Le sujet 2009 - Brevet Série Collège - Français - Questions |
Avis du professeur :
L'ensemble des questions permettait d'élucider la situation et de comprendre comment avait eu lieu cette découverte extraordinaire. Les questions n'étaient pas difficiles, mais contrairement à certaines années, il ne suffisait pas d'être attentif, il fallait avoir quelques connaissances grammaticales précises. |
QUESTIONS
(15 points)
Toutes vos réponses devront être rédigées.
I
- Le portrait de l'estrassier
(6
points)
1. Lignes 1 à
11 :
a. Lignes 1 à 5 : Relevez au moins deux
éléments qui caractérisent la vie d'Ali. (1
point)
b. Quelle activité exerce-t-il ?
Justifiez votre réponse en vous appuyant précisément
sur le texte. (1 point)
2. Lignes
2-3 :
"C'était un homme non pas très
âgé, mais usé par la vie, pour avoir dormi
dehors et avoir bu trop de vin."
a. Quel rapport
logique exprime le groupe en italique ? (0,5 point)
b.
Remplacez ce groupe par une proposition subordonnée exprimant
le même rapport logique. (0,5 point)
3. Lignes
23-24 :
"Tout à coup il se souvint qu'il
avait été soldat, autrefois, dans sa jeunesse, et qu'il
était monté à l'assaut au milieu du bruit des
balles."
a. Quel est le champ lexical dominant dans
cette phrase ? Justifiez votre réponse. (1 point)
b.
Qu'apprend-on de nouveau sur la personnalité d'Ali ? (0,5
point)
4. Ligne
38 :
"avec d'infinies précautions"
a.
Donnez la fonction grammaticale de cette expression. (0,5 point)
b.
Indiquez quel trait de caractère d'Ali est ainsi mis en
valeur. (0,5 point)
c. Relevez dans la suite du texte un
indice qui conforte votre réponse. (0,5 point)
II
- La découverte
(5
points)
1. Lignes
20-21 :
"Qui avait mis ce carton là, sur son
lit ? Peut être qu'un autre gars de la chiffe avait décidé
de s'installer ici, sous le pont ? "
a. De qui
cette phrase retranscrit-elle les pensées ? (0,5
point)
b. De quel type de discours s'agit-il ? (0,5
point)
c. Transposez ces paroles rapportées au
discours direct. (1 point)
2. Lignes 27 à
36 :
A travers quels sens la découverte
s'effectue-t-elle ? Justifiez votre réponse. (1 point)
3. Donnez la classe grammaticale de "quelque chose" (ligne 27) (0,5 point)
4. Lignes
28-29 :
"Une voix qui appelait, dans le carton, une
voix d'enfant, une voix de bébé nouveau-né."
a.
Relevez les expansions du mot "voix" et donnez leur classe
grammaticale. (1 point)
b. Quelles précisions
apportent-elles sur la découverte d'Ali ? (0,5 point)
III
- L'enfant sous le pont
(4
points)
1. Lignes 38 à
40 :
"si petite qu'Ali devait serrer ses mains
pour qu'elle ne glisse pas"
"si légère
qu'il avait l'impression de ne tenir qu'une poignée de
feuilles"
a. Quel rapport logique est exprimé
dans les deux propositions en italique ? (0,5 point)
b.
Sur quelles caractéristiques du bébé
insistent-elles ? (0,5 point)
2. Ligne
43 :
"Cette poupée vivante" :
expliquez cette expression qui qualifie la petite fille. (0,5 point)
3. Lignes 44 à
46 :
Expliquez pourquoi le bébé est en
danger. Appuyez vous sur le texte pour justifier votre réponse.
(1 point)
4. Que représente le bébé pour Ali ? Justifiez votre réponse en vous appuyant sur votre lecture du texte. (1,5 point)
REECRITURE
(4 points)
Réécrivez
la phrase suivante : "Ce matin là, Ali était
fatigué. Il pensait à la bonne lampée de vin
qu'il allait boire avant de se coucher [...] sous sa couverture
militaire qui l'abritait du froid comme une tente."
Vous
remplacerez Ali par Ali et Marcel en effectuant toutes les
modifications nécessaires.
. Un
beau matin d'hiver – une matinée de brume, quand la
lumière du jour naissant se confond
encore
avec les halos des réverbères – un homme marchait
le long d'un canal. C'était un homme
non
pas trop âgé, mais usé par la vie, pour avoir
dormi dehors et avoir bu trop de vin. Cet homme-là
(mettons
qu'il s'appelait
Ali) n'avait pas de domicile, et pas vraiment de métier. Quand
les gens le
5 voyaient, ils disaient : "
Tiens ! L'estrassier. " C'est comme cela que les gens du
Sud appellent les
chiffonniers qui
vont de poubelle en poubelle et ramassent tout ce qui peut se
revendre, les cartons,
les vieux
habits, les pots de verre, même les piles de radio qu'on
recharge très bien en les laissant
au
soleil.
