révolution roumaine est confisquée par une fraction du Parti Communiste.

Dans les Balkans, l’effondrement du communisme entraîne l’implosion de la Yougoslavie et une succession de guerres civiles.

Conclusion

Pendant une quarantaine d’années, les démocraties populaires, soutenues par l’URSS, ont survécu à toutes leurs crises. L’arrivée au pouvoir de Gorbatchev et l’instauration de la perestroïka va précipiter leur contestation intérieure puis leur effondrement.

les outils : savoirs et savoir-faire

Mots clés

Principaux acteurs

Dates

Démocratie populaire

Staline

1945

Déstalinisation

Khrouchtchev

1953

Mur de Berlin

Imre Nagy

1956

Pacte de Varsovie

Brejnev

1961

Solidarnosc

Lech Walesa

1968

Charte 77

Vaclav Havel

1989

CAEM

Gorbatchev

1991





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