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Annales gratuites Bac Général ES spé SES : Intervention de l'Etat et reprise de l'activité économique

Le sujet  1996 - Bac Général ES spé SES - Sciences Economiques et Sociales - Dissertation Imprimer le sujet
LE SUJET

Dans quelle mesure l'intervention de l'Etat peut-elle être favorable à une reprise de l'activité économique ?

Vous intégrerez dans votre argumentation l'apport des thèses de J.M. Keynes et de M. Friedman.

Documents joints au sujet.

Document 1 :

Evolution du niveau des prélèvements obligatoires : comparaison internationale.

(En % du PIB)

 

1965

1975

1980

1985

1991

1994

France

Allemagne

Belgique

Etats-Unis

Italie

Royaume-Uni

Suède

Moyenne OCDE

34,5

31,6

31,2

25,9

25,5

30,4

35,2

26,7

36,9

36

41,8

29

26,2

35,5

43,6

32,9

41,7

38,2

44,4

29,5

30,2

35,3

49,1

35,2

44,5

38,1

47,6

29,2

34,4

37,9

50,4

37,2

43,7

37,7

44,9

29,9

34,4

37,9

50,4

37,2

44,2

39,2

46,5

29,71

46,3

34,1

53,3

38,71


Sources : Cahiers français n° 271, "Les frontières de l'Etat," 1995 ; Alternatives économiques, hors série n° 26, 1995
 ; Les chiffres de l'économie et de la Société, 1995/1996.


Document 2:
.

L'augmentation du taux de l'impôt sur le revenu peut avoir deux effets opposés sur les recettes fiscales et sur l'économie selon le taux déjà atteint. Pour un taux faible, une augmentation du taux peut s'accompagner d'une augmentation de l'effort pour obtenir une stabilité du revenu disponible. Il en résulte une croissance économique et une croissance des recettes fiscales. Pour un taux plus élevé, une augmentation nouvelle peut entraîner des mouvements d'évasion fiscale (une orientation vers les activités bénéficiant d'avantages fiscaux), de fraude fiscale, la substitution du loisir au travail, une diminution du PNB et une baisse des recettes fiscales. Ces deux phénomènes présentés au XIXe siècle ont été actualisés par l'américain A. B. Laffer dans les années 70 en donnant lieu à la représentation graphique connue sous le nom de courbe de Laffer.

A. Silem (sous la direction de), Encyclopédie de l'économie et de la gestion, Hachette, 1991.


Document 3 :

Les comptes publics

 

Déficit public 1 (en % du PIB)

Endettement net des administrations publiques (en % du PIB)

 

Moyenne 61/73

Moyenne 74/80

Moyenne 81/90

1992

1994

1974

1994

Etats-Unis

-0,4

-1,2

-2,6

-4,2

-1,9

21,7

41,9

Japon

1,1

-3,5

-0,8

2,4

-0,4

-5,3

4,8

Allemagne

-0,1

-2,9

-1,9

-2,9

-2,7

-4,7

25,9

France

0,5

-0,9

-2,3

-3,9

-5,3

8,1

32,2

Royaume-Uni

-0,1

-3,9

-1,8

-6,1

-6,3

59,9

4,8


Source : Tableau de bord Ramsès 1996-IFRI-Dunod 1996- OCDE, 1996.


Document 4
:

Malgré ses indéniables succès, peut-on soutenir que les privatisations britanniques représentent un recul significatif de la mainmise de l'Etat sur l'économie ? Moins d'entreprises et moins d'employés de l'Etat - mains moins d'Etat ? La réponse doit être prudente, nuancée et même un peu sceptique. Il faut insister d'abord sur le fait que l'Etat continue une politique d'interventionnisme dans l'économie. (…) Il le fait par ses politiques d'enseignement et de formation professionnelle, par sa stratégie macroéconomique, monétaire et budgétaire globale, par sa politique envers le marché du travail, par son attitude à l'égard de la Recherche-développement, par sa politique commerciale, par sa législation concernant le tissu urbain, par son désir de protéger les consommateurs, par sa politique d'environnement, par sa politique de subventions directes et indirectes.

