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Annales gratuites Bac Hôtellerie : Texte de Freud

Le sujet  2001 - Bac Hôtellerie - Philosophie - Commentaire d'un texte philosophique Imprimer le sujet
LE SUJET

Si la culture a établi le commandement de ne pas tuer le voisin que l'on hait, qui nous fait obstacle et dont on convoite les biens, cela fut manifestement dans l'intérêt de la vie en commun des hommes qui, autrement, serait impraticable. Car le meurtrier attirerait sur lui la vengeance des proches de la victime du meurtre et la sourde envie des autres, qui intérieurement se sentent tout autant enclins à un tel acte de violence. Il ne jouirait donc pas longtemps de sa vengeance ou de son butin, il aurait bien au contraire toute chance d'être lui-même bientôt abattu. Quand bien même, grâce à une force et à une prudence extraordinaires, il se protègerait d'un adversaire isolé, il ne pourrait que succomber à une union d'adversaires plus faibles. Si une telle union ne se constituait pas, la pratique du meurtre se prolongerait indéfiniment.

Freud

Questions :

1) Dégagez l'idée centrale et les étapes de l'argumentation.

2) Expliquez :
"Si une telle union ne se constituait pas, la pratique du meurtre se prolongerait indéfiniment."

3) Le respect de la vie d'autrui n'est-il justifié que par l'intérêt commun ?

LE CORRIGÉ

I - LES TERMES DU SUJET

  • Culture : ensemble de règles par lesquelles l'homme codifie sa vie. La culture est faite d'interdits, de permissions et d'obligations.
  • Vengeance : Réponse directe à un tort, la vengeance n'est pas une punition infligée par la loi. C'est l'individu lésé qui applique la peine.

II - L'ANALYSE DU PROBLEME

L'idée centrale du texte : Freud veut expliquer la naissance de la culture, c'est-à-dire de la vie en commun. Les hommes doivent s'unir. Mais cette union implique le dépassement de la violence. Plus précisément, il faut interdire le meurtre. La vengeance est une passion forte et destructrice. En fait, l'humanité elle-même s'autodétruirait.
L'union est donc une nécessité vitale. Cependant, elle ne se réalise pas facilement. Les hommes sont naturellement rivaux et ennemis. Il faut des règles pour brider la violence de la vengeance.

III - UNE DEMARCHE POSSIBLE

A) LES ETAPES DE L'ARGUMENTATION (Question 1)

1 - Pourquoi interdire le meurtre ? De "Si la culture..." à "... impraticable".
Freud expose la raison de l'interdiction du meurtre. Les hommes se haïssent car ils sont concurrents. Chacun veut pour soi les honneurs, la richesse, le pouvoir. Ils sont donc les uns pour les autres des "obstacles" à supprimer.
Toutefois, cette violence détruit l'union à laquelle chacun a aussi intérêt. L'union est un gain de force et de sécurité.
Il faut donc interdire le meurtre.

2 - Le nécessaire refus de la vengeance. De "Car ..." à la fin du texte.
Freud développe son idée.
Le meurtre désorganise profondément les rapports sociaux.

  • Il provoque la vengeance des proches.
    Ceux-ci appliquent la loi du Talion. Ils sont juges et parties. Leur riposte consistera en un nouveau meurtre.
  • Ceux qui étaient tentés par le meurtre pour éliminer un rival se sentent encouragés à passer à l'acte. Il y a une émulation catastrophique.

Freud montre que la vengeance engendre un climat permanent d'insécurité. Le vainqueur ne peut le rester longtemps. Il sera toujours vaincu par un groupe plus puissant. On ne peut être toujours le plus fort.

B) EXPLICATION DE LA DERNIERE PHRASE (Question 2)

L'union demande des lois ou des tabous pour interdire le meurtre. Quand celui-ci a lieu, le meurtrier doit être jugé par un tribunal. Sinon la vengeance reprend.

Quand les hommes jugent d'après leurs passions, leurs jugements ne peuvent s'accorder.
Chacun estime que l'autre lui a fait plus de tort qu'il ne lui en a fait. C'est pourquoi la vengeance est sans fin.
Il faut créer une loi commune pour régler les désirs des individus.

C) SUJET DE REFLEXION (Question 3)

Le respect de la vie d'autrui est certes justifié par la nécessité de vivre ensemble. Nous avons besoin les uns des autres. Cependant le respect est-il seulement une valeur sociale ?. Je respecterais autrui car sinon il pourrait m'agresser.
Le respect a-t-il pour fondement la crainte de l'autre ? Est-il seulement le résultat d'un calcul d'intérêt ?

On peut soutenir que le respect a aussi une valeur morale. Je respecte autrui car il est une personne, un être libre qui a le droit de vivre dignement.
Autrui est mon semblable et mon égal quelles que soient les circonstances.

Toute morale n'est pas sociale. Le respect est un devoir absolu qui dépasse le calcul d'intérêt.

IV - DES REFERENCES UTILES

  • Freud, Malaise dans la civilisation. Sur le dépassement nécessaire et difficile de la violence
  • Hobbes, Léviathan. Chapitre 13. Sur la guerre de tous contre tous dans l'état de nature
  • Kant, Critique de la raison pratique. Sur le devoir moral
  • Rousseau, Contrat social. Livre I, Chapitre 3. "Du droit du plus fort"

V - LES FAUSSES PISTES

Le texte est très clair.
Le danger principal est la paraphrase. Il faut expliquer les principales notions.

VI - LE POINT DE VUE DU CORRECTEUR

Texte classique qui permet d'utiliser un cours sur le droit.

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