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Annales gratuites Bac Général ES spé SES : Rentabilité et investissement chez Keynes

Le sujet  1996 - Bac Général ES spé SES - Sciences Economiques et Sociales - Question de synthèse Imprimer le sujet
LE SUJET

I - TRAVAIL PREPARATOIRE

Vous répondrez à chacune des questions en une dizaine de lignes maximum.


1 - Quelle relation peut-on établir entre le taux d'investissement et le taux de marge ? (document 1)

2 - Comment a évolué le financement des investissements entre 1970 et 1993 ? Justifiez votre réponse par des calculs appropriés. (document 2)

3 - Comment a évolué l'utilisation des ressources des entreprises entre 1970 et 1993 ? Justifiez votre réponse par des calculs appropriés. (document 2)

4 - Quel rôle le niveau élevé des taux d'intérêt a-t-il joué dans ces transformations ? (document 2 et connaissances personnelles)

5 - Qu'est-ce que la propension marginale à consommer ? (document 3)

6 - Expliquez la phrase soulignée du document 3.

7 - Quels liens unissent épargne et investissement selon Keynes ? (connaissances personnelles et document 3)


II - QUESTION DE SYNTHESE

Vous montrerez que l'accroissement de la rentabilité des entreprises est une condition nécessaire mais pas suffisante de la reprise de l'investissement.

Document 1 :

Evolution du taux de marge et du taux d'investissement



(EBE/VA)
EBE : excédent brut d'exploitation
VA : valeur ajoutée.

Source : Comptes de la Nation, 1994.


Document 2 :

Les ressources financières des entreprises et leur utilisation

Comment les entreprises se financent-elles ?

(en milliards de francs 1993)

A quoi utilisent-elles leurs fonds ?

(en milliards de francs 1993)

 

1970

1980

1990

1993

 

1970

1980

1990

1993

Profits bruts non distribués

295

312

615

657

Investissements

409

521

744

648

Aides publiques à l'investissement

9

9

31

39

 

 

 

 

 

Emprunts bancaires (nets)

336

441

399

-141

Achat :

 

 

 

 

Emission de titres

59

121

331

282

- d'obligations

nc

9

15

-1

 

 

 

 

 

- d'actions

4

20

247

181

 

 

 

 

 

- de valeurs de placement

nc

nc

77

22

Autres (délais de paiement…)

-4

2

135

7

Variation de stocks

73

52

57

-104

 

 

 

 

 

Autres (délais de paiement, variation de trésorerie)

209

283

322

98

Total

695

885

1512

844

Total

695

885

1512

844



Source : Comptabilité nationale, Conseil national du crédit, Alternatives économiques,
Hors série n° 22, 4e trimestre 1994.


Document 3 :

Les entreprises cherchent à ajuster leurs capacités de production à l'évolution des débouchés. Lorsqu'une entreprise doit satisfaire des commandes supplémentaires alors que ses capacités de production sont saturées, elle est incitée à investir. Mais toute variation de la demande n'induit pas mécaniquement une variation proportionnelle du capital productif. Les entreprises investissent si elles anticipent une augmentation durable des débouchés. De là l'échec des politiques de relance en période de crise et d'anticipations pessimistes.

P. Combemale, Ecoflash, juin-juillet 1986.


Document 4 :

Plus la communauté est riche, plus la marge tend à s'élargir entre sa production potentielle et sa production réelle ; et plus par conséquent les défauts du système économique sont apparents et choquants. Car une communauté pauvre a tendance à consommer la part de beaucoup la plus importante de sa production et un très faible montant d'investissement suffit à y assurer le plein emploi. Une communauté riche, au contraire, est obligée de découvrir des occasions d'investissements beaucoup plus nombreuses pour pouvoir concilier la propension à épargner de ses membres les plus riches avec l'emploi de ses membres les plus pauvres. […]
Pis encore : non seulement dans une communauté riche la propension marginale à consommer est plus faible, mais du fait que le capital déjà accumulé est plus considérable, les occasions d'investissement supplémentaire sont moins attrayantes, sauf si le taux d'intérêt fléchit à une cadence assez rapide.