Vincent Wright, Revue française d'administration publique, 1992.

Document 5 :

En ce qui concerne la propension à consommer, l'Etat sera conduit à exercer sur elle une influence directrice par sa politique fiscale, par la détermination du taux de l'intérêt, et peut-être aussi par d'autres moyens. Au surplus il est improbable que l'influence de la politique bancaire sur le taux de l'intérêt suffise à amener le flux d'investissement à sa valeur optimum. Aussi pensons-nous qu'une assez large socialisation1 de l'investissement s'avérera le seul moyen d'assurer approximativement le plein emploi (…).
Les contrôles centraux nécessaires à assurer le plein emploi impliquent bien entendu, une large extension des fonctions traditionnelles de l'Etat. D'ailleurs la théorie classique moderne a elle-même appelé l'attention sur les divers cas où il peut être nécessaire de modérer ou de diriger le libre jeu des forces économiques.

John Maynard Keynes, Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie (VI), 1936.


Document 6 :

Pourquoi les gouvernements augmentent-ils trop rapidement la quantité de monnaie ? Pourquoi font-ils de l'inflation alors qu'ils savent qu'elle peut être néfaste ? (…)
L'augmentation des dépenses publiques ne conduira pas à une croissance monétaire plus rapide et à l'inflation si les dépenses supplémentaires sont financées soit par l'impôt, soit par emprunts dans le public. Dans les deux cas, le gouvernement a davantage à dépenser et le public moins. Mais l'impôt est politiquement impopulaire (…)
La seule autre façon de financer une augmentation des dépenses publiques est d'accroître la quantité de monnaie. (…)
Ces politiques ne sont pas parvenues à assurer le plein emploi, mais elle ont produit l'inflation.

Milton Friedman, La monnaie et ses pièges, Dunod, 1993.

LE CORRIGÉ

I - ANALYSE DU SUJET

Le sujet proposé porte sur un thème assez classique : la place de l'Etat dans la lutte contre la crise.
Les quinze dernières années ont mis en évidence des choix différents dans les PDEM.
On pourra donc s'appuyer dans le devoir sur des expériences comparées.


II - DISSERTATION

1 - Une intervention souhaitable.

a) L'Etat est nécessaire à la régulation conjoncturelle.

Les mécanismes du marché sont souvent insuffisants pour assurer la croissance économique et le plein emploi.

Dans une perspective keynésienne, l'Etat doit intervenir pour stimuler les composantes de la demande globale en relançant la consommation et l'investissement au moyen d'un déficit budgétaire (Doc.5 et 6).

b) Son rôle structurel peut être salutaire.

L'intervention de l'Etat ne se limite pas aux seules actions de régulation conjoncturelle de l'économie.

Par sa politique industrielle, par la régulation du marché du travail et l'aménagement du territoire, l'Etat peut créer un environnement qui tempère les excès et les insuffisances du marché. (Doc.4).


2 - Une intervention contestée.

a) Elle peut aggraver certains dysfonctionnements.

L'intervention de l'Etat peut aggraver les déficits publics dont le financement alourdit les prélèvements obligatoires déjà élevés dans certains pays comme la France (Doc.1 et 3).

Or l'augmentation des prélèvements pesant sur les agents économiques peut pénaliser l'initiative économique (courbe de A. Laffer - Doc.2).

b) La question de sa légitimité est posée.

Son intervention multiforme affecte l'efficacité du marché. Par exemple, l'Etat est accusé de générer des rigidités sur le marché du travail. Le bien fondé de la protection sociale est remis en cause autant dans son objectif de justice sociale que dans son rôle de soutien de l'activité économique.


Conclusion :

On réalise, avec l'expérience des années de crise, à quel point l'Etat a pu faire l'objet de multiples controverses.

Autant par sa place que par la nature de ses interventions, l'Etat a été tantôt approuvé, tantôt critiqué.

Les résultats variés dans la gestion des difficultés inclinent aujourd'hui à beaucoup de prudence quant à ce qu'il convient de faire.

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