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Annales gratuites Bac ES : Hausse de la productivité et croissance économique

Le sujet  1999 - Bac ES - Sciences Economiques et Sociales - Question de synthèse Imprimer le sujet
LE SUJET

Investissement, capital et progrès technique.

I - TRAVAIL PREPARATOIRE

Vous répondrez à chacune de ces questions préparatoires en une dizaine de lignes maximum.

1. Que signifient les chiffres en rouge dans le document 1 ?

2. A partir du document 1, peut-on dire qu’une plus forte augmentation de la productivité s’accompagne d’une plus forte croissance économique ?

3. Comment une hausse de la productivité permet-elle une baisse des prix ? (Document 2)

4. Comment les gains de productivité peuvent-ils stimuler le pouvoir d’achat des ménages ? (Document 2)

5. Comment la division technique du travail favorise-t-elle une hausse de la productivité ? (connaissance en rapport avec le document 3)

6. Pourquoi les entreprises souhaitent-elles maintenant une plus grande implication des salariés ? (Document 3)

7. Pourquoi l’investissement matériel peut-il entraîner une hausse de la productivité ? (Document 4)


II - QUESTION DE SYNTHESE

Après avoir mis en évidence les facteurs qui contribuent à une augmentation de la productivité, vous montrerez en quoi cette hausse stimule la croissance économique.

DOCUMENT 1

Croissance à long terme de la production et de la productivité du travail dans les principaux pays développés (taux de croissance annuel moyen, en %)

 

Période

Etats-Unis

France

Allemagne

Royaume-Uni

Japon

PIB

1913-1950

2,84

1,15

1,06

1,19

2,24

1950-1973

3,92

5,02

5,99

2,96

9,25

1973-1992

2,39

2,26

2,30

1,59

3,76

Productivité du travail

(PIB par heure de travail)

1913-1950

2,48

1,87

0,60

1,66

1,85

1950-1973

2,74

5,11

5,99

3,12

7,69

1973-1992

1,11

2,73

2,69

2,18

3,13

Source : A.Maddison, L’économie mondiale 1820-1992, OCDE, 1995.

Repris dans Problèmes économiques, n° 2510-2511, 5-12 mars 1997.


DOCUMENT 2



Source : d’après J.M. Albertini, E. Coiffier , M. Guiot, Pourquoi le chômage ?, Scodel 1987
Repris dans Cahiers français, n°279, janvier - février 1997.


DOCUMENT 3

L’organisation du travail joue un rôle décisif pour expliquer les niveaux de productivité. Le constat avait déjà été fait par Smith dans son analyse de la division du travail et de ses incidences. De même, les transformations introduites par Taylor et Ford sont souvent considérées comme une explication essentielle de l’accélération de la croissance économique. (…)

Depuis une vingtaine d’années, le modèle fordiste de l’organisation du travail connaît des difficultés. (…) Par rapport aux années 60, les principales transformations de l’environnement conduisent à mettre l’accent sur deux points :

(…) l’adaptation insuffisante au ralentissement de la croissance après les chocs pétroliers est la cause principale du ralentissement des gains de productivité à cette époque. Une organisation du travail efficace est donc d’abord une organisation flexible ;

la complexité croissante des machines et des systèmes d’organisation, ainsi que le rôle accru de l’information et de la qualité des produits. L’organisation doit donc obtenir l’implication et l’intégration de ses membres.

Source : P. Combemale, A. Parienty, La productivité, Nathan, 1993.


DOCUMENT 4

Comme pour l’accroissement des qualifications chez les travailleurs, le capital est porteur de gains de productivité augmentant l’efficacité globale de la combinaison productive. Ces gains de productivité peuvent provenir de la meilleure utilisation des équipements en place ; une autre part provient des innovations introduites dans les nouveaux équipements installés. Dans la mesure où une partie du progrès technique est incorporée aux équipements, tout rajeunissement (vieillissement) du capital accroît (réduit) les gains de productivité.

Source : S. Mabile, " La productivité en France de 1970 à 1989 : une approche sectorielle ", Economie et Statistique, n°237-238, novembre - décembre 1990.

LE CORRIGÉ

I - ANALYSE DU SUJET

Le sujet porte sur la partie du programme intitulée : "Investissement, capital et progrès technique".
Les liens entre productivité et croissance sont étudiés en classe.

Les documents permettent de bien "cadrer" le sujet et de compléter les connaissances des candidats.
On attend une réflexion nuancée sur la place et le rôle de la productivité dans la croissance.

Le candidat devra être précis sur les mécanismes économiques en oeuvre.


II - CORRIGE DU TRAVAIL PREPARATOIRE

Question 1

Pendant la période (1950-1973), le taux de croissance annuel moyen du PIB en France est de 5,02%.

Aux Etats-Unis, pendant la période (1973-1992) le taux de croissance annuel moyen de la productivité du travail est de 1,11%.

Question 2

La hausse de la productivité du travail est un facteur indéniable de hausse de la croissance économique.

Pendant les Trente Glorieuses, tous les pays évoqués dans le document 1 connaissent une forte croissance économique induite par des taux de croissance de la productivité du travail très élevés.

