Le sujet 2008 - Brevet Série Collège - Français - Rédaction |
Avis du professeur :
Le sujet tient de la suite de texte, puisqu'il
s'articule sur le texte d'étude dont il constitue une suite possible, de la
lettre et du récit. |
La révolte a lieu. Le narrateur est puni. Il écrit à sa mère pour raconter les
faits et justifier sa participation au complot.
Rédigez cette lettre, qui comportera une partie narrative et développera les
arguments avancés par le narrateur pour expliquer son adhésion au projet de Michu.
Critères de réussite :
● Respect des codes de la lettre.
● Respect de la situation d'énonciation.
● Cohérence par rapport au texte de départ.
● Utilisation des discours narratif et argumentatif (présence de plusieurs
arguments).
● Correction de la langue :
- Respect de la construction des phrases.
- Précision du vocabulaire.
- Respect de l'orthographe.
(15 points)
TEXTE
Une
après-midi, à la récréation de quatre heures, le grand
Michu me prit à part, dans un coin de la cour. Il
avait un air
grave qui me frappa d'une certaine crainte ;
car le grand Michu
était un gaillard, aux poings énormes, que, pour
rien au monde, je
5 n'aurais voulu avoir pour ennemi.
- Écoute, me
dit-il de sa voix grasse de paysan à peine
dégrossi1, écoute, veux-tu en être ?
Je répondis
carrément : "Oui !" flatté d'être de quelque
chose avec le grand Michu. Alors, il m'expliqua
qu'il s'agissait
10 d'un complot. Les confidences qu'il me fit, me causèrent
une
sensation délicieuse, que je n'ai jamais peut-être
éprouvée
depuis. Enfin, j'entrais dans les folles
aventures de la vie, j'allais
avoir un secret à garder, une bataille à livrer.
Et, certes, l'effroi
inavoué que je ressentais à l'idée de me
compromettre de la sorte
15 comptait pour une bonne moitié dans les joies cuisantes de
mon
nouveau rôle de complice.
Aussi, pendant que
le grand Michu parlait, étais-je en
admiration devant lui. Il m'initia d'un ton un
peu rude, comme
un conscrit2 dans l'énergie duquel on
a une médiocre confiance.
20 Cependant, le frémissement d'aise, l'air d'extase
enthousiaste
que je devais avoir en l'écoutant finirent par
lui donner une
meilleure opinion de moi.
Comme la cloche
sonnait le second coup, en allant tous
deux prendre nos rangs pour rentrer à
l'étude :
25 - C'est entendu,
n'est-ce pas ? me dit-il à voix basse. Tu es
des nôtres... Tu n'auras pas peur, au
moins ; tu ne trahiras pas ?
- Oh !
non, tu verras... C'est juré.
Il me regarda de
ses yeux gris, bien en face, avec une vraie
dignité d'homme mûr, et me dit encore :
30 - Autrement, tu sais, je
ne te battrai pas, mais je dirai
partout que tu es un traître, et personne ne te
parlera plus.
Je me souviens
encore du singulier effet que me produisit
cette menace. Elle me donna un courage énorme.
"Bast ! me
disais-je, ils peuvent bien me donner deux mille
vers3 ; du diable
35 si je trahis Michu !" J'attendis avec une
impatience fébrile
l'heure du dîner. La révolte devait éclater au
réfectoire.
Emile Zola, "Le grand Michu" (1874)
Nouvelle extraite des Nouveaux contes à Ninon
Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard
1 Encore rude et rustre.
2 Soldat débutant.
3 Punition consistant à copier deux mille vers.
I - L'ANALYSE ET LES DIFFICULTES DU SUJET (15 points)
Sujet |
Contraintes et critères de réussite |
La révolte a lieu. Le narrateur est puni. |
►Circonstances
qui rappellent le texte d'étude : |
Il écrit à sa mère... |
►Enonciation
et genre littéraire : |
pour raconter les faits et justifier sa participation au complot. |
►Textes
narratif et argumentatif : |
● La suite du sujet ne fait que reprendre en explicitant les termes du sujet rappelés ci-dessus : "Rédigez cette lettre, qui comportera une partie narrative et développera les arguments avancés par le narrateur pour expliquer son adhésion au projet de Michu."
