Le sujet 2006 - Bac Pro Secteur Industriel - Histoire - Etude de documents |
Question 1 : 3 points (Document 1)
Comment se manifeste la Guerre froide en Europe ?
Question 2 : 3 points
(Documents 2 et 3)
Quel est l'argument exposé par N. Khrouchtchev pour justifier sa nouvelle
politique à l'égard du bloc occidental ? Comment J. Kennedy justifie-t-il
l'arsenal nucléaire des Etats-Unis ?
Question 3 : 1 point (Documents
2 et 3)
Sur quel point Khrouchtchev et Kennedy sont-ils en accord ?
Question 4 : 2 points (Documents
1 et 4)
Qu'est-ce qui légitime cette intervention soviétique à Prague ?
Question 5 : 3 points (Document
5)
En quoi les accords d'Helsinki définissent-ils de nouvelles relations entre les
Etats ?
Question
6 : 8 points
A
l'aide de vos connaissances, des documents et des réponses aux questions, vous
traiterez le sujet suivant :
"L'évolution des rapports de puissance en Europe de 1947 à 1975"
Vous présenterez les deux systèmes qui s'opposent, puis vous montrerez
comment évoluent les relations entre les Etats.
Document 1 : L'Europe dans la Guerre froide
Document 2 : Discours de N.
Khrouchtchev
Votre voisin peut vous plaire ou ne pas vous plaire. Vous n'êtes pas obligé
de vous lier d'amitié avec lui et d'aller en visite chez lui. Mais vous vivez
côte à côte et que faire si ni vous ni lui ne voulez quitter le lieu auquel vous
vous êtes habitués pour vous rendre dans une autre ville. A plus forte raison
il en est ainsi dans les relations entre les Etats. Il serait déraisonnable de
supposer que l'on réussisse à faire tant de misères au voisin désagréable,
qu'il se décide à partir quelque part sur Mars et Vénus, et vice-versa bien
sûr.
Que reste-t-il à faire ? Il n'y a que deux issues : ou bien la guerre, et il faut dire que la guerre, au siècle des missiles et de la bombe à hydrogène, est grosse des conséquences les plus graves pour tous les peuples, ou bien la coexistence pacifique. Que ton voisin te plaise ou non, il n'y a rien d'autre à faire, qu'à trouver un terrain d'entente avec lui car nous n'avons qu'une seule planète.
Nikita Khrouchtchev "Ce que
je pense de la coexistence pacifique",
dans études soviétiques, 1959, n°139, pp. 1-16.
Document 3 : Discours de J.F
Kennedy
La guerre totale est absurde en un âge où les grandes puissances peuvent
maintenir de puissantes forces nucléaires relativement invulnérables et refuser
de capituler sans avoir recours à ces forces [...] Aujourd'hui les milliards de
dollars que nous dépensons tous les ans pour nous procurer des armes dans
l'intention de nous assurer que nous n'aurons jamais besoin de les utiliser
sont indispensables au maintien de la paix. Mais sans aucun doute,
l'acquisition de tels stocks inactifs -qui ne peuvent que détruire et jamais
créer- n'est pas le seul moyen et encore moins le moyen le plus efficace
d'assurer la paix. [...] La paix mondiale comme la paix locale, n'exige pas que
chaque homme aime son voisin. Elle exige que tous vivent en intelligence,
soumettent leurs différends à un mode d'arbitrage juste et pacifique. [...]
Nous, Américains, nous avons une aversion profonde pour le communisme, en tant
qu'il constitue une négation de la liberté et de la dignité de la personne.
Mais nous pouvons encore rendre hommage au peuple russe pour ses nombreuses
réalisations dans le domaine de la science et de l'espace, du développement
économique et industriel, de la culture et du courage. [...]
Nous ne voulons pas imposer notre système à tout un peuple qui n'en veut pas,
mais nous voulons et nous pouvons nous engager dans une compétition pacifique
avec n'importe quel autre système sur la terre.
Discours de J.F. Kennedy, prononcé à
l'Université américaine, Washington,
le 10 juin 1963.
Extrait du manuel Hatier, Terminales L/ES, éd. 2004, p.71.
Document 4 : La fin du printemps
de Prague (21 août 1968)
L'entrée des forces militaires du pacte de Varsovie, en Tchécoslovaquie,
dans la nuit du 20 au 21 août 1968, met fin à l'expérience
démocratique du printemps de Prague.
