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Annales gratuites Bac Général ES spé SES : Division du travail chez Marx

Le sujet  2002 - Bac Général ES spé SES - Sciences Economiques et Sociales - Question Imprimer le sujet
LE SUJET

DOCUMENT 1

    Pour qu'un capitaliste puisse en battre un autre et s'empare de son capital, il faut qu'il vende moins cher que lui. Pour pouvoir vendre moins cher sans se ruiner il faut qu'il produise à meilleur marché, c'est-à-dire qu'il augmente au maximum la productivité du travail. Or la productivité du travail tient avant tout à une division du travail plus poussée, à la généralisation et au perfectionnement constant du machinisme. A mesure que grandit l'armée des travailleurs entre lesquels le travail est réparti, et que le machinisme prend des dimensions plus gigantesques, les frais de production diminuent proportionnellement, et le travail devient plus fructueux. On voit donc naître une émulation universelle entre les capitalistes ; c'est à qui poussera la division du travail et développera le machinisme pour les exploiter sur une plus grande échelle. [...]
    A mesure que le travail se divise, il se simplifie. L'habileté particulière d'un travailleur perd sa valeur. [...] Son travail, n'importe qui pourrait le faire. Le voilà donc entouré de concurrents toujours plus nombreux. [...]
    A mesure que le travail devient plus insatisfaisant [...], la concurrence augmente et le salaire diminue. Le travailleur cherche à sauvegarder la masse de son salaire en travaillant davantage : ou bien il fait plus d'heures, ou bien il fournit plus en une heure. La misère le pousse donc à aggraver encore les conséquences néfastes de la division du travail.

Source : Karl Marx, Travail salarié et capital, Gallimard, 1963, (première édition 1848).

DOCUMENT 2

    Les catégories particulièrement concernées par le travail répétitif en France (en %)

Source : CNAM, in Dossiers et Documents, septembre 2001, Le Monde.

QUESTIONS

1) A l'aide de vos connaissances et du document 1, vous analyserez les effets de la division du travail chez Marx. (9 points)

2) Expliquez la phrase soulignée (document 1). (5 points)

3) Le document 2 confirme-t-il l'analyse de Marx sur la division du travail ? (6 points)

LE CORRIGÉ

ELEMENTS DE CORRECTION

Question 1

La division du travail est analysée ici par Marx au sein de l'entreprise. Marx évoque ici la division technique du travail (entre des salariés) et non la division sociale du travail (entre des producteurs ou des entreprises) Marx montre ici que cette division technique du travail permet aux capitalistes (propriétaires de moyens de productions) d'accroître la productivité du travail et ainsi de produire à faibles coûts. C'est ainsi que l'entreprise deviendra concurrentielle et pourra "battre les autres".
Pour se maintenir, l'entreprise capitaliste est donc obligée de diviser toujours plus le travail et d'utiliser toujours plus de machines.
La division du travail a de plus des effets sur le prolétariat. Celui-ci se voit peu a peu dépossédé de son savoir-faire, de son "métier" puisque la division du travail le fait devenir plus simple.
Les prolétaires deviennent donc facilement substituables, la pression des employeurs sur les salaires n'en est que plus facile.
On peut encore ajouter que la division du travail conjuguée au machinisme conduit a la concentration de la main d'œuvre.
D'après Marx, cette concentration de la force de travail ne peut qu'alimenter la lutte des classes et la résistance à l'exploitation. "La bourgeoisie crée donc ses propres fossoyeurs!!!" conclura Marx.

 

Question 2

Avec la division du travail et sa simplification, le prolétaire est mis en concurrence avec d'autres. Son salaire diminue, d'autant plus que le capitaliste veut maximiser la plus-value.
Pour survivre, le prolétaire qui n'a plus que sa force de travail à vendre, est obligé de travailler plus ou plus vite.
Il justifie ainsi la division du travail et la renforce.

 

Question 3

Le document illustre, chiffres à l'appui, la progression importante de la part des salariés qui déclarent avoir un travail répétitif. Entre 1984 et 1998, le pourcentage des ouvriers qualifiés de type industriel qui déclarent avoir un travail répétitif passe de 34% à 51%. La progression pour les autres catégories est tout aussi forte ( 45% à 68% chez les ouvriers non qualifiés de type industriel).
Ces évolutions confirment ainsi l'analyse de Marx. La recherche d'une productivité toujours plus forte passe souvent par une plus grande division du travail et donc un travail répétitif.
On peut toutefois relativiser l'analyse en rappelant que les chiffres portent sur des salariés dont les activités peuvent plus facilement être "taylorisées".
Dans le secteur des services, la taylorisation progresse indiscutablement mais se cantonne encore souvent aux tâches peu qualifiées (activité ménagères, restauration rapide...).
Par ailleurs, certaines entreprises sont devenues sensibles aux effets contre-productifs d'une division trop poussée du travail.

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