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Annales gratuites Bac S : Les différents types de vérité

Le sujet  2008 - Bac S - Philosophie - Dissertation Imprimer le sujet
Avis du professeur :

Un sujet sur la vérité, c'est un grand classique dans la série scientifique.
Si le sujet est classique, il vous demande quand même de sortir du domaine de la connaissance scientifique pour envisager d'autres types de vérité.

LE SUJET


Y a-t-il d'autres moyens que la démonstration pour établir une vérité ?

LE CORRIGÉ


I – L'ANALYSE DU SUJET ET DE SES DIFFICULTES

C'est un sujet classique qui met en relation deux notions de votre programme : la vérité et la démonstration.
On attend de vous d'en comprendre l'enjeu philosophique et de le rapporter si possible à des exemples concrets grâce à vos connaissances en mathématiques et en sciences.

● La question présuppose que la démonstration est un moyen fiable pour établir une vérité. Est-ce le seul ?

● "établir une vérité", c'est énoncer une proposition ou un discours cohérent et conforme à l'objet ou à la réalité jugée. La vérité est donc toujours de l'ordre du jugement ou plus généralement du discours.

La démonstration, au sens strict, consiste à enchaîner de manière cohérente des propositions pour aboutir à une conclusion logique.

II - LA PROBLEMATIQUE

La définition même de la démonstration montre qu'elle est un moyen sûr pour établir une vérité, c'est-à-dire une idée ou un jugement irréfutable. Une vérité démontrée ne peut être logiquement contredite. On ne peut que l'admettre. C'est sa nécessité logique qui fait sa force et son universalité. C'est pourquoi on considère souvent la logique et la mathématique comme le modèle de vérité, auquel tout discours doit tendre à ressembler, en privilégiant l'argumentation raisonnée à la persuasion.
Mais il faut bien reconnaître d'une part que les domaines où seule la démonstration suffit à établir une vérité sont limités, et d'autre part que la force argumentative ne suffit pas toujours à convaincre.
Peut-on tout démontrer ou faut-il établir d'autres procédures de vérité ? Quels sont les critères qui permettent de reconnaître la fiabilité de ces procédures ?
Ces autres moyens peuvent-ils établir une vérité aussi irréfutable que la vérité démontrée ?

III - LES PISTES DE REFLEXION

Vous pouviez partir d'exemples simples de logique ou de mathématiques (par exemple, les propriétés d'une figure géométrique sont déduites logiquement du concept même de cette figure) pour montrer la force et l'universalité des vérités démontrées.
C'est pourquoi la philosophie a longtemps privilégié la mathématique comme modèle de vérité. Spinoza, dans L'Ethique, prétend démontrer l'ensemble de son système selon "l'ordre géométrique"!
L'analyse d'un exemple de théorie scientifique (en physique ou en biologie) pouvait vous permettre de montrer que, lorsqu'il s'agit pour l'esprit humain de connaître la réalité (de la matière inerte ou du vivant), la seule démonstration ne suffit pas : certes une théorie scientifique doit être formellement cohérente, mais elle doit de plus être validée par un dispositif de
vérification expérimentale. L'expérimentation est donc bien un autre moyen pour établir une vérité, toujours par là même hypothétique et provisoire.
C'est peut-être à Pascal, scientifique et philosophe, que l'on doit la réflexion la plus approfondie sur les limites de la raison humaine : les mathématiques, malgré leur rigueur formelle, restent une science hypothético-déductive qui admet comme principes des vérités premières indémontrables, soit sous la forme de postulats, d'hypothèses nécessaires, ou même d'évidences immédiates. L'espace, le temps, le nombre, la figure sont des notions premières saisies par
intuition et non par raisonnement. L'auteur des Pensées appelle "coeur" cette faculté de saisir des vérités premières par sentiment immédiat. Ces vérités correspondent à notre rapport immédiat au monde en tant qu'existant. C'est pourquoi c'est encore le coeur qui fonde nos "vérités existentielles", ce par quoi nous donnons du sens à notre existence.
Pascal soulignait qu'il y a somme toute peu de vérités démontrées. Les vérités les plus ordinaires viennent de l'habitude. C'est l'habitude qui nous incline à reproduire une démonstration que nous n'avons opérée qu'une seule fois.
Avec l'habitude, on entre dans un domaine de vérité paradoxal, qui n'a pas toujours de fondement logique mais n'en a pas moins une grande force, celle de la coutume. C'est par la coutume qu'on éduque l'homme et qu'on fait entrer dans son esprit et dans son corps des comportements adaptés, des valeurs, des croyances. Les convictions sont ainsi souvent beaucoup plus fortes que les choses démontrées par la seule opération logique de l'esprit.

IV - LES PISTES DE DEVELOPPEMENT

1 - En quoi la démonstration est-elle un moyen sûr d'établir une vérité ?

● La nécessité logique de la démonstration,
● Les mathématiques comme modèle de vérité,
● Les limites de ce modèle.

2 - Quels autres moyens pour établir une vérité ?

● Les sciences expérimentales. Statut de la vérité scientifique,
● La nécessité de remonter aux principes de la connaissance,
● Principes et sciences hypothético-déductives.

3 - Quelles sont les limites de l'argumentation rationnelle ?

● Argumentation et persuasion,
● Intuition et raison,
● La conviction.

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