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Annales gratuites Bac S : Le travail et les hommes

Le sujet  1995 - Bac S - Philosophie - Dissertation Imprimer le sujet
LE SUJET

Le travail contribue-t-il à unir les hommes ou à les diviser ?

LE CORRIGÉ

I - QUELLE ANALYSE POUR CE SUJET ?

Il s'agit de savoir si le travail est en lui-même facteur de solidarité, d'harmonie, d'entente ou bien s'il n'est pas cause des oppositions sociales, des rapports de force, de domination.

Le travail est-il donc cause ou révélateur des tensions et des rivalités ?


II - UNE DEMARCHE POSSIBLE.

A - LE TRAVAIL EST FACTEUR DE DIVISION .

Il brise une identité factice entre les individus :

Travailler induit des rapports de hiérarchie : il justifie la nécessité du commandement.

Travailler consiste à réaliser un projet préalablement conçu. Il permet de faire la différence entre penser et agir.

Aristote : "L'esclave est un outil dans la main du maître".

Travailler différencie donc les êtres, engendre des consciences rivales. La conscience de classe du prolétaire provient de la nature de son travail.

Selon Arendt , le travail dans l'antiquité était dévalorisé car il était " asservissement à la nécessité ".

On réservait le travail à l'esclave car il était signe de contrainte.

L'aliénation du travailleur est ainsi inévitable : travailler c'est entrer dans la dépendance de quelqu'un d'autre.


B - MAIS.

On peut remarquer que des relations hiérarchiques ne sont pas nécessairement des rapports d'opposition.

Au contraire, elles rapprochent les êtres en révélant leur complémentarité.

Exemple : l'armée distingue radicalement les individus, et les unit.

Travailler révèle les capacités réelles de l'individu.

Hegel dit ainsi que " le travail forme ". L'esclave en appliquant ses efforts à transformer la réalité par des tâches humiliantes, parvient à la maîtrise de soi. Le maître lui devient aliéné par ses désirs.

Travailler permet ainsi de prendre conscience de soi, de ses talents et de se faire valoir.

L'union résulte de la reconnaissance réciproque entre êtres sûrs de leur valeur.

L'oisiveté, en revanche, ne produit qu'une unité instable entre les êtres. On ne s'entend que tant que le plaisir partagé existe. L'ennui entraîne l'indifférence réciproque.

L'union réalisée par le travail est donc plus durable, car fondée objectivement.


C - ALORS.

Le travail est révélateur de différences. Ces différences deviennent contradictions par l'interprétation qu'on en tire.

Se définir par le contenu de ce que l'on fait contribue à nous particulariser. Le travail se corrompt en habitude, ou routine. Nietzsche : "Le travail constitue la meilleure des polices".

Il faut donner à son travail un sens universel, travailler comme à son oeuvre.

Chercher donc l'harmonie dans l'action en donnant à chaque opération une valeur universelle.

Travailler devient alors la " maïeutique " (Platon) par laquelle on cherche à agir en fonction du bien, du vrai et de l'ordre.

Par là, chaque travailleur peut éviter l'aliénation et tendre à l'unité avec la communauté humaine.


III - LES REFERENCES UTILES.

ARISTOTE, La politique, opposition maître-esclave.

ARENDT, La crise de la culture.

MARX, L'aliénation par le travail, Prolétarisation.

HEGEL, Phénoménologie de l'esprit.

NIETZSCHE, Considérations inactuelles.

PLATON, La République, pour la réminiscence des Idées, le Bien, le Vrai, le Beau.


IV - LES FAUSSES PISTES.

A - Eviter de diviser le sujet : le travail divise, puis il unit. Il faut contester l'interprétation sommaire qui fait du travail la cause des oppositions.

B - Eviter de se contenter de peser les avantages et les inconvénients du travail. Il s'agit de réfléchir sur le fait même de travailler.
Travailler est une opération. Les oppositions naissent de l'interprétation qu'on en tire.

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