Le sujet 2008 - Bac STG Comm. gestion RH - Histoire - Questions |
Avis du professeur :
Les questions posées portent sur les trois grandes parties
du programme. Elles sont conformes aux attendus définis par les
instructions officielles. |
Sujet d'étude : L'Inde à partir de 1947
Si l'Inde s'est attribué le titre de
"plus grande démocratie du monde", c'est d'abord en vertu de
l'exceptionnelle trajectoire électorale qu'a parcourue ce pays d'un milliard
d'habitants : d'une part l'abaissement de vingt et un ans à dix-huit ans
de la majorité lui a fait passer le cap de 500 millions d'électeurs en 1989 ;
d'autre part le pays a organisé treize scrutins nationaux au suffrage
universel, étalés sur un peu plus d'un demi-siècle, une performance inégalée
dans les pays du Sud. D'autant que l'Inde appartient au cercle restreint des
démocraties à alternance.
[...] Pourtant, malgré les richesses de ce legs et de
l'expérience accumulée depuis 1947 - date à laquelle l'Inde adopte le
parlementarisme à l'anglaise, suffrage universel compris -, la démocratie
indienne reste fragile et l'Etat de droit, menacé.
[...] L'autre menace* pesant sur la démocratie indienne
est la persécution des minorités religieuses. La montée en puissance des
nationalistes hindous sur la scène publique s'est traduite dans les années 1990
par une série d'émeutes dont les musulmans et les chrétiens ont été les
principales victimes. Dans le même temps, la place des minorités religieuses
dans le champ politique s'est réduite : les députés musulmans ne sont plus
aujourd'hui qu'une poignée.
En revanche, les castes les plus basses ont, elles,
fait irruption dans le jeu politique au cours des années 1990. D'une part, les
politiques de discrimination positive mises en œuvre en faveur des intouchables
ont suscité l'émergence d'élites nouvelles. D'autre part, les autorités de New
Delhi ont entrepris d'étendre certaines de ces mesures aux basses castes se
situant juste au-dessus des intouchables.
Ces évolutions reflètent une véritable démocratisation
de la démocratie indienne. La base sociale du régime s'élargit.
* La première menace étudiée par l'auteur est la corruption.
Christophe Jaffrelot, "Une si belle démocratie", L'Histoire, n°278, juillet-août 2003.
QUESTIONS :
1. Dégagez les principaux caractères du système
politique indien.
2. Qui a influencé l'organisation de ce système ?
3. Quels arguments du texte nuancent ou remettent en cause le titre que
s'attribue l'Inde ?
4. Que nous apprend ce texte sur l'évolution du système politique indien ?
5. Sur le plan politique, l'Inde se différencie-t-elle des autres pays
décolonisés ?
Justifiez votre réponse.
Le sujet propose l'analyse d'extraits de l'article de Christophe Jaffrelot,
"Une si belle démocratie", paru dans L'Histoire en
juillet-août 2003. L'historien présente les caractéristiques du système
politique indien, son évolution depuis 1947 et ses limites liées à
l'organisation de la société indienne.
1. Les principaux caractères du système politique indien sont les suivants :
● L'Union indienne est une démocratie. Le pouvoir
émane du peuple. C. Jaffrelot précise qu'en 1989, "le cap de 500 millions
d'électeurs" a été passé (l.4) et qu'est en place, depuis 1947, le
suffrage universel (l.9).
● Cette démocratie
est représentative.
En 1947, l'Inde a adopté le parlementarisme (l.9) ; "treize scrutins
nationaux" ont été organisés depuis le milieu du siècle : elle est
une démocratie parlementaire.
● Ce système fait de l'Inde une "démocratie
à alternance" (l.7). Pour gouverner, le
Premier ministre s'appuie sur la majorité à la Chambre du peuple, susceptible de changer lors des élections nationales.
2. Ce système a été influencé par le Royaume-Uni, ancien pays colonisateur de l'Empire des Indes dont est issue l'Union indienne. C. Jaffrelot rappelle que l'Inde a adopté en 1950 "le parlementarisme à l'anglaise" (l.9).
3. Plusieurs arguments nuancent ou remettent en cause le titre de "plus grande démocratie du monde" que s'attribue l'Inde. Tout d'abord, bien que l'Inde se définisse comme laïque, pluraliste et "moderne", les minorités religieuses musulmanes et chrétiennes sont l'objet de persécutions comme dans les années 90 (l.11-14). Ensuite, ces mêmes minorités sont très mal représentées sur "le champ politique". C. Jaffrelot dit que "les députés musulmans ne sont plus aujourd'hui qu'une poignée". Par ailleurs, malgré de nets progrès, les élites issues des castes les plus basses et des intouchables sont encore sous représentées (l.17-21). Enfin, le système est fragilisé par la corruption (cf. note du texte) qui menace directement l'Etat de droit.
4. Ce texte nous apprend que l'Union indienne, malgré
certaines réserves, s'est engagée depuis la fin
des années 80 dans une véritable démocratisation de son système politique. (l.22) :
● par l'accroissement de la base électorale en
1989 grâce à "l'abaissement de vingt et un ans à dix huit ans de la
majorité" (l.34) ;
● par la politique de discrimination positive qui a permis l'émergence d'élites
politiques issues des castes inférieures et des intouchables (l.17-21).
5. Sur le plan politique, l'Inde se différencie de la plupart des autres pays
décolonisés qui ont adopté des régimes autoritaires aux lendemains de leur
indépendance. Un dictateur, un parti unique ou
l'armée s'est, selon le cas, accaparé le pouvoir. Des dictatures sanglantes ont
ici ou là marqué l'histoire comme celle de Idi Amin Dada en Ouganda dans les
années 70 ou celle de Mobutu Sese Seko au Zaïre du milieu des années 60 à la
fin des années 90.
Notons que certains pays anciennement colonisés ont connu un vent de
démocratisation depuis le début des années 90, suite à la fin de la guerre
froide et aux nouvelles conditions pour obtenir l'aide internationale,
démocratie et pluralisme.