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Brevet Série Collège Blanc Français 1999 : Texte de Romain Gary

Le corrigé

  1999 - Brevet Série Collège - Français - Questions
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I - GRAMMAIRE

1) Les quatre groupes adjectifs ou participes qui caractérisent le narrateur sont :

"complètement décontenancé, à demi aveugle, ayant épuisé, capitulant".

L'ordre dans lequel ils sont présentés montre la réaction progressive du narrateur : confondu par l'attitude de Valentine, faussement indifférente ; son incapacité à réagir, l'insuffisance de sa repartie ; sa défaite exprimée par le don dérisoire des "trois pommes vertes".
Cela donne l'image d'un narrateur vulnérable vis-à-vis de Valentine qui, par son indifférence jouée, l'amène très facilement à la capitulation, soit à l'aveu de son amour.
Il dit d'ailleurs un peu plus haut dans le texte que : "Valentine n'était pas femme à se laisser impressionner", ce qui est amusant concernant une enfant de neuf ans.

2) Le but est exprimé par une proposition subordonnée conjonctive finale : "de façon qu'il n'y eût plus jamais de place pour un autre homme dans sa vie". Il est aussi exprimé par un infinitif complément circonstanciel de but : "pour la subjuguer".
Cela montre le caractère exclusif du narrateur, qui veut éliminer tout homme de la vie de Valentine. Sa position est conquérante et il se croit d'avance vainqueur. Il est trop sûr de lui.
Il voudrait instaurer une relation dominant-dominée mais il va vite déchanter.

3) "Je peux dire" est un présent d'énonciation qui transcrit la pensée de l'auteur adulte au moment où il rédige ce texte autobiographique.

 

II - VOCABULAIRE

1) "Décontenancé" comporte un radical, "contenance", et un préfixe privatif, "dé-".
Le sens de l'adjectif est donc : celui qui a perdu contenance, perplexe, désemparé.

2) "Ayant épuisé mes munitions" montre que Romain Gary a utilisé toutes ses ressources (séduction, larmes, silence...) pour susciter l'attention de Valentine, qui reste indifférente.
Appartenant au champ lexical de la guerre, cette expression montre l'attitude offensive de Romain à l'égard de la fillette, comme dans un combat.
Il s'agit d'une métaphore.

3) "Comme en passant" évoque l'indifférence de Valentine, qui semble ne porter aucun intérêt véritable à Romain ni à l'information qu'elle va lui donner.
Elle fait comme si "ce n'était pas son problème", jouant les coquettes et excitant sa jalousie.

 

III - COMPREHENSION

1) L'emploi du mot "martyre" se justifie par l'énumération des supplices que Romain va endurer :

"Il va manger plusieurs poignées de vers de terre, des papillons, des cerises avec les noyaux, une souris, un soulier en caoutchouc".

Tel un chevalier de l'amour courtois, Romain s'impose des épreuves pour prouver sa flamme à sa belle.

2) Le narrateur n'est pas vraiment ridicule. Il est amoureux et cela le mène à des comportements peu raisonnables.
Il est aliéné par ce premier amour dans lequel il s'oublie et perd un peu de sa personnalité.
Tout cela est sans doute la conséquence de son impatience et de son manque d'expérience :

"la séduire immédiatement, la subjuguer, tout devenait feu et flamme autour de moi, mes larmes, bien plus jeune que Casanova, prouesse amoureuse".

3) Le narrateur évoque cette scène sur un ton satirique.
Il se moque un peu de lui-même et des débutants en amour, décrivant les excès auxquels peut mener une passion naissante.
Il ironise sur l'aveuglement et les actions déraisonnables que peut engendrer l'amour, ou ce qu'il croyait être l'Amour éternel, alors qu'il "lutte" contre une jeune coquette.

"immédiatement et pour toujours, je fis comme ma mère me l'avait dit, négligemment, pas femme à se laisser impressionner, la cruelle, capitulant sans conditions, martyre, prouesse amoureuse".

Tout le récit est teinté d'une tendresse nostalgique à l'évocation de ces moments pleins de candeur.