● Les critères de
réussite rappellent une deuxième fois le sujet et ajoutent la correction de la langue :
- Respect de la construction des phrases.
- Précision du vocabulaire.
- Respect de l'orthographe.
II - LES DIFFERENTS TYPES DE PLANS POSSIBLES
On pouvait
traiter le sujet de différentes manières et tout sera accepté si les
contraintes du sujet ont été respectées et que votre lettre laisse clairement
apparaître une ou des partie(s) narrative(s) et une ou des partie(s) argumentative(s).
On pouvait notamment satisfaire au sujet :
● Par un plan
analytique en deux parties :
1. Le narrateur raconte la révolte au
réfectoire et la punition qui a suivi. Il minimise sa participation.
2. Le narrateur justifie sa participation
par la manière dont le grand Michu l'a abordé et l'a mis dans le coup, en le
menaçant.
Ce plan est celui qui semble être recommandé dans le sujet mais on peut parfaitement le traiter autrement :
● Par un plan chronologique en trois
parties :
1. Le narrateur raconte d'abord la manière
dont le grand Michu l'a abordé et l'a mis dans le coup, il justifie sa décision par la peur qu'il a ressentie.
2. Le narrateur raconte la révolte au
réfectoire et explique sa participation en la
minimisant.
3. Le narrateur raconte la punition et explique que, bien qu'il n'ait pas fait grand-chose,
il n'a pas voulu trahir la confiance du grand Michu.
Dans ce dernier cas, chaque partie de la narration sera suivie d'une explication.
III - LES PISTES DE REPONSES
Le plan choisi, et qui nous a semblé le plus simple, est celui de type analytique.
PREMIERE PARTIE
La narration
● Le début de la narration devait consister à reprendre la situation initiale énoncée dans le texte en les
récrivant à votre manière :
"Une après-midi, à la récréation de quatre heures, le grand Michu me prit
à part, dans un coin de la cour. Il avait un air grave qui me frappa d'une
certaine crainte ;
- Écoute, me dit-il de sa voix grasse de paysan à peine dégrossi, écoute,
veux-tu en être ?
Je répondis carrément : Oui !
A l'heure du dîner, la révolte devait éclater au réfectoire."
● Le deuxième moment de la narration consistait à inventer la révolte. Il fallait imaginer l'atmosphère pesante et silencieuse des réfectoires d'autrefois plongés dans un silence austère et tout à coup, au signal donné par le grand Michu, tout le monde se met à parler, à taper du pied, à faire du bruit avec ses couverts contre l'assiette, en commençant une bataille de purée....
● Le troisième moment consistait à imaginer le retour à l'ordre, l'intrusion brutale du surveillant général, l'arrestation des coupables, les punitions...
Transition
L'enfant pouvait introduire une série
d'explications en disant d'abord qu'il avait subi malgré lui le sort des
coupables.
DEUXIEME PARTIE
L'argumentation
● Le narrateur commence par dire que même s'il était dans le coup, premièrement
il n'a presque rien fait.
● Le
narrateur affirme en outre qu'il n'a pas eu le choix : il a été obligé de participer et s'il avait dénoncé le
grand Michu, il l'aurait payé cher.
Vous pouviez vous appuyer sur cette partie-là en la reformulant :
"Autrement, tu sais, je ne te battrai pas, mais je dirai partout que tu es
un traître, et personne ne te parlera plus. Je me souviens encore du singulier
effet que me produisit cette menace."
● Le
narrateur parle de sa peur.
Vous pouviez vous appuyer en les reformulant sur
certains passages du récit qui décrivent l'impression que lui cause le
grand Michu et la terreur qu'il lui inspire :
"Il avait un air grave qui me frappa d'une certaine crainte ; car le
grand Michu était un gaillard, aux poings énormes, que, pour rien au monde, je n'aurais
voulu avoir pour ennemi."
CONCLUSION
Le narrateur demande pardon à sa mère pour ce qu'il a fait et la supplie de tenir compte des circonstances atténuantes qui ont motivé sa participation.
IV - LES FAUSSES PISTES
Il était préférable d'éviter soigneusement de dire le plaisir ressenti, car cela aurait rendu le narrateur coupable aux yeux de sa mère, or son but ne pouvait être que de se faire pardonner.