Pour
ramasser tout cela, il avait une poussette-landau du temps jadis,
avec une belle capote
10 noire et des roues à
rayons, dont une était légèrement voilée.
Pour les objets volumineux, il avait
une
charrette à bras.
Ali
se dirigeait vers le pont. C'est là qu'il habitait, et qu'il
gardait tous les trésors qu'il avait
ramassés
durant la nuit.
Ce
matin-là Ali était fatigué. Il pensait à
la bonne lampée de vin qu'il allait boire avant de
se
15 coucher sur son lit de cartons, sous sa
couverture militaire qui l'abritait du froid comme une tente.
Il
pensait aussi au chat gris qui devait être endormi sous la
couverture, en rond et ronronnant. Ali
aimait
bien son chat. Il l'avait appelé Cendrillon, à cause de
sa couleur.
Quand
Ali s'est approché de la tente, il a vu quelque chose
d'inattendu : à la place du chat, il y
avait
un carton entrouvert, que quelqu'un avait déposé là.
Tout de suite Ali a compris que ce carton
20 n'était
pas à lui. L'estrassier resta un moment à regarder,
plein de méfiance. Qui avait mis ce carton
là,
sur son lit ? Peut-être qu'un autre gars de la chiffe
avait décidé de s'installer ici, sous le pont ?
Il
avait laissé ce carton
pour dire : " Maintenant sous le pont, c'est chez moi
".
Ali
sentit la colère le prendre. Tout à coup il se souvint
qu'il avait été soldat, autrefois, dans
sa
jeunesse, et qu'il était
monté à l'assaut au milieu du bruit des balles. C'était
il y avait bien
25 longtemps, mais il se souvenait des
battements de son cœur de ce temps-là, de la chaleur du
sang
dans ses joues.
Il
s'approcha du carton, résolu à le jeter loin sur les
quais, quand il entendit quelque chose.
Quelque
chose d'incroyable, d'impossible. Une voix qui appelait, dans le
carton, une voix d'enfant,
une voix
de bébé nouveau-né. C'était tellement
inattendu qu'Ali s'arrêta, et regarda autour de lui,
30 pour
voir d'où venait cette voix. Mais sous le pont tout était
désert, il n'y avait que l'eau froide du
canal,
et la route qui passait au-dessus, où les autos avaient
commencé à rouler.
Alors
du carton sortit à nouveau la voix, claire, avec comme une
note d'impatience. Elle
appelait à
petits cris répétés, et comme Ali tardait
encore, les bras ballants, la voix se mit à pleurer.
En
même temps, Ali vit que le carton remuait, s'agitait sous les
coups donnés à l'intérieur.
35 "
Des chats! " dit Ali à haute voix. Mais en même
temps il savait bien que les petits chats
qu'on
a oubliés au bord d'un canal n'ont pas cette
voix-là.
Il
s'approcha encore, écarta les bords du carton avec ses mains
noircies et gercées, et avec
d'infinies
précautions il en sortit un bébé, une petite
fille pas plus grande qu'une poupée, si petite
qu'Ali
devait serrer ses mains pour qu'elle ne glisse pas, si légère
qu'il avait l'impression de ne
40 tenir qu'une poignée
de feuilles.
"
C'est elle, c'est l'enfant de sous le pont ", pensa-t-il.
[...]
De
sa vie, Ali n'avait jamais rien vu de plus joli, ni rien de plus
délicat et léger que cette petite
fille,
cette poupée vivante. Il la tenait dans ses bras, sans oser
approcher d'elle son visage à la barbe
hirsute.
L'air froid qui s'engouffrait sous le pont envoya voltiger des
papiers et bouscula le carton
45 vide, et Ali tout à
coup s'aperçut que le bébé était tout nu,
et que sa peau était rougie par le froid,
hérissée
de milliers de petites boules à cause de la chair de poule.
Jean-Marie
Gustave Le Clézio, L'enfant
de sous le pont
(2000)
Edition Lire c'est partir
I - L'ANALYSE ET LES DIFFICULTES
DU SUJET
L’effort
d’analyse est centré sur la découverte d’un
nouveau-né par un clochard. Le contraste entre cet ancien
combattant qui a la vie dure et le nouveau-né si fragile est
saisissant et révèle la grande délicatesse
d’Ali.
