57,8%, c’est le taux de mention du brevet 2015. Un résultat record issu de l’édition 2016 du Palmarès des collèges de France-examen. Comparé à 2014, ce taux gagne cinq points ! Et cette progression vaut pour toutes les académies. Sept d’entre elles dépassent le seuil des 60% de mention contre deux au DNB 2014. Les départements ne sont pas en reste : 32 s’envolent au-delà de ce même taux contre 10 l’année passée. Quant aux collèges, ils sont plus de 40% contre 28% en 2014.
Quand le ministère de l’Education nationale se dit « surpris »…
Etonné par cette progression, nous avons contacté le ministère de l’Education nationale qui a préféré renvoyer la balle à la Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP) en charge des études statistiques sur le système éducatif. Cette dernière s’est dite « surprise », doutant des chiffres annoncés alors même que ce sont leurs propres données publiées depuis janvier dernier sur le site officiel data.gouv.fr. Jugeant prématuré de réagir, la DEPP nous a demandé de patienter jusqu’en mars. « Une explication plus fine des résultats sera publiée dans une note d’information sur le site du ministère » nous a-t-on assuré. Elle s’appuiera aussi sur les résultats de la session de remplacement du brevet qui se déroule chaque année en septembre. Mais avec le peu d’élèves qui passent les épreuves à cette période-là, il est peu probable que le taux de mention s’en trouve bouleversé…
Guadeloupe : du flop 3 en 2014 au top 3 en 2015
Autre source d’étonnement : les chiffres exceptionnels de la Guadeloupe où les sujets, comme dans l’ensemble des Dom, sont différents de ceux de la métropole. Cantonnée à la 28ème place nationale aux DNB 2013 et 2014, l’île se retrouve propulsée dans le trio de tête en 2015, avec un taux de mention historique de 67,5%, évinçant Nantes, éternelle troisième, et quasiment à égalité avec… Paris ! Cette région d’Outre-mer va même jusqu’à classer deux de ses établissements parmi les 30 meilleurs collèges de France et à entrer dans le top 10 des meilleurs départements.
Cette remontée spectaculaire ne surprend pas vraiment Guillaume Marsault, secrétaire académique du Syndicat national des enseignements de second degré (SNES FSU Guadeloupe) et professeur-correcteur en histoire-géo au DNB 2015. En dehors du fait que les sujets des épreuves étaient « très simples comme souvent en Guadeloupe », le syndicaliste dénonce des conditions de correction plus contraignantes que les années précédentes.
« Elles nous ont été imposées par une circulaire académique au nom d’une harmonisation des notes qui s’est traduite par un ’’flicage’’ des correcteurs. Par exemple : certains qui n’avaient pas atteints la moyenne préconisée par les corps d’inspection ont dû recorriger leurs copies pour l’améliorer… ». Pour le SNES FSU, pas de doute possible. Cette évaluation contrainte a visé à améliorer artificiellement les résultats au brevet 2015.
Interpellé sur le sujet, le recteur de la Guadeloupe n’a pas donné suite à notre demande d’interview.
Qu’est-ce qui explique le bond du taux de mention au brevet 2015 ? Nous avons interrogé des enseignants et des correcteurs. Des témoignages sans langue de bois…