Une mixité sociale en berne dans les collèges
Aujourd’hui, un collégien suit sa scolarité dans l’établissement situé près de son domicile. Mais certains parents peuvent contourner cette sectorisation délimitée par les conseils départementaux, en demandant une dérogation à l’académie (et donc à l’Etat) pour des motifs justifiés : handicap, prise en charge médicale, rapprochement de fratrie, parcours scolaire particulier… Dans les faits, ces arguments cachent souvent des raisons moins avouables comme éviter à l’enfant de fréquenter un collège n’ayant pas une bonne réputation ou situé dans un quartier sensible. Certains parents allant jusqu’à déménager près d’un établissement jugé plus attractif ou à utiliser une fausse domiciliation pour éviter le collège du secteur. Conséquences : les demandes de dérogation sont de plus en plus nombreuses, la concurrence entre les collèges publics s’exacerbent, les établissements privés se frottent les mains et la mixité sociale est en berne.
Expérimenter le secteur multi-collèges
Selon Libération, le ministère de l’Education a décidé de s’emparer du sujet en testant le principe du secteur multi-collèges (circulaire du 7 janvier 2015) auprès de quelques départements dont la Seine-Saint-Denis et l’Hérault. Concrètement, il s’agirait d’affecter un élève dans un collège proche de son domicile voire plus éloigné mais dans une zone géographique définie, et en tenant compte de la catégorie sociale des parents. Certains établissements gagneraient ainsi en diversité sociale. Cette mesure ne s’appliquerait qu’à un niveau local et non national, selon Le Figaro. La ministre Najat Vallaud-Belkacem devrait détailler cette expérimentation début novembre.
Mais à quelques mois des élections régionales, cette réforme de la carte scolaire convaincra-t-elle les élus des collectivités territoriales chargés de découper les secteurs ? Empêchera-t-elle les parents d’inscrire leurs enfants dans un collège privé ? Les persuadera-t-elle "des effets positifs ou neutres de la mixité sur les résultats scolaires" comme l’avance la sociologue Nathalie Mons ? Evitera-t-elle la ségrégation à l’intérieur des établissements avec la pratique des classes de niveau ?… La mesure promet une fois de plus de susciter bien des débats.