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Annales gratuites Bac S : L'expérience de la beauté et l'oeuvre d'art

Le sujet  1995 - Bac S - Philosophie - Dissertation Imprimer le sujet
LE SUJET

L'expérience de la beauté passe-t-elle nécessairement par l'oeuvre d'art ?

LE CORRIGÉ

I - QUELLE ANALYSE POUR CE SUJET ?

Chacun sait que l'oeuvre d'art, en tant que telle, est belle. Se demander si l'expérience de la beauté passe forcément par l'oeuvre d'art revient donc à se demander si toute beauté est artistique, ou bien encore s'il existe des beautés qui ne sont aucunement le produit d'une activité artistique.


II - UNE DEMARCHE POSSIBLE.

A - LES CARACTERISTIQUES DES BEAUTES ARTISTIQUES.

On appelle oeuvres d'art les produits de l'activité humaine étant susceptibles d'être l'objet de l'expérience esthétique, c'est-à-dire de l'expérience de la beauté.
Il est donc ici nécessaire d'examiner et de préciser les caractères de cette expérience.

L'expérience de la beauté artistique est avant tout celle d'un plaisir. A ce titre, cette expérience, rigoureusement esthétique, est subjective. Le jugement qu'elle permet d'instruire l'est donc tout autant.

Le plaisir de l'expérience de la beauté, comme l'explique Kant dans la Critique de la faculté de juger , est désintéressé, ce qui signifie pratiquement qu'il ne suscite aucun désir, ce qui s'explique par le fait que ce qui plaît, dans l'expérience forcément sensible de la beauté artistique, est ce qui, dans la sensation, n'est pas sensible.

Mais surtout, ce qui caractérise la beauté des oeuvres d'art, c'est leur prodigieuse apparence. Les oeuvres d'art paraissent faciles ; elles semblent ne procéder d'aucun effort.

Le génie de l'artiste est ici celui de la dissimulation. Il consiste à effacer par le travail technique toute trace de technique.

Aussi les oeuvres d'art sont-elles belles d'avoir l'apparence de la nature et de nous laisser penser ce que nous ne pouvons connaître tant il est vrai que l'activité humaine ne possède pas la spontanéité de la nature.


B - LES BEAUTES DE LA NATURE.

Si les beautés artistiques ont l'apparence de la nature, les beautés naturelles ont, quant à elles, l'apparence de l'art.

Il nous arrive souvent de trouver beaux des animaux, des paysages qui, évidemment ne sont pas des beautés artistiques. Pourquoi les disons-nous beaux ? En quoi réside leur beauté ?

Selon nous, la beauté des produits de la nature tient à ce qu'ils nous suggèrent. Les beautés naturelles, nous laissant penser que "c'est trop beau pour être l'effet du hasard", prennent ainsi l'apparence, dit Kant, de l'art.

Elles nous laissent penser ce que nous ne pouvons connaître et, de fait, en produisant l'extension du jeu de nos facultés, procurent, par là même, le plaisir esthétique.


III - LES REFERENCES UTILES.

KANT, Critique de la faculté de juger , paragraphes 1 à 6, 40 à 42, 46.

HEGEL, Esthétique , introduction.


IV - LES FAUSSES PISTES.

Plusieurs pièges devaient être évités.

Premièrement, il fallait tenir compte de l'adverbe. On ne demandait pas si les oeuvres d'art peuvent être belles mais s'il existe des beautés qui ne sont pas artistiques.

Il fallait aussi s'affranchir des définitions convenues du beau pour affronter l'analyse de l'expérience de la beauté, autrement dit de ce qui se passe en moi quand je dis et juge qu'une chose est belle.

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