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Annales gratuites Bac Général ES spé SES : Progrès technique et emploi chez Schumpeter

Le sujet  1997 - Bac Général ES spé SES - Sciences Economiques et Sociales - Question de synthèse Imprimer le sujet
LE SUJET

I - TRAVAIL PREPARATOIRE

Vous répondrez à chacune des questions en une dizaine de lignes maximum.


1. Indiquez la signification des valeurs entourées dans le document 1.

2. Repérez les grandes phases de l'évolution de la population active occupée et de la production par personne occupée dans le document 1.

3. Quelle relation existe-t-il entre la variation de la population active occupée et la variation de la production par personne occupée depuis 1920 (document 1) ?

4. A quels types de changement technique correspondent "l'évolution des conditions d'utilisation de la force de travail" et "l'évolution du niveau de satisfaction des besoins" soulignées dans le document 2 ?

5. A quelles conditions la hausse de la productivité induite par le progrès technique peut-elle s'accompagner d'une création nette d'emplois (document 2) ?

6. Expliquez le passage souligné du document 3.

7. Quels sont les effets de la "Destruction Créatrice" sur l'emploi (document 3) ?


II - QUESTION DE SYNTHESE

Montrez que le progrès technique peut avoir des effets négatifs, mais aussi positifs sur l'emploi.


DOCUMENTS


Document 1 : L'évolution de la production par personne occupée et de la population active occupée en France depuis 1810.

Source : L'Expansion, l'an 200 de la Révolution Industrielle, Octobre 1982.

*Population active occupée : celle qui a effectivement un emploi


Document 2 : Progrès technique et chômage.

Source : J. FREYSSINET, Le chômage, La découverte, 1993.

* nouveaux produits.


Document 3 :

           Des révolutions remodèlent périodiquement la structure existante de l’industrie, en introduisant de nouvelles méthodes de production - l’usine mécanisée, la synthèse chimique, et ainsi de suite ; de nouveaux biens - tels que les services ferroviaires, les automobiles, les appareils électriques , de nouvelles formes d’organisation - telles que les fusions de sociétés ; de nouvelles sources d’ approvisionnement - laines de la Plata, coton d’Amérique, cuivre du Katanga ; de nouvelles routes commerciales et de nouveaux marchés pour les achats ou pour les ventes.

          [...] Or, ces révolutions se traduisent chaque fois par une avalanche de biens de consommation qui approfondit et élargit définitivement le courant du revenu réel, même si, initialement, elle provoque des troubles, des pertes et du chômage […]. Ce processus de Destruction Créatrice constitue la donnée fondamentale du capitalisme : c’est en elle que consiste, en dernière analyse, le capitalisme et toute entreprise capitaliste doit, bon gré, mal gré, s’y adapter.

Source : J SCHUMPETER, Capitalisme, Socialisme et Démocratie, 1942, Payot, édition française, 1972.

LE CORRIGÉ

ANALYSE DU SUJET

Il est proposé aux candidats de réfléchir sur une question classique du cours de SES. On oriente le devoir par le libellé du sujet : les effets négatifs et positifs du progrès technique sur l'emploi.

Il est possible de mobiliser des connaissances de cours mais aussi des exemples tirés de l'actualité pour enrichir le devoir.


II - TRAVAIL PREPARATOIRE

1 - Le chiffre 195 signifie que sur une base 100 en 1810, l'indice de la population active occupée se situe au niveau 195 en 1980, soit une augmentation de 95%.

Le chiffre 1330 signifie que sur une base 100 en 1810, l'indice de la production par personne occupée se situe au niveau 1330 en 1980, soit une multiplication par 13 environ.


2 - De 1810 à 1910, l'évolution des deux indices a été parallèle, à un rythme relativement modéré et croissant (multiplication par deux environ).

De 1920 à 1950, la population active stagne alors que la production par personne occupée s'accroît fortement (multipliée par 1,8).

Enfin, de 1950 à 1980, la production par tête s'envole pour atteindre un niveau 3,7 fois supérieur, la population active occupée continuant à stagner.


3 - Si la production par personne occupée augmente alors que la population active occupée stagne, on peut affirmer que la productivité du travail augmente.

La crise de 1929 n'a pas empêché l'accroissement de la productivité. Les Trente Glorieuses avec la généralisation du mode de production fordiste n'ont fait qu'accélérer le phénomène.


