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Annales gratuites Bac Général ES spé SES : Libre-échange et développement

Le sujet  2003 - Bac Général ES spé SES - Sciences Economiques et Sociales - Question Imprimer le sujet
LE SUJET

Le rôle de l'échange international dans le développement économique à partir de l'analyse de Ricardo.

Document 1

Dans un système d'entière liberté de commerce, chaque pays consacre son capital et son industrie à tel emploi qui lui paraît plus utile. Les vues de l'intérêt individuel s'accordent parfaitement avec le bien universel de toute la société. C'est ainsi qu'en encourageant l'industrie, en récompensant le talent, et en tirant tout le parti possible des bienfaits de la nature, on parvient à une meilleure distribution et à plus d'économie dans le travail. En même temps, l'accroissement de la masse générale des produits répand partout le bien être ; l'échange lie entre elles toutes les nations du monde civilisé par les nœuds communs de l'intérêt, par des relations amicales, et en fait une seule et grande société. C'est ce principe qui veut qu'on fasse du vin en France et au Portugal, qu'on cultive du blé en Pologne et aux Etats-Unis, et qu'on fasse de la quincaillerie et d'autres articles en Angleterre.

Source : David Ricardo, Des principes de l'économie politique et de l'impôt, Calman-Lévy 1970 (première édition 1817).

Document 2

Quelques produits exportés et importés par la France en 2001 (en millions d'euros)

 

Exportations

Importations

Avions lourds

13 363

2 055

Parties et éléments d'avions

2 866

4 334

Voitures particulières

22 795

17 292

Equipements mécaniques pour automobiles

10 209

6 870

Circuits intégrés

6 089

5 243

Vins

3 891

442

Matériel de radiocommunication et de télévision

3 698

2 825

Matériel de téléphonie

2 820

1 831

Récepteurs de télévision

1 685

1 355

Pièces diverses pour matériel informatique

2 741

5 473

Chaussures de ville à dessus en cuir

534

1 730

Médicaments

9 803

5 670

Source : Ministère de l'économie et des finances, Douanes 2002, Les échanges sectoriels, les 250 principaux produits exportés et importés par la France en 2001.

Questions

1) A l'aide de vos connaissances et du document 1, vous présenterez les avantages d'un système d'entière liberté de commerce selon Ricardo. (8 points)

2) Pour quelles raisons, selon Ricardo, l'Angleterre a-t-elle intérêt à ne pas se spécialiser dans la production de vin ou dans celle de blé ? (document 1) (6 points)

3) Les informations fournies par le document 2 confirment-elles l'analyse de Ricardo ? Justifiez votre réponse. (6 points)

LE CORRIGÉ

ELEMENTS DE CORRECTION

Question 1

David Ricardo, économiste anglais du courant classique est notamment connu pour sa défense du libre-échange, habituellement appelée théorie des avantages comparatifs.

Ricardo reprend la théorie d'Adam Smith, le fondateur de l'école classique. Smith avait montré, dans sa théorie des avantages absolus, que chaque pays a intérêt à se spécialiser dans la (ou les) production(s) dans laquelle (ou lesquelles) il est le plus efficace et à renoncer aux autres productions qu'il vaut mieux importer.

Ricardo reprend l'idée d'une spécialisation des différentes économies nationales : "chaque pays consacre son capital et son industrie à tel emploi qui lui paraît plus utile".

Cette division internationale du travail aboutit à ce que chacun fabriquant ce qu'il sait faire le plus efficacement, la production mondiale augmente permettant d'optimiser l'emploi des ressources et de maximiser la satisfaction des consommateurs : "l'aboutissement général des produits répand partout le bien-être".

Ricardo en déduit qu'on aboutit ainsi à un "jeu de somme positive" liant entre eux les différents participants au commerce international.

Cela n'a d'intérêt qu'à la condition que les frontières "laissent passer" les marchandises. C'est ce qu'on appelle le libre-échange ou ce que Ricardo nomme : "un système d'entière liberté de commerce".

Les échanges libérés créent des liens qui sont favorables à la prospérité et à l'entente entre les nations : "l'échange lie entre elles les nations du monde civilisé".

On a là une vision prémonitoire de la mondialisation. Ricardo évoque en effet "une seule et grande société".

Question 2

Ce qui guide la spécialisation, selon Ricardo, c'est ce qu'il appelle "les avantages comparatifs" ou "relatifs".

Contrairement à Smith qui pensait que chaque pays devait se spécialiser dans les productions où il détient un avantage absolu, c'est-à-dire celles pour lesquelles il est plus efficace que tous ses partenaires, Ricardo privilégie un raisonnement relatif.

Chaque pays doit, selon lui, produire les biens pour lesquels il est relativement le plus avantagé ou le moins désavantagé.
Ainsi, tous les pays peuvent participer à ce système.

Economiste classique, Ricardo adhère, comme Smith, à la théorie de la valeur du travail. Il mesure donc la supériorité d'une économie à son usage efficace du travail. Si l'Angleterre n'a intérêt à se spécialiser ni dans la production de vin ni dans celle du blé, c'est parce que son avantage relatif est supérieur dans d'autres domaines, la quincaillerie ( ou le drap comme dans la célèbre comparaison que fait Ricardo entre l'Angleterre et le Portugal).

La spécialisation doit tirer : "tout le parti possible des bienfaits de la nature" et parvenir à "une meilleure distribution et à plus d'économie dans le travail".

Question 3

Le document 2 confirme en partie l'analyse de Ricardo en montrant une spécialisation partielle de l'économie française.

Ainsi, la France produit et exporte beaucoup de vin et d'avions lourds et en importe très peu. Les taux de couverture sont ici de 880 % et de 650 %. Inversement, la France importe beaucoup plus de chaussures de ville à dessus en cuir dont le taux de couverture est seulement de 30 %.

Cependant, on constate que la France procède aussi à de nombreux échanges similaires (voitures particulières) ou intra-branches (circuits intégrés).

On peut faire remarquer que la différenciation accrue des produits aboutit à ce que les produits exportés et importés sont différents et relèvent donc d'une forme de spécialisation, néanmoins, il faut constater que la théorie de Ricardo n'est plus totalement validée deux siècles après sa conception.

Aujourd'hui, les facteurs de production se déplacent et la spécialisation des économies nationales ne correspond donc plus au schéma Ricardien où l'on échangeait des produits fabriqués.

La notion même d'économie nationale tend à être dépassée dans l'étape actuelle de la mondialisation. Mais, celle-ci ne peut-elle pas aussi apparaître comme une confirmation des propos de Ricardo qui envisageait "une seule et grande société" ?

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