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Annales gratuites Bac S : Texte de Bergson

Le sujet  1995 - Bac S - Philosophie - Commentaire d'un texte philosophique Imprimer le sujet
LE SUJET

Dégagez l'intérêt philosophique de ce texte de Bergson en procédant à son étude ordonnée :


"D'où viennent les idées qui s'échangent ? Quelle est la portée des mots ? Il ne faut pas croire que la vie sociale soit une habitude acquise et transmise.

L'homme est organisé pour la cité comme la fourmi pour la fourmilière, avec cette différence pourtant que la fourmi possède les moyens tout faits d'atteindre le but, tandis que nous apportons ce qu'il faut pour les réinventer et par conséquent pour en varier la forme.

Chaque mot de notre langue a donc beau être conventionnel, le langage n'est pas une convention, et il est aussi naturel à l'homme de parler que de marcher.

Or, quelle est la fonction primitive du langage ? C'est d'établir une communication en vue d'une coopération. Le langage transmet des ordres ou des avertissements. Il prescrit ou il décrit.

Dans le premier cas, c'est l'appel à l'action immédiate ; dans le second, c'est le signalement de la chose ou de quelqu'une de ses propriétés, en vue de l'action future.

Mais, dans un cas comme dans l'autre, la fonction est industrielle, commerciale, militaire, toujours sociale.

Les choses que le langage décrit ont été découpées dans le réel par la perception humaine en vue du travail humain. Les propriétés qu'il signale sont les appels de la chose à une activité humaine.

Le mot sera donc le même, comme nous le disions, quand la démarche suggérée sera la même, et notre esprit attribuera à des choses diverses la même propriété, se les représentera de la même manière, les groupera enfin sous la même idée, partout où la suggestion du même parti à tirer, de la même action à faire, suscitera le même mot.

Telles sont les origines du mot et de l'idée".

BERGSON.

LE CORRIGÉ

I - QUELLE ANALYSE POUR CE SUJET ?

Ce texte a pour thème le langage. Il pose la question de la fonction première du langage relativement à l'action et montre le rapport de cette question à celle de l'origine des mots et des idées. C'est donc bien la question de l'origine concrète et pratique de nos idées, la genèse de leur formation qui est la question de fond de ce texte.


II - UNE DEMARCHE POSSIBLE.

A - LA DIFFERENCE ENTRE L'HOMME ET L'ANIMAL : LA FONCTION PRIMITIVE DU LANGAGE.

Ce qui caractérise l'homme dans sa dimension sociale et pratique : la capacité d'invention et de variation dans les modalités d'organisation de son activité.

Comme l'homme, la fourmi travaille en groupe, simplement l'instinct lui prescrit entièrement les tâches qu'elle doit exécuter. Tandis que l'homme est capable de réinventer les formes de son agir.

Or c'est là, nous dit Bergson, la fonction primitive du langage : établir une communication en vue d'une coopération. Bien voir ici que le mot de coopération implique une action en commun et donc la dimension de l'intersubjectivité.


B - LES ORIGINES PRATIQUES DU LANGAGE.

Ainsi Bergson montre que le langage est coextensif à l'activité humaine. Il procède de la nature de l'homme avant d' être conventionnel.

Le langage sert à donner des ordres, à prescrire, ou à avertir, à signaler la chose en vue d'une action future.

Si donc le mot et l'idée procèdent toujours de l'action, si toujours ils sont nécessités par elle, il faut faire remonter l'origine du langage aux conditions concrètes qui ont motivé l'émergence du mot et de l'idée.

On voit le savant dosage de nature et de convention qui préside à la formation du langage.


C - CRITIQUE DE L'ANALYSE BERGSONNIENNE.

Comment rendre raison de mots et d'idées dont le contenu n'est manifestement pas lié à l'action ?

Comment penser l'origine des activités spirituelles et intellectuelles caractérisée par un certain détachement vis-à-vis de l'action ?

Certes Bergson rend raison de la formation des mots et des idées dans la mesure où ils sont liés à nos actions et à nos besoins, mais qu'en est-il pour tout ce qui ne concerne pas la sphère pratique ?


III - LES REFERENCES UTILES.

J.J. ROUSSEAU, Essai sur l'Origine des langues.

J.L. AUSTIN, Quand dire c'est faire.

LEROI-GOURHAN, Le geste et la parole.

BERGSON, Matière et mémoire.


IV - LES FAUSSES PISTES.

Manquer l'articulation entre l'agir et le langage humain. Ne pas voir qu'il s'agit de l'origine des mots et des idées.

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