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Pourquoi ont-ils choisi ce collège ? Le témoignage des parents

Témoignage de parentsLeurs enfants passent leur scolarité dans un collège public ou privé. Des parents racontent comment ils ont « fait connaissance » avec l’établissement, les motivations qui ont joué dans leur choix.


« J’ai tenu compte du bouche à oreille »

Nathalie*, mère de Benjamin*, en 5e au collège public des Roseaux à Illkirch-Graffenstaden (67)

« Il existe deux collèges publics près de notre domicile et je n’ai pas pu m’empêcher de comparer les deux, même si mon fils a été inscrit d’office dans l’un d’entre eux, un ancien établissement situé dans une zone d’éducation prioritaire. J’étais prête à demander une dérogation s’il ne me convenait pas.

Mon premier réflexe a été de chercher le taux de réussite au brevet. Notre collège de secteur l’indiquait sur son site, mais pas le second établissement. Après, j’ai tenu compte du bouche à oreille. Des parents ayant déjà leurs enfants dans le collège de secteur m’ont donné de précieuses indications sur l’encadrement et la discipline. Par exemple, quand les élèves rentrent et sortent du collège, ils sont obligés de montrer leur carnet scolaire. Le principal ou son adjoint vérifie parfois les passages. Et si un élève est absent plus de 15 minutes, les parents reçoivent un SMS pour les avertir. C’est rassurant.

En allant à la réunion d’information, j’ai constaté que les professeurs étaient jeunes et dynamiques. Le directeur nous a prouvé à l’aide d’un graphique que les inscriptions étaient en hausse et le turn-over des enseignants très faible. La preuve qu’ils se sentent bien dans l’établissement.

J’ai vu que la cour et les locaux étaient propres, qu’il n’y avait pas de graffitis. Par contre, pour aller à la cantine, les élèves doivent prendre un bus pour rejoindre un lycée. Cela peut sembler un inconvénient, mais les repas sont préparés sur place, ils sont copieux, équilibrés et pas très chers. Dans l’autre collège, les élèves mangent sur place mais les plats proviennent d’un traiteur.

Aujourd’hui, je ne regrette pas ce choix. Mon fils a fait une bonne année en 6e et sa 5e s’annonce plutôt bien. Il est à l’aise et épanoui ».

 

« La personnalité du principal m’a plu »

Olivier, père de Mathieu en 6e et Marie en 4e au collège public Paul Bert à Chatou (78)

« C’est notre collège de secteur. Il n’est pas extraordinaire, le niveau des élèves y est plutôt moyen, le corps professoral bouge assez, mais nous en sommes contents. Et puis, il se situe à cinq minutes à pied de notre domicile. C’est important car ainsi nos enfants ne se fatiguent pas dans les transports.

Ma fille avait une préférence pour ce collège car ses copines y allaient aussi. Pour mon fils, c’était mieux et plus simple qu’il se retrouve dans le même collège que sa sœur.

La question du privé ne s’est pas posée, nous sommes attachés au service public, ma femme étant professeur d’anglais dans un lycée public proche, elle connait bien le niveau des élèves de ce collège.

Enfin, j’ai assisté au discours du principal à la rentrée. Sa personnalité m’a plu. Je pense que cela joue beaucoup dans la perception que l’on peut avoir d’un collège ».

 

« Je ne voulais pas d’un collège-usine trop élitiste »

Emmanuelle*, mère de Frédérique* en 4e au collège privé Blomet à Paris (15e)

« Ma fille a fait sa sixième et sa cinquième dans un collège privé à Brest où nous vivions alors. Elle avait peu de travail à fournir et les profs étaient souvent absents. C’était un peu la belle vie.

Quand nous avons déménagé à Paris, j’ai cherché un établissement privé avec des enseignants qui poussent les élèves à s’investir tout en étant vigilants à leurs difficultés, qui nouent une relation personnalisée avec eux et les encouragent. J’estimais que ce cadre convenait à notre fille qui a des capacités mais est un peu paresseuse. Je ne voulais surtout pas d’un collège-usine trop élitiste, avec une exigence scolaire trop élevée. J’avais peur que ma fille ne décroche.

