Suivez-nous
 >   >   >   > Durkheim et la solidarité

Annales gratuites Bac Général ES spé SES : Durkheim et la solidarité

Le sujet  2001 - Bac Général ES spé SES - Sciences Economiques et Sociales - Question Imprimer le sujet
LE SUJET

La nature et les formes du lien social à partir de l'analyse de Durkheim.

Document

     Est moral, peut-on dire, tout ce qui est source de solidarité, tout ce qui force l'homme à compter avec autrui, à régler ses mouvements sur autre chose que les impulsions de son égoïsme, et la moralité est d'autant plus solide que ces liens sont plus nombreux et plus forts. On voit combien il est inexact de la définir, comme on a fait souvent, par la liberté; elle consiste bien plutôt dans un état de dépendance. [...]
     Or, non seulement la division du travail présente le caractère par lequel nous définissons la moralité, mais elle tend de plus en plus à devenir la condition essentielle de la solidarité sociale. A mesure qu'on avance dans l'évolution, les liens qui attachent l'individu à sa famille, au sol natal, aux traditions que lui a léguées le passé, aux usages collectifs du groupe se détendent. Plus mobile, il change plus aisément de milieu, quitte les siens pour aller ailleurs vivre d'une vie plus autonome, se fait davantage lui-même ses idées et ses sentiments. Sans doute, toute conscience commune ne disparaît pas pour cela [...]. Mais combien c'est peu de chose surtout quand on songe à l'étendue toujours croissante de la vie sociale, et, par répercussion, des consciences individuelles ! Car, comme elles deviennent plus volumineuses, comme l'intelligence devient plus riche, l'activité plus variée, pour que la moralité reste constante, c'est-à-dire pour que l'individu reste fixé au groupe avec une force simplement égale à celle d'autrefois, il faut que les liens qui l'y attachent deviennent plus forts et plus nombreux. Si donc il ne s'en formait pas d'autres que ceux qui dérivent des ressemblances, l'effacement du type segmentaire(1) serait accompagné d'un abaissement régulier de la moralité. L'homme ne serait plus suffisamment retenu; il ne sentirait plus assez autour de lui et au-dessus de lui cette pression salutaire de la société, qui modère son égoïsme et qui fait de lui un être moral. Voilà ce qui fait la valeur morale de la division du travail. C'est que, par elle, l'individu reprend conscience de son état de dépendance vis-à-vis de la société; c'est d'elle que viennent les forces qui le retiennent et le contiennent.

Source : Emile Durkheim,
De la division du travail social, Editions Quadrige, PUF, 1996, [1893].

(1) type segmentaire : société dans laquelle la solidarité est mécanique.

 

QUESTIONS

1 - A l'aide de vos connaissances et du document, vous montrerez comment la division du travail social permet de créer de la solidarité. (9 points)

2 - Pourquoi la conscience commune diminue-t-elle "à mesure qu'on avance dans l'évolution" ? (paragraphe 2). (6 points)

3 - A partir d'un exemple de votre choix, vous montrerez que la solidarité mécanique n'a pas aujourd'hui disparu. (5 points)

LE CORRIGÉ

I - ANALYSE DU SUJET

Le sujet proposé est très classique.
D'où vient la solidarité qui nous lie alors que nous sommes de plus en plus individualistes ?
Comment sommes-nous passés d'une solidarité mécanique à une solidarité organique ?

II - CORRIGE

QUESTION 1

La division du travail est source de solidarité.
On est passé d'une société primitive simple où il n'existe pas de division du travail à la société moderne d'aujourd'hui. Dans la société primitive, la conscience collective est forte, la société homogène et la solidarité est mécanique.
Dans nos sociétés modernes, tous les individus ont une fonction différente. Etant tous différents, ils sont donc tous complémentaires comme les organes dans le corps humain.
D'où entre eux, une solidarité organique. Chacun se sent utile aux autres mais ayant une fonction spécialisée il a besoin des autres. Cette dépendance engendre respect d'autrui et solidarité.
Il n'y a donc pas d'incompatibilité entre l'individualisation, l'autonomie et la nécessité d'un lien social.

QUESTION 2

La conscience commune ou conscience collective régresse quand l'individu acquiert la liberté de pensée et se détache du groupe (famille, coutumes). La pression sociale s'affaiblit. L'individu choisit ses valeurs, ses normes. Mais le besoin des autres rend les liens sociaux plus nécessaires, la conscience individuelle doit rester compatible avec les valeurs et normes de l'ensemble de la société.

QUESTION 3

Un exemple de solidarité mécanique : la solidarité existante dans les communautés d'immigrés.

Se sentant peu intégrés dans la société, il ressentent le besoin d'une solidarité mécanique forte liée à une forte conscience collective pour faire face à un milieu qui leur est étranger voire hostile.

2022 Copyright France-examen - Reproduction sur support électronique interdite