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Brevet Série Collège Blanc Français 2003 : Texte de Jules Supervielle

Le corrigé

  2003 - Brevet Série Collège - Français - Questions
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I - QUELLE ANALYSE POUR CE SUJET ?

On vous proposait une série de questions sur le texte de Jules Supervielle, vous demandant une analyse d'ordre grammatical, lexical et stylistique.
Il fallait faire bien attention à la formulation des réponses, qui devaient être précises et complètes.
Des aspects importants (champs lexicaux, figures de style, emploi des temps..) ne devaient pas être négligés.

II - LES REACTIONS A CHAUD DU PROFESSEUR

On aura pu être surpris d'avoir à traiter un questionnaire portant sur un texte poétique.
Peut-être certains candidats ont-ils eu un peu de mal à "entrer" dans le texte.
Cependant, les questions ne posaient aucune réelle difficulté, pour un élève convenablement préparé.

III - QUESTIONS (15 points)

A - LA VICTIME (7 points)

1) (1,5 point)
C'est la forêt qui prend la parole en ce début de poème.
Les caractéristiques du discours direct sont :

  • l'emploi d'un verbe de déclaration : "dit".
  • la ponctuation : deux points et guillemets.
  • temps, pronoms personnels et adverbes propres au discours direct : "me", "moi", "je ", "pourtant", "longtemps". Le présent est le temps le plus employé.
  • On appelle cette figure de style une personnification.

    2) (1 point)
    Vers 4 : Il s'agit d'un jeu de mots sur une réalité naturelle. On trouve des oiseaux dans les branches d'arbre ("à la tête") et des fourmis aux pieds des troncs ("dans les jambes").
    Ce jeu de mots repose aussi sur des expressions bien connues : "jeter quelque chose à la tête de quelqu'un" et "avoir des fourmis dans les jambes".
    La première expression renvoie à l'hostilité dont est victime la forêt. La seconde évoque le fait que la forêt, docile, ne bouge jamais et a donc des "fourmis dans les jambes", comme une personne ankylosée.

    3) (1,5 point)
    Vers 2 à 4.
    a) (0,5 point)
    Le présent est ici un présent d'énonciation.
    b) (0,5 point)
    Le sujet en est toujours "on".
    c) (0,5 point)
    Les verbes appartiennent au champ lexical de la douleur (on admettra des termes équivalents comme "tourment", "torture", "agression", "blessure").
    Exemples tirés du texte : "harcèle", "traverse", "brise", "tourment".

    4) (1,5 point)
    vers 1 à 5
    a) (1 point)
    Le locuteur est désigné par trois formes différentes du pronom personnel : "moi", "me", "je".
    b) (0,5 point)
    La forme la plus fréquente est celle du pronom personnel complément "me".
    Sa fonction dans le vers 2 est COD des verbes : "harcèle", "traverse", "brise".

    5) (1,5 point)
    Le locuteur est une victime dont le bourreau est anonyme : "on".
    La forme du pronom de première personne du singulier la plus fréquente est "me", avec pour fonction COD. La forêt subit les violences, les attaques, les brimades qui lui sont imposées.
    De plus, elle est victime de tous ces tourments sans en connaître les raisons. C'est une victime innocente, qui ne se révolte pas.
    Par l'emploi du champ lexical de la torture évoqué dans la réponse 3, on constate un certain acharnement de puissances autoritaires inconnues.

    B - SON PLAIDOYER (5 points)

    1) 2 points
    a) (1 point)
    vers 8
    La nature grammaticale de "pourtant" est adverbe.
    Il exprime un lien logique d'opposition (ou de concession).

    b) (1 point)
    On pouvait, pour illustrer la docilité de la forêt, citer les vers :
    "Et je donnai de la racine tant que je pus" ;
    "J'en fis autant qu'il était raisonnable" ;
    "Je perdis mes feuilles jusqu'à la dernière" ;
    "Voilà longtemps qu'on n'a plus besoin de me commander" ;
    "Que l'on me dise ce que l'on attend de moi et je le ferai".

    2) (2 points)
    Vers 9 à 11.
    Le rythme de ces vers, qui comprennent deux phrases chacun, est binaire.
    La première phrase restitue les ordres donnés. La deuxième la mise en application immédiate de ces ordres et la docilité de la forêt à les exécuter.

    3) (1 point)
    On peut proposer comme synonyme de "docilité" le mot "obéissance".

    C - SA REQUETE (3 points)

    1) (1 point)
    Vers 15 et 16.
    Le "on", destinataire de la demande, représente l'ensemble des hommes qui maltraitent la nature, se pensant supérieurs à elle.
    Il peut représenter aussi les puissances divines (quelles qu'elles soient) qui président aux destinées de la nature.

    2) (1 point)
    Vers 15 à 18.
    La forêt exprime son désir d'être entendue par :

  • des injonctions : "que l'on me dise" ;
  • l'emploi du subjonctif et du conditionnel : "me dise", "me réponde", "pourrait" ;
  • l'emploi du futur qui marque sa détermination à obéir : "je le ferai" ;
  • le lexique de l'obéissance : "je le ferai", "je ne suis pas une révoltée", "je ne cherche querelle à personne", "il me semble tout de même".
  • 3) (1 point)
    On peut penser au vent qui souffle dans les branches des arbres de la forêt, bien sûr.
    Mais cette métaphore évoque "le vent de la révolte". En effet, la forêt en ayant assez de subir, d'obéir, a le désir latent de se libérer.
    "Questionneuse", c'est ce qu'elle devient, puisque sa révolte commence par des questionnements précis.
    Si l'on se rappelle l'ancien terme pour évoquer la torture ("la question"), on peut en déduire que de "questionnée", donc étymologiquement "soumise à la question", c'est-à-dire torturée, elle devient "questionneuse" donc en voie de révolte.

    III - REECRITURE ( 4 points)

    Passage du discours direct au discours indirect des vers 1 et 2 :

    "La forêt se plaignit que c'était toujours elle la sacrifiée
    Qu'on la harcelait, qu'on la traversait, qu'on la brisait à coups de hache."