J’avais gardé un bon souvenir de Blomet où j’avais fait hypokhâgne et qui scolarise aussi les collégiens. J’ai envoyé le dossier d’inscription accompagné d’une lettre de motivation où j’ai notamment précisé que j’étais une ancienne élève. Je ne sais pas si cela a joué. Puis j’ai rencontré la directrice et j’ai été convaincue par son discours et l’approche pédagogique.

Au début, l’investissement scolaire demandé par le collège n’enchantait pas ma fille. Je crois même qu’elle nous en a un peu voulu. Le niveau à atteindre lui faisait un peu peur et elle avait du mal à s’habituer au rythme demandé. Comme elle est en section européenne, son emploi du temps est bien rempli. Les premières semaines furent difficiles. Mais aujourd’hui, ça va mieux, même si les résultats sont encore un peu moyens. Par contre, elle s’est très bien intégrée, elle est épanouie et s’est fait des amis ».

 

« Je me suis laissée séduire, malgré quelques mauvais échos »

Emma*, mère de Alexandre*, élève de la 6e à la 3e dans un collège privé dans les Hauts-de-Seine

« Nous avons choisi ce collège par tradition familiale. Il est situé près de notre maison. Le cadre est exceptionnel : il y a un château, un grand bois, de l’espace, de bons équipements sportifs, un peu à l’image des collèges anglais. Mon fils était ravi, il avait l’impression d’entrer à Poudlard. Il était très motivé.

D’emblée, on m’a vendu un suivi et un encadrement personnalisé - exactement ce qu’il fallait pour mon fils qui n’était alors pas très autonome -, un beau projet pédagogique, un taux de réussite élevé. Je me suis laissée séduire, malgré quelques mauvais échos : le collège était catalogué comme un établissement destiné à « des parents aisés et des enfants gâtés », avec un niveau d’exigence relatif. Mais je n’en ai pas tenu compte. Mon fils a fait une très bonne sixième. Par contre, à partir de la cinquième, c’était le début de la dégringolade. J’ai tiré la sonnette d’alarme, mais je n’ai pas eu le sentiment d’être écoutée par l’école. J’ai manifesté mon mécontentement, sans retour. Je me suis sentie flouée : j’avais payé une prestation qui n’était pas à la hauteur de mes espérances.

En troisième, j’ai décidé de payer des cours particuliers à mon fils. Il a eu un « petit » brevet. Il était déçu, il pensait avoir de meilleures notes.

Aurait-il mieux réussi s’il avait été dans un autre établissement scolaire ? Je ne sais pas. Ma fille a aussi passé ses années de collège dans une école privée. Elle s’en est mieux sortie que mon fils, probablement grâce à un encadrement et un soutien plus importants. »

* Les prénoms ont été changés

 

Retrouvez le classement de ces établissements dans le palmarès des collèges de France-examen.

 

L’avis des associations de parents d’élèves

Valérie Marty, présidente de la PEEP

« Le collège idéal est celui qui s’adapte à l’enfant et non le contraire, avec une personnalisation de l’enseignement et un accompagnement proche de l’enfant. Ce qui est loin d’être le cas aujourd’hui. Le collège à l’heure actuelle délivre un enseignement très standardisé. L’enfant n’a pas le choix : il doit suivre ou rester à la traîne. Certains ont pourtant besoin d’être plus soutenus que d’autres, surtout à cet âge de l’adolescence fait de bouleversements et de changements perturbants »

 

Caroline Saliou, présidente de l’Apel

« Souvent, les familles manquent de recul et de réflexion, elles optent pour l’établissement qui a le meilleur résultat au brevet. Mais correspond-il vraiment à l’enfant ? Le souhaite-t-il ? Un enfant peut avoir son brevet de façon tout à fait honorable dans n’importe quel collège à partir du moment où il existe un bon accompagnement entre l’école et la famille ».