Histoire, terminales L, S, ES, Le
monde de 1939 à nos jours, Extrait du manuel Bréal,
éd. 1998.
Document 5: Acte final de la
conférence d'Helsinki, le 1er août 1975
35 chefs de gouvernement signent à Helsinki ces accords qui engagent tous
les Etats Européens, l'URSS, les Etats-Unis et le Canada.
I. Egalité souveraine, respect des
droits inhérents à la souveraineté
Les Etats participants respectent mutuellement leur égalité souveraine
[...] et le droit de chacun d'eux de choisir et de développer librement son
système politique, social, économique [...]
II. Non-recours à la menace ou à
l'emploi de la force
Les Etats participants s'abstiennent dans leurs relations mutuelles, ainsi
que dans leurs relations internationales en général, de recourir à la menace ou
à l'emploi de la force. [...]
III. Inviolabilité des frontières
Les Etats participants tiennent mutuellement pour inviolables toutes les
frontières ainsi que celles de tous les Etats d'Europe et s'abstiennent donc
maintenant et à l'avenir de tout attentat contre ces frontières. [...]
IV. Intégrité territoriale des
Etats
Les Etats participants s'abstiennent chacun de faire du territoire de l'un
d'entre eux l'objet d'une occupation militaire ou d'autres mesures comportant
un recours direct ou indirect à la force. [...]
VI. Non-intervention dans les
affaires intérieures
Les Etats participants s'abstiennent de toute intervention, directe ou
indirecte, individuelle ou collective, dans les affaires intérieures ou
extérieures relevant de la compétence nationale d'un autre Etat participant,
quelles que soient leurs relations mutuelles. [...]
Site Internet de la Fondation Méditerranéenne d'Etudes Stratégiques.
I - L'ANALYSE ET LES DIFFICULTES DU SUJET
Les enjeux
Les sources à votre disposition proposent plusieurs temps forts de cette période de tensions auxquelles l’Europe s’est trouvée mêlée. De la constitution des blocs (1947-1950) à la tentative de définir un modus vivendi à travers un texte commun (les Accords d’Helsinki) adopté par tous les acteurs du conflit (Etats européens, Etats-Unis, URSS et Canada), les documents proposés doivent orienter votre réflexion sur la volonté, dans le discours, des deux grandes puissances hégémoniques, à trouver un idéal de bon voisinage.
Les limites
Le sujet propose un ensemble de documents de différentes natures portant sur le contexte de Guerre froide en Europe dans un cadre chronologique traditionnel (1947-1975).
Si pour répondre aux questions, une bonne partie des connaissances requises se trouve dans les documents, il faut aussi à l’élève un bon esprit d’analyse et de synthèse sur la période dans l’étude conjointe des documents entre eux.
Enfin, pour l’analyse, du fait de l’orientation donnée au sujet, votre réflexion ne doit pas se perdre dans le détail des différentes étapes de la Guerre froide, même si naturellement, la connaissance d’ensemble de la période est nécessaire.
II - LA PROBLEMATIQUE
Dans la première partie de l’exercice, le choix des documents et les questions posées vous donnent un aperçu du parti pris du sujet : la recherche par les grandes puissances d’un équilibre des rapports de forces en Europe. Pour comprendre les logiques et les intérêts qui sous-tendent leurs positions, il est naturel d’analyser, sans entrer dans le détail, l’établissement et la consolidation de leurs positions dans l’espace européen.
III - LES REPONSES AUX QUESTIONS
Question 1 :
La carte de l’Europe dans les premières décennies de la Guerre froide
(1947-1955), distingue très nettement les deux blocs
et les tensions inhérentes à cet état de fait : présence de bases
militaires américaines ou de la Flotte dans les principaux pays alliés (Grande-Bretagne,
Pays-Bas, France, RFA (République Fédérale Allemande), Italie, Grèce et
Turquie) membres de l’OTAN. Ici il est
naturellement nécessaire de rappeler la vocation de cet organisme de sécurité
militaire plaçant ses membres sous le parapluie nucléaire américain (1949). Les
pays de démocraties populaires constituent autour de l’URSS ce glacis de
protection réuni dans un organisme militaire rival de l’OTAN, le Pacte de Varsovie (1955).
La mention du blocus de Berlin (1948-1949) rappelle les vives tensions qui sont au cœur de la constitution des blocs pendant cette période.
