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Annales gratuites Bac Général ES spé SES : Changement social et conflits chez Marx et Engels

Le sujet  1996 - Bac Général ES spé SES - Sciences Economiques et Sociales - Question de synthèse Imprimer le sujet
LE SUJET

I - TRAVAIL PREPARATOIRE

Vous répondrez à chacune des questions en une dizaine de lignes maximum.

1 - Que signifie le nombre en gras dans le document 1 ?

2 - Quelles conséquences les pertes d'emplois observées dans certains secteurs ont-elles pu avoir sur le mouvement ouvrier ? (document 1)

3 - Comment interprétez-vous la hausse sensible du vote en faveur des non syndiqués ? (document 2)

4 - Quel constat peut-on établir sur l'évolution de l'influence respective des différents syndicats ? (document 2)

5 - Sur quoi repose, pour Marx et Engels, l'antagonisme entre bourgeoisie et prolétariat ? (document 3)

6 - Quel est le principal élément de division de la classe ouvrière mis en valeur par Marx et Engels ?(document 3)

7 - Est-ce que "le développement de l'industrie" a entraîné une croissance du "nombre de prolétaires" comme l'affirme Marx ? (document 3)


II - QUESTION DE SYNTHESE

Après avoir analysé les facteurs d'affaiblissement de la classe ouvrière, vous mettrez en évidence les conséquences de cette évolution sur les conflits sociaux aujourd'hui.

Document 1 :

L'emploi ouvrier de 1982 à 1990 selon le secteur d'activité économique

Secteur1 d'activité économique

Effectif ouvrier (en milliers)

Variation annuelle moyenne (en %)

1990

Variation

1982-1990

…du nombre des ouvriers

…du total de la population occupée

Charbonnages

17

-27

-11,2

-10,8

Production de pétrole et gaz naturel

6

-6

-8,3

-2,7

Sidérurgie, mines de fer

57

-53

-7,9

-6,6

Constructions navales et aéronautiques, armement

81

-37

-4,6

-2,2

Mines et production de métaux non ferreux

34

-14

-4,2

-3,3

Chimie de base, fibres artificielles

57

-23

-4,1

-2,4

Construction électrique et électronique professionnelle

200

-30

-4,1

-3,2

Industrie des textiles et de l'habillement

278

-108

-4,0

-3,6

Automobiles, matériel de transport terrestre

275

-62

-2,5

-2,2

Electricité, gaz et eau

57

-13

-2,4

0,4

Construction mécanique

255

-55

-2,4

-1,7

Hôtels, cafés, restaurants

111

16

2,0

2,2

Services non marchands

429

66

2,1

1,6

Télécommunications et postes

26

6

3,6

0,2

Services marchands aux particuliers

358

110

4,7

3,3

Services marchands aux entreprises

205

73

5,7

4,9


Source : INSEE, Recensements de la population, sondage au 1/20e, Alain Chenu, "Une classe ouvrière en crise", Données sociales 1993.

1. Les secteurs sont classés selon l'ordre croissant de la variation annuelle moyenne du nombre des ouvriers. Seuls les secteurs extrêmes figurent dans le tableau.


Document 2 :

Résultats des élections aux comités d'entreprise de 1966 à 1990.



Source : Nicole Pinet, "L'influence syndicale en question", Ecoflash, novembre 1991.
Lecture : En 1966, sur 100 suffrages exprimés lors des élections aux comités d'entreprise, 8 (soit 78-70) se sont portés sur FO ; en 1990, 15 (soit 58-43) se sont portés sur FO.


Document 3 :

Le prolétariat passe par différentes phases d'évolution. Sa lutte contre la bourgeoisie commence avec son existence même.
La lutte est engagée d'abord par des ouvriers isolés, ensuite par les ouvriers d'une même fabrique, enfin par les ouvriers d'une même branche d'industrie, dans une même localité, contre le bourgeois qui les exploite directement. (…)
A ce stade, le prolétariat forme une masse disséminée à travers le pays et émiettée par la concurrence. (…)
Or, le développement de l'industrie, non seulement accroît le nombre des prolétaires, mais les concentre en masses plus considérables ; la force des prolétaires augmente et ils en prennent mieux conscience. (…)
Les collisions individuelles entre l'ouvrier et le bourgeois prennent de plus en plus le caractère de collisions entre deux classes. (…)
Cette organisation du prolétariat en classe, et donc en parti politique, est sans cesse détruite de nouveau par la concurrence que se font les ouvriers entre eux. Mais elle renaît toujours, et toujours plus forte, plus ferme, plus puissante.

Karl Marx et Friedrich Engels, Le Manifeste du parti communiste, 1848.

LE CORRIGÉ

I - ANALYSE DU SUJET

Ce sujet porte sur le processus du changement social et en particulier sur l'analyse des conflits.

