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Annales gratuites Bac S : L'opinion peut-elle être le guide du pouvoir politique ?

Le sujet  1995 - Bac S - Philosophie - Dissertation Imprimer le sujet
LE SUJET

L'opinion peut-elle être le guide du pouvoir politique ?

LE CORRIGÉ

I - QUELLE ANALYSE POUR CE SUJET ?

Le sujet s'inscrit dans le cadre d'une réflexion sur les principes de la démocratie et sur les risques qui en découlent : démagogie, inconstance et inconsistance du pouvoir, irrationalité des décisions politiques.

Les démocraties doivent résister à la tentation de suivre l'opinion dominante tout en prenant en considération les aspirations du peuple.

Enfin ce sujet appelle un examen des conditions et des normes qui doivent inspirer et réguler le fonctionnement du pouvoir politique.

La démocratie peut-elle dériver du respect de la loi du plus grand nombre vers la soumission à la dictature de ceux qui se font le plus entendre ?


II - UNE ANALYSE POSSIBLE.

A - LA DEMOCRATIE COMME RECONNAISSANCE DE LA LEGITIMITE DU DEBAT PUBLIC.

Dans une première partie il importe de rappeler que la montée de la démocratie s'est faite avec la reconnaissance de l'opinion, car vivre en démocratie, c'est pouvoir affirmer son opinion comme le faisaient les grecs à Athènes sur l'Agora.

La démocratie qui est liée à la liberté d'expression est liée au dialogue : elle est fondée sur le débat public.

C'est grâce à celui-ci que les mentalités progressent. C'est la découverte capitale que Socrate a faite.

Enfin l'opinion a un rôle essentiel de juge. En appeler à l'opinion publique comme Zola dans "J'accuse" c'est soumettre la politique au jugement de la société tout entière, afin que la société ne soit pas soumise à la politique de quelques uns.


B - CELA DIT, GOUVERNER AVEC L'OPINION CELA NE VEUT PAS DIRE SE CONFORMER A ELLE.

Ainsi que l'a montré Platon, le politique doit guider la cité et non se laisser guider par elle.

Il faut se méfier également de ceux qui prétendent gouverner par l'opinion car ils pervertissent alors l'idéal démocratique en pure démagogie. Le démagogue se fait le miroir des désirs collectifs afin de mieux séduire la cité.

Enfin, il y a des dérives de l'opinion. La foule a des réactions animales comme l'a montré Gustave Le Bon dans sa psychologie des foules.

Le propre de la politique est d'aller contre ces dérives afin d'éduquer les hommes à la citoyenneté.


C - IL FAUT DONC DEUX EXIGENCES EN DEMOCRATIE ET NON UNE.

Rien ne se fait sans les hommes. Il est donc nécessaire de gouverner avec eux.

Mais gouverner avec ne veut pas dire laisser faire n'importe quoi. Il y a des exigences à respecter, une raison du politique à construire.

On sera donc d'autant plus avec les hommes qu'on sera contre la dérive de la démocratie en populisme. Et à l'inverse, on sera d'autant plus politique qu'on ne gouvernera pas seul contre tous.

Bref, la démocratie consiste à lutter contre le double danger :

d'une part, du populisme qui confond le respect ou l'exigence majoritaire avec la loi qu'imposent ceux qui se font entendre le plus fort.

d'autre part, de la dictature illuminée d'un seul qui peut être inspirée par la raison mais ne satisfait pas l'exigence de représentativité propre à l'enjeu démocratique.


III - LES REFERENCES UTILES.

Contre les dérivés de l'opinion.

PLATON, La République , 4 premiers livres. Le Corgias .

TOCQUEVILLE, De la démocratie en Amérique .
Pour la défense de l'opinion.

HABERMAS, L'espace public .


IV - LES FAUSSES PISTES.

Ce sujet n'était ni un sujet sur la politique, ni un sujet sur l'opinion, ni une invitation à réfléchir sur les recettes à appliquer afin d'aboutir à une politique idéale.

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