Interview conseillère d'orientation psychologue au CIO

. Pourquoi aborder l'orientation semble si difficile pour certains ? . L'éducation à l'orientation revient à la mode, en classe de troisième plusieurs heures dans l'année lui sont consacrées, pourquoi ? . Existe-il un chemin à privilégier pour faciliter ses recherches ? . Vers quel conseiller peuvent-ils se tourner et comment va-t-il les aider ? . Quand se rendre sur un salon ? . Que pensez-vous de la proposition de préinscription à l'université des le mois de février ? . Pourquoi l'insertion professionnelle est-elle si difficile ? . Où peut s'adresser un élève qui veut faire des recherches et rencontrer un conseiller d'orientation ?
Quelques questions à Mireille Henry, conseillère d'orientation psychologue au CIO Mediacom

Pourquoi aborder l'orientation semble si difficile pour certains ?

L'orientation fait peur à tout le monde pour deux raisons. D'une part, on a l'impression de faire un choix définitif, c'est à dire un métier pour la vie, donc c'est très angoissant. Mais on dit toujours "choisir quelque chose c'est renoncer provisoirement au reste". Il faut se rassurer car le reste viendra après. On pourra changer d'avis.
D'autre part les organismes de formation : écoles, collège, lycée sont des structures où l'on répète aux élèves : "attention, si vous avez des mauvaises notes, vous allez être orienté ». Donc, dans l'inconscient populaire, il y a l'idée que l'orientation c'est être éjecté du système.

L'éducation à l'orientation revient à la mode, en classe de troisième plusieurs heures dans l'année lui sont consacrées, pourquoi ?

L'éducation à l'orientation, ce n'est pas nouveau, cela fait 27 ans que cela existe. C'est dommage que cela n'ait pas été mis plus en avant. Au contraire, les profs et les adultes entourant les élèves ont eu tendance jusqu à maintenant à parler d'une orientation par défaut. C'est à dire si vous n'êtes pas bon partout, vous ne pouvez pas aller en générale. Si vous n'avez pas des bonnes notes en Maths, vous ne pouvez pas aller en S. Ce n'est pas la solution car pour ceux qui ont eu des bonnes notes partout et se sont dirigés vers des filières générales sans se poser de questions, se retrouvent le bac en poche sans s'être jamais vraiment posé la question de leur orientation : c'est à dire trouver un projet professionnel.
L'éducation à l'orientation permet d'informer chacun des élèves et de leur faire prendre conscience de la nécessite de se questionner pour trouver son choix.

Existe-il un chemin à privilégier pour faciliter ses recherches ?

Tout le monde voudrait faire le test génial qui vous dit tout : quel métier je vais faire, en passant par quelle formation et dans quelle école, avec qui je vais me marier et combien je vais avoir d'enfants, ce test qui dirait qui vous êtes et pour quoi vous êtes fait, n'existe pas.
Par contre il existe des questionnaires d'intérêt qui permettent de mettre la personne en état de questionnement par rapport à ce qui est important pour elle, qu'est ce qu'elle a envie de développer, dans quoi elle éprouve du plaisir, donc d'aider à revenir sur ses expériences, ses valeurs, ses centres d'intérêts, qu'est ce qui est significatif et qu'on a envie d'explorer.
Ce questionnement ne peut pas intervenir à tout moment. La personnalité d'un adolescent est structurée vers 17-18 ans. Avant cet âge, il est très difficile de savoir ce que l'on veut car on ne sait pas qui on est. Donc à l'âge de la classe de troisième, vers 13-14 ans, il est presque impossible de choisir. Par contre c'est vraiment le moment de chercher, se documenter, d'explorer les différentes filières et métiers. Ils auront alors les cartes en main pour élaborer un projet professionnel en classe de Terminale au regard de tous les éléments qu'ils auront rassemblés et mettre en place la stratégie de réalisation. C'est à dire à long terme je fais quel métier, à moyen terme l'année prochaine je vise quoi et à court terme je m'inscris dans quel établissement.
Si l'élève est en échec scolaire à cet âge difficile de 13-14 ans, c'est le système scolaire qui va l'aider à s'orienter.

Vers quel conseiller peuvent-ils se tourner et comment va-t-il les aider ?

Cela dépend de l'étape où ils en sont.
Un élève qui s'est déjà posé des questions, a déjà :
  • identifié les 2-3 valeurs qui le caractérisent le plus (pour l'instant car on change tous),
  • identifié le secteur professionnel qui a à peu près les mêmes valeurs
  • quelques idées de projet dans la tête peut tout à fait rencontrer un conseiller du CIDJ qui va lui indiquer de la doc., lui donner son avis, peut être l'éclairer sur la réalité de certains métiers.

  • L'élève qui en est au début du processus de questionnement doit plutôt rencontrer un conseiller du CIO qui sera capable de trouver avec lui les premières pistes de recherche. De l'aider à se questionner sur lui, son expérience, son environnement. Il pourra aussi lui indiquer si les valeurs identifiées petit à petit sont de vraies valeurs. Par exemple à 18 ans on a tous envie de créer et de voyager, ce ne sont pas forcément des valeurs qui nous caractérisent personnellement.

    Quand se rendre sur un salon ?

    A n'importe quel moment car il est toujours intéressant de rencontrer des professionnels, de rassembler des documentations pour explorer.
    Un conseiller peut aider à faire le tri ensuite. Notamment par rapport aux écoles privées dont il faut se méfier. N'importe qui peut ouvrir une école et peut mentir sur son homologation et son programme. Il faut vérifier, surtout que le diplôme préparé soit un diplôme d'Etat.

    Que pensez-vous de la proposition de préinscription à l'université des le mois de février ?

    Le problème c'est que cela n'engendrera pas forcément que les étudiants ne s'inscrivent pas dans les filières qui ne leur correspondent pas.
    Par contre il est intéressant de les faire se questionner plus tôt que la fin de l'année scolaire.

    Pourquoi l'insertion professionnelle est-elle si difficile ?

    La recherche d'un travail confronte à la sélection qui existait à l'école avant. C'est un moment effrayant d'autant que les entreprises veulent que les jeunes diplômés soient immédiatement opérationnels sur leur poste alors que c'est impossible.
    L'alternance est une bonne solution du CAP à Polytechnique pour accumuler de l'expérience. Il faut par contre savoir qu'il est très difficile de trouver une entreprise même si elles disent toutes être pour. Les élèves sortant des classes générales auront beaucoup plus de mal que les élèves sortant des classes technologiques car ils ont déjà pratiqué en atelier.

    L'inconscient des profs pousse les élèves dans la voie générale alors que ce n'est pas une solution pour tout le monde. Cela va changer, mais c'est long car les technologies évoluent plus vite que les mentalités.

    Où peut s'adresser un élève qui veut faire des recherches et rencontrer un conseiller d'orientation ?

    Pour le conseil et l'accompagnement à l'élaboration d'un projet il faut s'adresser à un CIO. L'élève pourra rencontrer un conseiller d'orientation psychologue. La documentation est à consulter sur le site de l'ONISEP qui est un organisme d'Etat et du CIDJ ou dans leurs locaux (à Paris et en région).
    Les documentations fiables sont uniquement celles de l'ONISEP et du CIDJ, également consultables dans les CIO.
    C'est très important de le savoir car Internet donne accès à une multitude d'informations pour la plupart financée par de la publicité, notamment des écoles privées.
    Enfin, les salons sont une source d'informations importante et présentent l'avantage de leur permettre de rencontrer des professionnels.