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Annales gratuites Bac Général ES spé SES : Le rôle économique des pouvoirs publics chez Friedman

Le sujet  1997 - Bac Général ES spé SES - Sciences Economiques et Sociales - Question de synthèse Imprimer le sujet
LE SUJET

I - TRAVAIL PREPARATOIRE

Vous répondrez à chacune des questions en une dizaine de lignes maximum, à l'exception de la question 6 qui pourra faire l'objet d'un développement plus long.

1. Donnez la signification des 2 nombres soulignés (document 1).

2. Comparez l'évolution du taux de prélèvements obligatoires et du taux de chômage en France et au Royaume-Uni.
Qu'en concluez-vous ? (document 1)

3. Donnez la signification des coordonnées des points concernant la situation des Etats-Unis et de la France. Qu'en concluez-vous ? (document 2)

4. A quel type de politique économique correspond l'idée générale du texte ? (document 3)

5. Rappelez les fondements théoriques de l'analyse de l'inflation présentée par M. FRIEDMAN. (document 3)

6. Quel lien pouvez-vous établir entre l'analyse de M. FRIEDMAN et les données du document 1 ? (documents 1 et 3)


II - QUESTION DE SYNTHESE.

Certains économistes préconisent une diminution de l'intervention de l'Etat dans le domaine économique et social.
Vous analyserez comment cet objectif a été mis en oeuvre dans les pays développés à économie de marché (PDEM) depuis une quinzaine d'années, puis vous en montrerez les effets.


DOCUMENTS

Document 1 : Croissance du PIB, prélèvements obligatoires*, taux de chômage et taux d'inflation dans quelques pays industrialisés.

 

1973

1983

1992

ALLEMAGNE

Taux de croissance du PIB (en %)
Taux de prélèvements obligatoires (en %)
Taux de chômage (en %)
Taux d'inflation (en %)

4,9
36,3
1,0
6,9

1,6
37,7
7,9
3,3

1,5
40,0
6,4
3,7

FRANCE

Taux de croissance du PIB (en %)
Taux de prélèvements obligatoires (en %)
Taux de chômage (en %)
Taux d'inflation (en %)

5,4
35,2
2,1
7,3

0,7
43,6
8,0
9,6

1,3
43,7
10,1
2,1

ROYAUME-UNI

Taux de croissance du PIB (en %)
Taux de prélèvements obligatoires (en %)
Taux de chômage (en %)
Taux d'inflation (en %)

7,1
31,8
2,2
9,2

3,5
38,0
12,2
4,6

- 0,6
35,8
10,2
3,6

ETATS-UNIS

Taux de croissance du PIB (en %)
Taux de prélèvements obligatoires (en %)
Taux de chômage (en %)
Taux d'inflation (en %)

5,2
28,8
4,8
9,2

3,9
28,2
9,4
3,2

2,1
29,8
7,4
3,2

JAPON

Taux de croissance du PIB (en %)
Taux de prélèvements obligatoires (en %)
Taux de chômage (en %)
Taux d'inflation (en %)

7,6
22,5
1,3
11,7

2,7
27,0
2,7
1,9

1,3
30,2
2,1
2,0

 

Source : OCDE et d'après Statis, Nathan-1993

* prélèvements obligatoires : impôts et cotisations sociales prélevés par les Administrations publiques (Etat, Collectivités locales, organismes de Sécurité sociale)


Document 2 : Pourcentage de bas revenus et dépenses publiques de transferts au cours des années 90.

Source : Base de données micro-économiques LIS, base de données sociales de l'OCDE, In Problèmes économiques n°2413, 1er Mars 1995.

Note : Le pourcentage de bas revenus est défini comme le pourcentage des personnes appartenant à des familles dont le revenu est inférieur à 50 % du revenu médian


Document 3 :

       (...) Pourquoi les gouvernements augmentent-ils trop rapidement la quantité de monnaie ?
Pourquoi font-ils de l'inflation alors qu'ils savent qu'elle peut être néfaste (...) ?

       L'augmentation des dépenses publiques ne conduira pas à une croissance plus rapide et à l'inflation si les dépenses supplémentaires sont financées soit par l'impôt, soit par emprunts dans le public. Dans les deux cas, le gouvernement a davantage à dépenser et le public moins. Mais l'impôt est politiquement impopulaire (...). Les emprunts du gouvernement sont aussi politiquement impopulaires (...).

       La seule autre façon de financer une augmentation des dépenses publiques est d'accroître la quantité de monnaie (...). Ces politiques ne sont pas parvenues à assurer le plein emploi, mais elles ont produit l'inflation.

Source : Milton FRIEDMAN, La monnaie et ses pièges, DUNOD, 1993.

LE CORRIGÉ

ANALYSE DU SUJET

La place de l'Etat dans l'économie est un thème classique des sujets de S.E.S.
L'essoufflement des politiques keynésiennes et le renouveau des thèses libérales depuis une quinzaine d'années alimentent les débats sur l'intervention de l'Etat.

Le sujet proposé ici invite à réfléchir sur les modalités du désengagement de l'Etat et sur ses implications.


I - TRAVAIL PREPARATOIRE

1 - En 1992 le PIB a augmenté de 1,3% en France alors qu'il baissait de 0,6% au Royaume-Uni à la même date.


2 - En France, on observe une augmentation parallèle du taux de chômage et du taux des prélèvements obligatoires entre 1973 et 1992.

