Interview responsable des relations internationales du CIDJ

. Que peuvent-ils faire après le Bac pour éviter ce manque de débouchés ? . Que fait le CIDJ pour développer les formations professionnelles ? . Qu est ce que le CIDJ peut faire lorsqu un conseiller d'orientation vous envoie un jeune ? . L'inscription à l'université prévue dès février peut-elle contribuer à mieux orienter les jeunes après le Bac ? . Que faire face aux annonces d'emploi qui établissent une sélection à partir du niveau d'étude ? . Vous connaissez pas mal de systèmes éducatifs étrangers, y-a-t-il des éléments que l'on pourrait reprendre dans le système français ? . Qu est-ce que l'information jeunesse ?
Quelques questions à Bernard Charbonnel, responsable des relations internationales du CIDJ

Que peuvent-ils faire après le Bac pour éviter ce manque de débouchés ?

Le CIDJ travaille beaucoup avec la région Ile-de-France. Il y a une tentative pour revaloriser les filières professionnelles pour qu'elles ne soient plus considérées comme des voies de garage. L'éducation nationale a compris cette nécessité et ?uvre notamment à la prise de conscience des parents.

Il y a une volonté de mettre en place des formations en alternance à tous les niveaux et pour tous les diplômes, depuis au moins une dizaine d'années. Le principe se base un peu sur le système allemand : on forme des jeunes en même temps chez un patron et à l'école. En France, l'éducation nationale a toujours été en retrait par rapport au monde du travail, cela peut expliquer la difficulté de développer ce type de formation. Cependant aujourd'hui les liens se tissent lentement et on revalorise des filières professionnelles où il y a un manque d'emplois. Pour aider les jeunes à réussir, les diplômes sont découpés en morceaux (en unités, plus précisément) et cela permet de valider ses acquis petit à petit et de décrocher un diplôme.

Que fait le CIDJ pour développer les formations professionnelles ?

On passe des conventions avec la région Ile-de-France. Elle est en charge de tout ce qui est insertion professionnelle, formation en alternance et relations avec les entreprises. Elle gère les Centres de Formation des Apprentis (les CFA) et le CIDJ doit communiquer aux jeunes que dans tel ou tel secteur il y a des débouchés.

Notre partenariat consiste donc principalement à mettre en valeur la formation professionnelle et les secteurs dans lesquels il y a des débouchés tandis que la région développe les formations.

Qu est ce que le CIDJ peut faire lorsqu un conseiller d'orientation vous envoie un jeune ?

L'éducation nationale est divisée en 2 : l'ONISEP pour la documentation et les CIO avec des conseillers d'orientation, psychologues ou non.
Leur documentation est très générale et décrit précisément le panel des formations. Notre documentation apporte des informations plus pratiques : c'est-à-dire des indications sur ce qu'il faut faire et ne pas faire. Il s'agit d'un panorama beaucoup plus large enrichi avec des conseils pratiques.

On ne parle pas que d'emploi. On amène des jeunes en situation d'autonomie, en leur donnant les éléments de base sur des problèmes qui les préoccupent, pour qu'ils puissent prendre des décisions au vu du contexte dans lequel ils sont.

L'inscription à l'université prévue dès février peut-elle contribuer à mieux orienter les jeunes après le Bac ?

Les jeunes sont contre une présélection à l'université. C'est la seule voie qui est dans ce cas. Toutes les autres : écoles, DUT, BTS, classes préparatoires ont une sélection ou des limites d'inscription bien précises. Très souvent les jeunes vont à l'université faute d'autres inscriptions dont ils ne se sont pas préoccupés auparavant.

S'il est impossible d'installer maintenant une sélection universitaire, il est possible de faire prendre conscience aux jeunes qu'ils doivent se soucier avant le mois de juin de s'inscrire dans une filière d'étude supérieure.

L'université est une solution ouverte à tout le monde et concerne énormément de jeunes. Si, demain, l'université ne leur est plus ouverte ils n'auront aucune solution. Ils se retrouvent alors sans diplôme supérieur sur le marché du travail.
Cette tentative peut rééquilibrer les calendriers pour les jeunes qui visent l'université. Peut être que ce système permettra de se poser la question au bon moment plutôt qu'après l'obtention du diplôme du Bac ou toutes les inscriptions sont closes.

Que faire face aux annonces d'emploi qui établissent une sélection à partir du niveau d'étude ?

Les jeunes qui ne réussissent pas à trouver d'emploi dans leur filière par manque de diplôme, de chance ou de contacts peuvent effectivement se retrouver dans des situations difficiles.
Les entreprises et les jeunes doivent prendre conscience que les premiers postes établissent une orientation particulière, parfois même une requalification vers une autre filière.
La valorisation des formations professionnelles va aider à ne plus sous-estimer la valeur des filières professionnelles et pousser les entreprises à proposer des postes adaptés à des formations plus courtes.

Vous connaissez pas mal de systèmes éducatifs étrangers, y-a-t-il des éléments que l'on pourrait reprendre dans le système français ?

En France l'organisation est centralisée sur le Ministère de l'éducation nationale. Il est presque impossible de pouvoir adapter les besoins locaux avec une hiérarchie centralisée. Ce système apporte une qualité d'enseignement mais empêche les régions et les communes d'agir sur leurs établissements, leurs jeunes, leurs formations.

Avec ce système centralisé, il est impossible d'apporter une réponse individualisée aux jeunes, car cette réponse passe forcément par la prise en compte de sa situation géographique. Ce qui existe dans d'autres pays et qui pourrait être intéressant, c'est la possibilité d'une gestion locale du système éducatif.
Le réseau IJ a de plus en plus une relation privilégiée avec les conseils régionaux, notamment afin de se pencher plus précisément sur les jeunes dont ils sont responsables.

Qu est-ce que l'information jeunesse ?

Elle a été créée en 1969 pour essayer d'apporter des informations aux jeunes sur tous les sujets pouvant les aider à prendre des décisions sur leur futur. A cette époque, la documentation proposée par le centre d'information jeunesse mettait en évidence des solutions générales apportées par la société et s'appliquant aux jeunes et aussi aux autres, et visant à mettre en place leur futur. L'idée n'était pas alors de les orienter à un niveau scolaire.
La crise qui a débuté dans les années 90 a entraîné du chômage. Les jeunes en difficulté ou non ont souffert du manque de structures d'accueil pour les former et les conseiller.

Dans la plupart des cas, encore aujourd'hui, les jeunes se retrouvent face à des filières plus ou moins sélectives. Une majorité entre à l'université et se retrouve vers 20 ans et plus dans un système où l'on fait des études mais où il n'y a pas de débouché professionnel.
Le rôle de l'information jeunesse est de répondre à leurs besoins. Aujourd'hui, il s'agit de les aider à prendre en compte leur situation globale afin de pouvoir prendre des décisions qui leur conviennent et non pas de leur proposer des solutions toutes faites qui s'appliqueraient à tout le monde .