Cependant une plus forte augmentation de la productivité ne s'accompagne pas toujours d'une plus forte croissance économique. Ainsi pendant la crise (1973-1992) les Etats-Unis ont opté pour une croissance extensive (riche en emplois) alors que les pays européens ont fait le choix d'une croissance intensive (productiviste) peu créatrice d'emplois à long terme.

Question 3

Augmenter la productivité consiste à produire plus avec la même quantité de facteurs, ou bien à produire autant avec moins de facteurs. Dans les deux cas, une meilleure efficacité des facteurs permet d'abaisser les coûts de production.

Cette baisse peut ensuite être répercutée sur le prix des produits. Ce mécanisme joue principalement dans le cas d'une production de masse.

Question 4

Lorsque la valeur ajoutée d'une entreprise augmente plus rapidement (ou diminue moins rapidement) que le coût des facteurs de production, l'entreprise réalise alors des gains de productivité.
Cette ressource supplémentaire peut être répartie entre l'entreprise (augmentation des bénéfices), les consommateurs (baisse des prix), ou encore les salariés (hausse des salaires nominaux).

Ainsi la baisse des prix associée à une hausse des salaires nominaux induit une hausse de pouvoir d'achat des ménages (cercle vertueux fordiste).

Question 5

A. Smith, dans son exemple célèbre de la manufacture d'épingles, explique les effets bénéfiques de la division technique du travail sur l'efficacité productive de l'entreprise, ce que le taylorisme va confirmer.

L'organisation scientifique du travail proposée par Taylor consiste à séparer les tâches de conception et d'exécution (division verticale du travail) et à décomposer le travail en opérations simples et répétitives (division horizontale du travail).

Cette parcellisation des tâches permet d'améliorer l'habileté des travailleurs, de réaliser des gains de temps et donc d'augmenter la productivité. Le fordisme poussera à l'extrême cette logique en instaurant le travail à la chaine et en accentuant la déqualification des travailleurs.

Question 6

L'implication des salariés dans leur activité est devenue une source de productivité pour l'entreprise. La complexité croissante des machines demande des opérations de contrôle, réglage, entretien, qui ne sont plus seulement des tâches déqualifiées d'exécution.


D'autre part, pour dépasser les limites du taylorisme, on a voulu faire "adhérer" les salariés à un projet, une culture d'entreprise (cercles de qualité, groupes d'expression, ...).

Question 7

L'investissement matériel permet le renouvellement des équipements et donc la modernisation de l'entreprise. La vitesse du progrès technologique est telle que l'entreprise qui investit profite des machines les plus performantes.

L'investissement matériel, support des innovations, est donc un des facteurs de l'élévation de la productivité.


III - CORRIGE DE LA QUESTION DE SYNTHESE

L'analyse de la productivité est nécessaire pour comprendre l'évolution économique. Il convient de rappeler dans un premier temps les facteurs qui expliquent les gains de productivité pour réfléchir ensuite sur les liens entre productivité et croissance.

Partie I : Les facteurs de hausse de la productivité

A) Le progrès technique favorise la hausse de la productivité

Le progrès technique est l'un des déterminants principaux de l'amélioration de la productivité.
Il permet :
- de perfectionner les moyens de production.

- de réaliser des innovations (automatisation, nouvelles technologies de l'information...) porteuses de croissance économique (Schumpeter).

Pour diffuser ce progrès technique, les entreprises doivent réaliser des investissements (matériels et de plus en plus immatériels) et donc pouvoir bénéficier de conditions de financement stimulantes (baisse du niveau des taux d'intérêt).

Dans cette perspective les économistes libéraux sont favorables à une diminution de l'intervention de l'Etat.

B) L'évolution de l'organisation du travail contribue également à une élévation de la productivité du travail

- le taylorisme et le fordisme développent une organisation du travail qui permet de produire plus en moins de temps, en spécialisant les ouvriers.

- le taylorisme connaît cependant des limites que les entreprises cherchent à dépasser. Pour favoriser la productivité, elles misent sur une flexibilité du travail plus grande mais aussi sur la recherche d'une implication plus forte des salariés.


Partie II : la hausse de la productivité stimule la croissance économique

A) Les gains de productivité améliorent l'efficacité productive.

- la productivité est facteur de croissance économique (cf doc 1).

- la productivité améliore la compétitivité et stimule la concurrence.

- les entreprises les plus innovantes améliorent leurs performances, notamment dans un contexte économique mondialisé.

B) Les gains de productivité favorisent l'accroissement des revenus et donc la croissance.

- grâce aux gains de productivité, on peut augmenter : les profits, les salaires, les prélèvements fiscaux et les dépenses publiques.

- les revenus distribués alimentent la demande d'investissement et de consommation (logique keynésienne).

- par ailleurs, la productivité permet une diminution des prix relatifs des biens (cercle vertueux fordiste).


CONCLUSION

La productivité est un phénomène complexe mais essentiel. Ses effets sur la croissance, l'emploi et les revenus sont incertains, et demandent une analyse nuancée.

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