Il permet de traiter la perte d'influence de la classe ouvrière et ses effets sur les conflits sociaux.

Les points importants à traiter sont la modernisation du travail, le déclin syndical et l'évolution des luttes.

Des connaissances personnelles sur l'analyse marxiste des classes sont nécessaires pour traiter la question 5 en particulier.


II - TRAVAIL PREPARATOIRE

Question 1 :

Dans les industries textiles et d'habillement, le nombre d'ouvriers a baissé de 4% par an entre 1982 et 1990, ce qui correspond à une diminution de 108 000 ouvriers.

Question 2 :

Les pertes d'emplois concernent surtout les grandes entreprises, bastions des syndicats ouvriers. Elles entraînent la diminution du nombre de syndiqués, donc des luttes. La perte de l'influence syndicale affaiblit les salariés dans les négociations avec le patronat et l'Etat.

Question 3 :

Les listes de non syndiqués ont obtenu 22% des voix aux élections des C.E. en 1990 contre 12-13% en 1966.
Cette augmentation correspond à un double phénomène :
L'emploi s'est surtout développé dans les P.M.E. où les syndicats sont peu présents.
Ces chiffres traduisent aussi la réticence des salariés à s'engager dans les syndicats.

Question 4 :

L'influence des syndicats contestataires comme la C.G.T. diminue ; les syndicats modérés (C.F.D.T., F.O., C.G.C.) maintiennent leurs positions.

Question 5 :

L'antagonisme entre la bourgeoisie et le prolétariat repose sur la division de la société en deux classes sociales opposées, l'une possédant les moyens de production et l'autre ne possédant que sa force de travail étant obligée de la vendre pour vivre.

L'exploitation des travailleurs entraîne donc une plus value que s'approprie la bourgeoisie.

Question 6 :

La concurrence entre les ouvriers pour l'emploi et les salaires est le principal élément de la division de la classe ouvrière pour Marx et Engels.

Question 7 :

Marx a vécu et écrit au moment de l'industrialisation.

Le développement de l'industrie peut être apprécié par le poids de l'industrie dans le PIB et dans l'emploi total. L'emploi ouvrier dans l'industrie progresse dans les P.D.E.M. jusqu'en 1975.

Les transformations de l'organisation de la production industrielle actuelle se traduisent par la diminution du nombre d'ouvriers non qualifiés, la stagnation des ouvriers qualifiés, la progression des techniciens.

L'analyse marxiste semble remise en cause.



III - QUESTION DE SYNTHESE

Introduction

Dans les grandes mutations sociales depuis cinquante ans, l'affaiblissement de la classe ouvrière est souvent évoqué. Cet affaiblissement relatif dont on analysera l'origine et les manifestations a des conséquences importantes sur les conflits sociaux qui traversent les sociétés modernes.

A - Les facteurs de l'affaiblissement de la classe ouvrière

1) La baisse du nombre d'ouvriers

La crise et les restructurations ont entraîné la suppression de centaines de milliers d'emplois ouvriers (doc. 1).

Les familles ouvrières sont fortement touchées par le chômage.
Les syndicats implantés dans les activités touchées par la crise ont perdu un grand nombre d'adhérents. Leur audience dans les élections professionnelles diminue (doc. 2).

Le poids relatif des ouvriers a baissé dans la population active du fait de la progression des autres catégories (professions intermédiaires, employés, cadres supérieurs).


2) La perte d'homogénéité du groupe

Déjà faible auparavant, l'homogénéité a tendance à disparaître (doc. 3).
La précarisation des emplois touche beaucoup les ouvriers. Ils travaillent de plus en plus dans les services et les P.M.E..

Les caractéristiques professionnelles des ouvriers qualifiés se rapprochent de celles des techniciens. Les ouvriers non qualifiés sont menacés par la marginalisation (doc. 3).

B - Les conséquences de cette évolution sur les conflits aujourd'hui.

1) Depuis le début de la crise, on assiste à une baisse du nombre des journées de grève en France.

Les conflits moins nombreux deviennent catégoriels (S.N.C.F., R.A.T.P., sidérurgie) et prennent un caractère parfois désespéré et violent.


2) On assiste à une moyennisation de la société.

La classe ouvrière perd son caractère unitaire, et certains sociologues pensent même qu'elle perd son identité en s'homogénéisant.

Les conflits qui éclatent encore se caractérisent par la défense de l'emploi, contre les licenciements et pour le maintien des avantages acquis.

L'analyse marxiste serait-elle dépassée ?


Conclusion

Le monde ouvrier ne se prête plus aux mêmes analyses. Une nouvelle société est en train de se dessiner. Les syndicats sont sans doute appelés à y jouer un nouveau rôle, dans un contexte de plus en plus mondialisé.

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