Question 2 :
A l’heure de la bombe atomique, synonyme de destruction massive et
irrévocable, Khrouchtchev propose la « coexistence pacifique » comme seule alternative au conflit, véritable théorie du
bon voisinage, qui sous-tend la non-ingérence dans les affaires de son voisin dès
lors que celui-ci respecte ces mêmes règles.
Pour Kennedy, l’arsenal nucléaire des Etats-Unis constitue avant tout une arme de dissuasion.
Question 3 :
Dès lors, Khrouchtchev et Kennedy se retrouvent dans le principe de coexistence pacifique qui permet, une fois
l’équilibre nucléaire établi (l’équilibre de la Terreur), de
favoriser le passage à une opposition fondée, non plus sur la force, mais sur
les réalisations techniques et la modernisation des sociétés.
Question 4 :
En observant avec attention la carte du document 1, on comprend combien la perte de la Tchécoslovaquie peut constituer pour
le bloc de l’Est une rupture de l’unité
géostratégique du Pacte de Varsovie –sans compter qu’elle
ouvre une brèche constituant un couloir exposant l’URSS à l’Europe
de l’Ouest.
Question 5 :
L'abandon du recours à la force, le respect
des frontières territoriales et la non-ingérence dans les affaires intérieures
des pays membres, marquent la volonté des Etats signataires de se placer dans
le respect des situations établies en Europe après
1945.
IV - LES REPONSES A LA PROBLEMATIQUE
Question 6 : L’évolution des rapports de
puissance en Europe de 1947 à 1975.
Pour votre « Réponse organisée », après avoir présenté Etats-Unis
et URSS avec leurs caractéristiques, analysez l’évolution de la situation
en Europe (1947-1975) :
Plan suggéré |
1. Deux systèmes opposés |
2. Evolution de la situation en Europe (1947-1975) |
Doc. 1 |
Yalta et le partage du monde (Staline et Roosevelt)
L’opposition des blocs est-ouest matérialisée par celle mettant en présence l’OTAN et le Pacte de Varsovie. |
Des crises des premières années de la Guerre froide (comme le Blocus de Berlin mentionné dans votre document) à la cristallisation des blocs au milieu des années 50. La stabilisation européenne est aussi illustrée par la création de la RFA et de la RDA, conséquences de la crise de Berlin et de la démilitarisation de l’Allemagne. |
Connaissances personnelles mobilisables |
Rappeler l’opposition idéologique fondamentale entre Etats-Unis et URSS : une approche de la démocratie radicalement différente (populaire et fondée sur l’égalité dans le modèle soviétique, pluraliste et fondée sur le respect des libertés individuelles pour les Etats-Unis). |
On peut évoquer ici la satellisation des démocraties populaires par Staline (entre 1950 et 1953). |
Doc. 2 |
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Définition de « la coexistence pacifique », véritable règles de bon voisinage intégrant la notion d’ « équilibre de la Terreur » ou encore le principe de la dissuasion nucléaire. |
Connaissances personnelles mobilisables |
|
Khrouchtchev lance le principe d’une nouvelle concurrence fondée non plus sur la course aux armements mais sur une rivalité saine en vue d’améliorer les relations est-ouest. |
Doc. 3 |
Cette opposition est rappelée par J. F. Kennedy dans son discours dans lequel il dénonce l’aliénation du communisme, synonyme de privation des libertés et portant atteinte à la dignité humaine. |
Kennedy reprend le principe de Khrouchtchev d’une « compétition pacifique ». |
Connaissances personnelles mobilisables |
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On peut citer ici la conquête spatiale et les premières réalisations soviétiques et américaines en ce domaine (Gagarine premier homme dans l’espace en 1960 et le lancement du programme Apollo par Kennedy). |
Doc. 4 |
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Malgré la Détente, l’URSS n’abandonne pas ses positions en Europe, au prix du coup de force (entrée des chars soviétiques à Prague en août 1968). |
Connaissances personnelles mobilisables |
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Mentionner les vives tensions qui agitent les démocraties libérales européennes avec les mouvements de contestations de l’hégémonie des deux Grands. Rappeler que la normalisation se poursuit avec la reconnaissance mutuelle des deux Allemagne (Ostpolitik amorcée par Willy Brandt, chancelier de RFA) |
Doc. 5 |
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Ces Accords (1973-75) scellent la normalisation des rapports entre les Etats au sein de l’Europe et entre les deux blocs. |
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Ils sont surtout favorables à l’URSS qui obtient sans contrepartie (notamment sur les Droits de l’Homme) des accords commerciaux. |