4 - Le cycle invention - innovation - changement technique a modifié "l'évolution des conditions d'utilisation de la force de travail" et "l'évolution du niveau de satisfaction des besoins".

Le développement de l'OST, en réduisant la quantité de travail et en changeant la combinaison productive au profit du capital, a accru considérablement la production (la force de travail étant mieux employée).

Nous sommes entrés alors dans une société de consommation de masse qui a permis d'élever le niveau de satisfaction de la demande solvable.


5 - Rappelons l'égalité fondamentale : croissance de la production = hausse de la productivité + hausse de l'emploi. Cette dernière est fonction de l'évolution du volume et de la durée du travail.

En conséquence, si la croissance de la productivité est forte, il faut que la croissance de la production soit encore plus forte afin de créer des emplois. Dans le cas contraire, il faudrait réduire le temps de travail si l'on veut maintenir l'emploi.


6 - SCHUMPETER évoque ici le processus de "destruction créatrice". Les grappes d'innovations décrites par lui amènent une création de biens en grande quantité et donc créent des emplois.

KEYNES avait lui même signalé que ces emplois étaient générateurs de revenus qui se diffusaient dans l'économie par un phénomène de multiplication.
Ce processus compensait les pertes d'emplois dues au machinisme.


7 - Certains secteurs sont directement menacés par la diffusion du progrès technique : les emplois y disparaissent comme le montre le secteur automobile actuellement.

Des emplois sont créés par contre dans des secteurs nouveaux comme l'informatique et la communication où les besoins de main-d'oeuvre sont importants.

Enfin il faut signaler un effet de déversement ou de compensation : des emplois supprimés sous l'effet du progrès technique sont recréés dans d'autres secteurs.
Se pose alors le problème de la requalification de la main-d'oeuvre.
Les guichets automatiques conduisent les employés de banque à être polyvalents ( conseils en placements, gestion de portefeuille ).


II - QUESTION DE SYNTHESE

Introduction

On a souvent accusé le progrès technique de créer du chômage. Au XIXe siècle, les travailleurs anglais, derrière LUDD, brisaient déjà les machines par peur de perdre leur emploi.

Cependant, le problème n'est pas si simple : le progrès technique peut avoir des effets positifs à long terme. Depuis la Révolution Industrielle, le progrès technique a toujours existé et l'emploi s'est néanmoins développé et la société s'est enrichie considérablement.


A - Les effets négatifs du progrès technique sur l’emploi.

1. D'un point de vue quantitatif : à court terme, il supprime des emplois dans les entreprises où il s'implante (le robot remplace l'homme pour certaines tâches). Le chômage se développe donc dans certains secteurs (Doc. 2).


2. D'un point de vue qualitatif : le développement du travail à la chaîne et de l'O.S.T. ont conduit à l'intensification du travail (rythmes, déqualification du travail) et à l'augmentation d'une certaine pénibilité et du stress.

Dans sa réflexion sur la dynamique du capitalisme SCHUMPETER, en 1942, souligne que le progrès technique constitue une "destruction créatrice". Il veut ainsi évoquer la suppression des activités et des emplois obsolètes, suite à des innovations majeures.


B - Les effets positifs du progrès technique sur l’emploi.


1. D'un point de vue quantitatif : à long terme, il permet de créer des emplois dans de nouvelles activités et de nouveaux secteurs. De plus, l'effet de déversement décrit par Alfred SAUVY joue également.

Les gains de productivité autorisés par le progrès technique ont permis un partage différent de la valeur ajoutée conduisant à plus de consommation, ce qui a stimulé l'investissement et la production et par conséquent l'emploi.


2. D'un point de vue qualitatif : le progrès technique a permis de réduire la pénibilité de certaines tâches, de diminuer les accidents du travail et de baisser le nombre d'heures travaillées permettant ainsi le développement d'une société de loisirs.

Les tâches deviennent polyvalentes et plus qualifiées, entraînant une élévation du niveau général d'instruction. De plus, la monotonie du travail s'amoindrit.

Selon SCHUMPETER, le progrès technique, malgré son aspect destructeur vu dans la première partie, peut donc être créateur grâce aux innovations qui en permettent la réalisation.

De nouvelles activités verront ainsi le jour dans un système où le véritable entrepreneur capitaliste doit toujours innover.

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