Une contrainte explicite : "Toutes vos
réponses devront être rédigées"
II – LE TRAITEMENT DES QUESTIONS
I – Le portrait de l’estrassier :
1. Lignes 1 à
11 :
a.
●
Il dort dehors, car il n’a pas de domicile.
●
Il boit trop.
●
Il n’a pas vraiment de métier.
b. Ali fait les poubelles, c’est pour cela qu’on l’appelle "l’estrassier", il récupère "tout ce qui peut se vendre".
2. Lignes
2-3 :
a. Le groupe infinitif en italique exprime l’idée
de cause.
b. C’était un homme non pas très
âgé, mais usé par la vie, parce qu’il avait
dormi dehors et bu trop de vin.
3. Lignes
23-24 :
a. Le champ lexical de la guerre est illustré
par les mots "soldat", "assaut" et "balles".
b.
On apprend que c’est un ancien combattant et qu’il a dû
faire preuve de courage, qu’il a souffert.
4. Ligne 38 :
a.
Le groupe nominal prépositionnel "avec d’infinies
précautions" est complément circonstanciel de
manière du verbe "sortit".
b. Le narrateur
met en valeur son amour des enfants, son respect de la vie, mais
surtout sa délicatesse.
c. Ali fait attention
qu’ "elle ne glisse pas". Il a conscience de sa
fragilité car il la compare à "une poignée
de feuilles". Il n’ose pas "approcher d’elle
son visage à la barbe hirsute".
II – La découverte :
1. Lignes
20-21 :
a. Cette phrase retranscrit les pensées
d’Ali qui sont rapportées par le narrateur.
b.
Il s’agit du discours indirect libre.
c. Qui a mis ce
carton là, sur mon lit ? Peut-être qu’un
autre gars de la chiffe a décidé de s’installer
ici, sous le pont ?
2. Lignes
27-36 :
La découverte s’effectue à
travers deux sens, l’ouïe principalement, mais aussi la
vue :
●
L’ouïe : "il entendit quelque
chose. […] une voix qui appelait […], une voix
d’enfant, une voix de bébé nouveau-né […],
d’où venait cette voix ? […] Alors du carton
sortit à nouveau la voix, claire, avec comme une note
d’impatience. Elle appelait à petits cris répétés,
et […] la voix se mit à pleurer."
●
La vue : "Ali […] regarda autour de lui. […]
Ali vit que le carton remuait."
3. Ligne
27
"Quelque chose" est un pronom indéfini.
4. Lignes
28-29 :
a.
●
"dans le carton" groupe nominal prépositionnel,
●
"d’enfant" groupe nominal prépositionnel,
●
"de bébé nouveau-né" groupe nominal
prépositionnel.
b. Ces précisions montrent
comment peu à peu Ali identifie la voix. Cette voix est
d’abord un simple appel, dont Ali identifie la provenance
("dans un carton"), avant de se rendre compte que c’est
un "enfant", puis qu’il s’agit d’un
"nouveau-né."
III – L’enfant sous le pont :
1. Lignes
38-40 :
a. Il s’agit d’un rapport de
cause-conséquence.
b. Elles insistent sur sa taille
("petite") et sur son poids ("légère"),
donc sur sa fragilité.
2. Ligne 43 :
Le
narrateur compare le "bébé" à une
"poupée", pour exprimer ce que ressent son
personnage.
●
Cela souligne son étonnement, cette petite a quelque chose
d’irréel dans ce carton, il a du mal à croire
qu’une enfant puisse se trouver là.
●
Cela souligne aussi sa perfection, sa beauté, Ali n’a
"jamais rien vu d’aussi joli".
3. Lignes 44 à 46 :
"L’air
froid" qui bouscule "le carton vide" permet à
Ali de se rendre compte de la fragilité de l’enfant qui
est nu dans ses bras. Il observe "sa peau rougie par le froid"
qui a "la chair de poule". L’enfant pourrait mourir
de froid.
4. Dans les lignes 44 à 46, le texte ne dit rien de précis et de direct sur ce que représente le bébé pour Ali. Il n’est qu’un petit être fragile et en danger.
Réécriture :
Ce matin-là, Ali et Marcel
étaient fatigués. Ils pensaient à la bonne
lampée de vin qu’ils allaient boire avant de se coucher
[...] sous leur couverture militaire qui les abritait du froid comme
une tente.
IV - LES FAUSSES PISTES
Aucune difficulté particulière ne se présentait,
si ce n’est parfois des questions un peu vagues qui admettaient
plusieurs réponses. Il ne fallait donc pas s’enfermer
dans une seule réponse possible mais essayer plusieurs choses,
comme par exemple sur le "trait de caractère d’Ali".