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Annales gratuites Bac ES : En finir avec les préjugés ?

Le sujet  2007 - Bac ES - Philosophie - Dissertation Imprimer le sujet
Avis du professeur :

Les préjugés, encore les préjugés, toujours les préjugés. C'est l'adversaire classique de la réflexion philosophique.
Sujet facile si l'on n'a pas oublié les cours du début d'année de philosophie.

LE SUJET


Peut-on en finir avec les préjugés ?

LE CORRIGÉ


I – PRESENTATION DE LA QUESTION ET DE SES DIFFICULTES

Il s'agit d'un sujet tout à fait classique relatif au pouvoir de la raison. Les notions du programme qui y sont impliquées sont : la raison, le réel, la vérité, le désir, la conscience et, éventuellement, l'inconscient.
Il faut bien analyser le sens du sujet : un préjugé est une précipitation dans le jugement qui ne conduit pas nécessairement celui qui se précipite ainsi en dehors de la vérité mais qui le rend incapable, dans l'immédiat, de connaître les raisons pour lesquelles ce qu'il a affirmé est nécessairement vrai.

L'expression "en finir avec" suggère qu'il existerait une solution radicale aux préjugés, qu'on pourrait envisager un monde sans préjugés et des hommes débarrassés de leurs préjugés.

"Peut-on" met un bémol à cette tentation. Les préjugés peuvent-ils disparaître ou au contraire ont-ils une source si profonde en nous que malgré nos efforts ils ont toujours tendance à renaître ?

Cette question concerne aussi bien le monde théorique (la connaissance) que la sphère de la pratique (l'action).

II - LA PROBLEMATIQUE

En finir avec les préjugés est la tâche de tout philosophe et plus généralement de tout homme.
En effet, les préjugés ce sont ces jugements trop hâtifs, insuffisamment fondés ou fondés dans la simple croyance, qui nous poussent à considérer choses, évènements et êtres sous un jour biaisé et déformant.
La question d'en finir avec les préjugés suppose qu'on s'interroge sur les moyens de lutter contre les préjugés.
On peut se demander si cette lutte a vraiment une fin et si les préjugés n'ont pas tendance à renaître toujours sur le sol de l'ignorance ?

III - LES PISTES DE REFLEXION

Vous deviez vous interroger non seulement sur la définition de "préjugé" mais plus fondamentalement sur leurs sources.
On peut en recenser quelques-unes :
L'ignorance : on juge péremptoirement ce qu'on ne connaît pas.
La précipitation : on porte un jugement hâtif sans examiner tous les aspects d'une question ou d'un état de fait.
La généralisation : on part d'un fait particulier et on en fait une vérité générale.
La croyance : on substitue la simple conviction subjective à une connaissance objective.

Vous pouviez remarquer que la lutte contre les préjugés est l'un des combats majeurs de la philosophie, de Socrate à Descartes et au delà avec le combat des Lumières contre la superstition.

Généralement vous pouviez dire que la meilleure façon de lutter contre les préjugés c'est :
De faire usage de son esprit, d'être capable, comme dit Kant de se "servir de son entendement". Il s'agit pour cela de se libérer des "tutelles" et de faire l'effort de penser par soi-même.
● De prendre le temps de la réflexion en évitant de conclure trop rapidement à partir d'observations incomplètes. C'est l'exemple que donne Descartes dans sa philosophie. Il fait l'effort de se retirer du monde pour prendre le temps d'examiner ses connaissances et de les amener au niveau de la raison (
doute méthodique).

A l'optimisme philosophique, vous pouviez opposer un pessimisme tempéré. En effet, la lutte contre les préjugés est sans cesse à reprendre car c'est chaque individu qui doit la conduire pour lui-même au moins "une fois dans sa vie" (Descartes). C'est pourquoi les préjugés renaissent. Ils renaissent parce qu'à une génération d'hommes en succède une autre et que cette nouvelle génération doit être éduquée et doit faire, pour elle-même et à nouveaux frais, l'effort de penser.

IV - LES PISTES DE DEVELOPPEMENT

Il convenait de partir de la connotation négative du terme de "préjugé". C'est un terme qui indique un acte de jugement qui a lieu avant le jugement, c'est-à-dire sans mobiliser réellement les facultés de l'esprit.
Le préjugé est une connaissance qui n'en est pas vraiment une mais qui empêche l'esprit de s'ouvrir à d'autres connaissances plus fondées.
C'est pour cette raison que dans sa méthode d'interrogation, Socrate mettait à l'épreuve les opinions de ses interlocuteurs pour montrer ce qu'elles avaient d'insuffisant ou de faux de façon à leur permettre de s'ouvrir à un nouveau désir de savoir.

Vous pouviez remarquer qu'en finir avec les préjugés est l'idéal de la raison et peut être le moyen le plus sûr de la paix. Des hommes sans préjugés pourraient toujours se mettre d'accord et on éviterait ainsi les guerres qui trouvent leur origine dans les préjugés et l'ignorance.
Mais cet idéal de la raison se heurte à la matérialité des esprits qui naissent, génération après génération, et qui, à chacune d'entre elles, ont besoin d'être éduqués.
Mais l'éducation elle-même, si elle est nécessaire, ne suffit pas, car la lutte contre les préjugés est la tâche de chaque individu en particulier et demande donc un effort personnel.

En finir avec les préjugés est donc l'idéal d'une humanité rationnelle, mais un idéal d'autant plus difficile à atteindre que chaque individu doit y apporter sa part, sans exception d'aucun.

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