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Annales gratuites Bac L : Le pouvoir et la violence

Le sujet  2001 - Bac L - Philosophie - Dissertation Imprimer le sujet
LE SUJET

Tout pouvoir s'accompagne-t-il de violence ?

LE CORRIGÉ

I - LES TERMES DU SUJET

Par "pouvoir" on entend une structure et une puissance d'agir au sein de la société, au nom de la société.
Il désigne les institutions centrales (c'est-à-dire l'Etat) et décentralisées : l'ensemble des acteurs qui font de la volonté de l'Etat des actes effectifs.

Le mot "violence" se définit par comparaison à la force.
Est fort celui qui a la capacité de faire, d'exécuter sa volonté, de réaliser son désir. Cela ne le distingue pas du violent, qui lui aussi parvient à son but.

Ce sont les moyens qui les départagent :

  • le violent utilise des moyens brutaux, destructeurs. Il est incapable de s'insérer dans le monde paisiblement, de façon équilibrée.
  • le fort prend sa place dans un équilibre de puissances qui se déplacent mais ne disparaissent pas. Il devient une puissance parmi les autres, alors que la violence rase tout et s'impose, seule.

II - L'ANALYSE DU PROBLEME

On nous demande si le pouvoir, la puissance d'agir, de prendre des décisions et de les réaliser, s'accompagne nécessairement de violence, c'est-à-dire de destruction ou négation des hommes qui lui sont soumis.

Le pouvoir nous contraint-il ? Nous écrase t-il ? Est-il douloureux de lui être soumis ? Faut-il s'y soumettre, s'oublier soi-même ? Faut-il se dépouiller de soi : son bonheur, sa liberté, ses désirs ? Nier sa propre liberté, est-ce nécessaire pour donner force à l'Etat, ce qui impliquerait qu'un pouvoir efficace est forcément violent ?

III - UNE DEMARCHE POSSIBLE

A) LE POUVOIR CONTRAINT LES HOMMES

1 - L'existence politique considérée comme un renoncement
L'existence politique, c'est-à-dire notre intégration à un groupe structuré par des institutions communes, peut être présentée comme une forme de renoncement. Nous ne sommes plus autorisés à suivre nos impulsions, à vivre au gré de nos caprices, et même à chercher à satisfaire nos besoins sans consulter quiconque. Il nous faut nous plier à des usages, des règlements, des lois qui uniformisent nos comportements.

Il y a donc dans la vie politique une façon de nous contrarier, d'aller contre nos tendances naturelles. La loi nous "fait violence" au sens où elle se substitue à notre volonté. Elle prétend nous dépouiller de notre égoïsme, or il y a dans celui-ci l'expression d'une vitalité naturelle.

2 - La volonté d'être efficace
Le pouvoir se donne les moyens de son action. Il considère qu'il agit au nom du bien commun, par conséquent, il n'accepte pas qu'on le discute et le freine. Il est le siège d'une puissance qui n'admet pas de concurrent, de rival. Il concentre les moyens symboliques et militaires qui le rendent intraitable. La vie d'un individu est dès lors négligeable, comme nous l'a souvent montré l'histoire.

Mais la puissance du pouvoir repose surtout sur l'obéissance, qui est consentie par les hommes. Un pouvoir est violent en désespoir de cause, quand il ne peut pas faire autrement, dans une tension qui ne saurait durer.

B) LE POUVOIR CANALISE L'ACTION DES HOMMES, IL EST FORT QUAND IL N'EST PAS VIOLENT

1 - Le pouvoir est la puissance commune
Le pouvoir est une puissance d'agir qui contient l'active participation de la communauté. Le pouvoir est un mot abstrait, en réalité, il n'y a que des personnes qui consentent, participent, se mettent au service d'un but commun. Il désigne cette situation où les hommes s'accordent de fait sur des buts, des projets et des moyens de les concrétiser.
Cela est possible du fait d'une commune culture qui nous a formé, et d'une pratique d'un même espace. L'idée de notre unité agissante est aussi nourrie par l'histoire.

2 - Un pouvoir fort est limité
Le pouvoir est impuissant quand il refuse l'être concret, quand il n'en respecte pas les aspirations les plus profondes : comme celle de penser, de croire ou de désirer donner un sens singulier à sa vie. Un pouvoir qui ignore ces limitations se détruit lui-même, il donne des raisons de se faire désobéir.

IV - DES REFERENCES UTILES

  • P. Clastres, La société contre l'état, chapitre 4
  • H. Arendt, Crise de la culture, "Qu'est-ce que l'autorité ?"
  • Sartre, Cahiers pour une morale, sur la différence entre force et violence
  • Platon, Lois, République
  • Hobbes, Léviathan, chapitre 13, livre 1

V - LES FAUSSES PISTES

Se limiter à des exemples historiques sans chercher à produire une réflexion générale.

VI - LE POINT DE VUE DU CORRECTEUR

Un sujet qui exige des définitions précises. Mais cependant un sujet classique.

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