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Annales gratuites Bac Général ES spé SES : Keynes et la croissance

Le sujet  2006 - Bac Général ES spé SES - Sciences Economiques et Sociales - Questions Imprimer le sujet
Avis du professeur :

Le sujet porte sur l'approche keynésienne de la croissance.
Il s'agit d'un thème classique de l'enseignement de spécialité que l'on trouve aussi dans l'enseignement obligatoire. Vous disposez de deux documents clairs qui vous permettent de traiter correctement les questions.

LE SUJET


THEME DU PROGRAMME :
Sous-emploi et demande

Document 1
Que la confiance que j'éprouve soit ou non justifiée, je n'ai en tout cas ni doute ni hésitation d'aucune sorte quant aux causes de la crise mondiale. J'en fais remonter l'origine au seul effondrement de l'investissement qui s'est produit dans le monde entier. Après avoir été maintenu à un niveau passablement élevé durant la majeure partie de l'après-guerre, le volume de l'investissement a subi une profonde baisse au cours des deux dernières années et demie, une baisse qui n'a jusqu'à présent pas été totalement compensée par la réduction de l'épargne ou par le déficit budgétaire.

Le problème de la reprise revient donc à savoir comment rétablir l'investissement. La solution a elle-même deux aspects : d'une part, une baisse du taux d'intérêt à long terme, et, d'autre part, un retour de la confiance parmi les hommes d'affaires qui les inciterait à emprunter sur la base d'anticipations normales. [...]

Le problème de la reprise est également lié au rétablissement du niveau général des prix. Il existe des raisons fondamentales pour vouloir une hausse des prix. Une de ces raisons concerne la stabilité et l'harmonie sociale. Une réduction vraiment importante d'une grande partie des salaires, qui, dans l'ensemble serait du même ordre de grandeur que la baisse des prix, est tout simplement impossible.

Source : J. M. Keynes, "La voie de la reprise", Conférence du 02/07/1931,
La Pauvreté dans l'Abondance, Tel Gallimard, 2002.

Document 2
Taux de croissance annuel moyen de l'emploi, des dépenses de consommation des ménages, de la FBCV et du PIB réel (en %)

Evolution (en %)

1998-2000

2001-2004

Emploi

2,1

0,6

Dépenses de consommation des ménages en volume

3,6

2,0

Formation brute de capital fixe en volume

7,5

1,5

Produit intérieur brut en volume

3,7

1,6


Source : d'après INSEE, Comptes nationaux, 2005.

QUESTIONS

1. A l'aide de vos connaissances et du document 1, vous présenterez les déterminants de la croissance et de l'emploi chez Keynes. (10 points)

2. Expliquez la phrase soulignée dans le document 1. (4 points)

3. Les données du document 2 confirment-elles l'analyse de Keynes ? (6 points)


LE CORRIGÉ


Question 1

L’économiste anglais John Maynard Keynes auteur de "La théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie" parue en 1936 est le principal "économiste de la demande".

Selon lui, la demande effective (efficace car solvable) est le principal déterminant de la croissance économique et de l’emploi. Il considère en effet que les entreprises fixent leur niveau de production et de recrutement  en fonction de ce qu’elles pensent pouvoir vendre. C’est donc la demande qu’elles anticipent qui est le facteur essentiel. Cette demande effective anticipée comprend deux grandes composantes : la consommation finale des ménages et l’investissement (des entreprises et de l’Etat).

Partie prenante de la demande, l’investissement joue un rôle d’autant plus important qu’il conditionne la production (donc l’offre) à venir. Le taux d’intérêt et l’état de confiance influencent à leur tour l’investissement en encourageant (taux d’intérêt bas et confiance élevée) ou en décourageant (taux d’intérêt élevé et manque de confiance) les entrepreneurs à tenter ce pari sur l’avenir.

Question 2

Keynes considère qu’une baisse des salaires aurait un effet psychologique désastreux même si elle ne provoquait pas une baisse de pouvoir d’achat. Les individus n’ont qu’une rationalité limitée pour Keynes qui ne croit pas à l’existence de l’homo œconomicus cher aux néoclassiques. Les agents économiques sont donc victimes d’une illusion monétaire qui les conduit à préférer une augmentation de salaire totalement ou partiellement annulée par l’effet de l’inflation plutôt qu’une baisse de salaire même corrélée à une baisse de prix qui préserverait leur pouvoir d’achat. L’analyse keynésienne faisant du climat de confiance un élément important pour le fonctionnement de l’économie, générer de la crainte serait une grave erreur préjudiciable à toute relance de l’économie.

Question 3

Le document montre une très forte corrélation entre d’un côté les taux de croissance (variation du PIB) et de l’emploi et de l’autre les évolutions de la consommation finale et des investissements (Formation brute de capital fixe). Ces taux sont tous nettement plus élevés dans la période 1998-2000 que dans la période 2001-2004. Pendant que le taux de croissance était divisé par plus de 2 (de 3,7 à 1,6%) et l’évolution de l’emploi par plus de 3 (2,1 à 0,6%), le rythme de croissance de la consommation ralentissait nettement (de 3,6 à 2,0%) et celui de l’investissement était divisé par 5.

On ne peut affirmer que ces chiffres confirment l’analyse de Keynes dans la mesure où une corrélation ne suffit jamais à démontrer l’existence de liens de causalité tels ceux supposés par Keynes. Ces corrélations vont cependant dans le sens de l’analyse keynésienne.

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