Au Royaume-Uni, le taux de chômage a également suivi l'évolution du taux de prélèvements obligatoires : une augmentation très nette de ces deux indicateurs entre 1973 et 1983, puis un ralentissement entre 1983 et 1992.

L'idée d'une corrélation entre l'évolution du taux de chômage et du taux des prélèvements obligatoires semble se vérifier.


3 - Dans les années 90 en France, le niveau des dépenses publiques s'élève à 22% du PIB alors que la proportion des bas revenus dans la population est de 8%.

En revanche aux Etats-Unis les dépenses publiques de transferts ne représentent que 10% du PIB alors que la proportion des bas revenus s'élève à 18%.
Il semble que l'Etat à travers ses interventions sociales contribue à atténuer la pauvreté et l'exclusion.


4 - Ce texte de Milton FRIEDMAN souligne invariablement les effets néfastes de l'intervention de l'Etat dans l'économie.

Il suggère donc un désengagement de l'Etat et la restauration des mécanismes de marché.


5 - Cette analyse de FRIEDMAN est très inspirée par la théorie quantitative de la monnaie qui établit une séparation nette entre la sphère réelle et la sphère monétaire.

Elle débouche sur une analyse monétariste de l'inflation, qui considère que l'intervention de l'Etat, pour être efficace, doit être financée par la création monétaire.

Or toute création monétaire excessive se traduit par des tensions inflationnistes.

En effet, le supplément de monnaie dans l'économie n'a aucun impact sur la production et l'emploi, alors même qu'il stimule la hausse des prix.


6 - Dans le document 3, FRIEDMAN suggère qu'un financement monétaire des dépenses publiques engendre inflation et chômage.

La corrélation entre la hausse des prélèvements obligatoires et la hausse du chômage est établie dans le cas français et anglais (document 1).

En revanche, cette hypothèse semble infirmée pour les autres pays et sur la même période.

Donc le lien entre hausse des dépenses publiques et augmentation du chômage n'est pas systématique.

D'autre part, les 5 pays présentés dans le document 1 connaissent tous un processus de désinflation sur la période, et cela quelque soit l'évolution des taux de prélèvements obligatoires.

Il semble donc que l'augmentation des dépenses publiques ne produit pas automatiquement de l'inflation comme le suggère M. FRIEDMAN dans le document 3.


II - QUESTION DE SYNTHESE

Introduction

Depuis le début des années 80, on a assisté à une réorientation des politiques anti-crise, dans la plupart des PDEM.
La régulation keynésienne des années de prospérité semble avoir cédé la place à des pratiques plus libérales. C'est ainsi que l'on a pu déceler les différences d'inspiration théorique.
On se propose ici d'examiner les modalités du désengagement de l'Etat et ses conséquences.

A - Les modalités du désengagement de l'Etat.

1. La baisse de l'interventionnisme économique.

Cette baisse repose sur deux volets principaux :

- Un volet budgétaire :
C'est d'abord la diminution des prélèvements obligatoires qui pèsent sur les agents économiques et découragent l'initiative.
La conséquence de ce choix est la réduction des dépenses publiques.
On peut relever l'influence des économistes de l'offre comme A. LAFFER pour qui : "trop d'impôt tue l'impôt".

- Un volet monétaire :
Sur les recommandations de Milton FRIEDMAN, l'Etat doit éviter toute création monétaire supérieure à la croissance du PIB.
FRIEDMAN considère la lutte contre l'inflation comme un objectif prioritaire, en contrôlant la progression de la masse monétaire et donc le financement des dépenses publiques. C'est pour lui le seul moyen de lutter efficacement contre le chômage.


2. L'assouplissement des contraintes institutionnelles.

- Les politiques de privatisation :
Par ce biais l'Etat réduit son rôle de producteur et évite ainsi de concurrencer le secteur privé. D'autre part cette politique permet de réduire les sources d'augmentation des prélèvements obligatoires.

- L'allégement des contraintes réglementaires :
Cet allégement se traduit par un vaste mouvement de libéralisation des pratiques économiques et sociales (licenciement, contrat de travail, marché financier) qui débouche sur plus de flexibilité. On connaît la position des économistes de l'offre à cet égard.

B - Des effets économiques et sociaux très contrastés.

1. Un environnement économique favorable à la reprise.

- Une inflation vaincue :
Depuis le début des années 80, on assiste à un processus de désinflation généralisée obtenu grâce à des politiques monétaires et budgétaires restrictives. Ce processus a sans doute contribué à restaurer l'équilibre du solde commercial dans certains pays comme la France.

- L'allégement des charges des entreprises et l'assouplissement de la réglementation ont renforcé leur capacité d'adaptation (restauration des marges, liberté accrue) à l'environnement économique.


2. Des dysfonctionnements persistants et des effets pervers.

- Ces politiques restrictives se traduisent dans beaucoup de pays par une croissance lente, insuffisante pour résorber le chômage. Cette situation est à mettre en relation avec le ralentissement de la consommation suite aux politiques d'austérité salariale.

Les keynésiens sont, on le sait, très réservés sur les effets des politiques libérales qui négligent le rôle de la demande effective.

- La diminution des dépenses publiques conjuguée à l'augmentation du chômage fait peser un risque de fracture
sociale : la pauvreté et l'exclusion augmentent dangereusement.

Conclusion

La difficulté des politiques libérales à restaurer une prospérité économique réelle a débouché, ces derniers temps, sur un timide retour en grâce des politiques de relance.

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