John Maynard Keynes, Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie (pp. 54-55), Payot, 1977.

LE CORRIGÉ

I - ANALYSE DU SUJET

Dans ce sujet, le candidat doit s'interroger sur les déterminants de l'investissement et particulièrement sur la place à accorder à l'accroissement de la rentabilité dans la reprise de l'investissement.

Il s'agira donc de mettre en évidence les mécanismes par lesquels l'accroissement de la rentabilité stimule la reprise de l'investissement mais aussi de faire apparaître ses limites et de rendre à d'autres déterminants la place qui leur revient.


II - TRAVAIL PREPARATOIRE

Question 1 :

Le taux d'investissement FBCF/PIB a tendance à varier dans le même sens que le taux de marge. Le document 1 décrit une évolution parallèle des courbes avec un décalage dans le temps.

Question 2 :

Financement interne :
Les entreprises ont de plus en plus recours à l'autofinancement entre 1970 et 1993 ; alors que l'autofinancement représente 42,4% du financement des entreprises françaises en 1970, cette part atteint 77,8% en 1993.

Financement externe :
1) Baisse de la part des emprunts bancaires (26% en 1990 contre 49% en 1970)
2) Augmentation de la part des émissions de titres dans le total des ressources : 33% en 1993 contre 8,4% en 1970 (désintermédiation).

Question 3 :

L'essentiel des ressources financières des entreprises est affecté quelle que soit l'année aux investissements (1970 : 58% 1990 : 49%).Cependant entre 1990 et 1993, ces ressources ont chuté de moitié. Ceci a donc fait "grimper" fortement la part de l'investissement (76%).

Par ailleurs, les entreprises consacrent une part croissante de leurs fonds à l'achat d'actions (1970 : 0,5% 1993 : 21%).

Question 4 :

Suite à la politique de rigueur instaurée après 1983, les entreprises françaises restaurent leur taux de marge. Mais le niveau élevé des taux d'intérêt les contraint à se désendetter dans un premier temps. Ensuite attirées par les taux d'intérêt rémunérateurs, certaines d'entre elles vont privilégier les placements financiers au détriment des investissements productifs (document 2).

Ces deux raisons expliquent le décalage constaté entre la reprise du taux de marge et du taux d'investissement (document 1).

Question 5 :

La propension marginale à consommer indique comment la consommation varie consécutivement à une variation du revenu.

Question 6 :

Lorsque le revenu global d'une communauté augmente, la part qu'elle consacre à la consommation diminue. C'est donc l'investissement qui doit permettre d'absorber l'excès de la production totale sur le volume que la communauté désire consommer afin qu'un certain volume d'emploi soit assuré. La part de la consommation diminuant, celle assignée à l'investissement doit augmenter si l'on veut éviter une détérioration de l'emploi.

Question 7 :

Contrairement aux classiques, KEYNES considère que l'épargne ne doit pas forcément précéder l'investissement. D'autre part, ces deux grandeurs sont équivalentes ex-post. L'investissement en variant fait varier le revenu à travers le mécanisme du multiplicateur.

Ainsi, l'investissement dégage, une fois l'effet multiplicateur réalisé, une épargne d'un montant identique. Par contre, une épargne préalable importante peut dissuader l'investissement à cause d'une insuffisance de la demande anticipée.


III - QUESTION DE SYNTHESE

L'investissement est au coeur de l'activité économique. On se propose ici d'en examiner les déterminants en s'intéressant spécialement à l'influence de la rentabilité.

A - L'accroissement de la rentabilité stimule l'effort d'investissement des entreprises...

1 - L'augmentation de la rentabilité se traduit par un accroissement des capacités d'autofinancement des entreprises, favorable à une reprise de l'investissement. Cette idée est présente chez les libéraux (cf. le théorème de SCHMIDT) et chez KEYNES, l'entrepreneur compare la rentabilité attendue d'un investissement à son coût pour se décider

2 - L'expérience récente semble confirmer cette hypothèse. Entre 1970 et 1994, les courbes du taux de marge et celle du taux d'investissement ont des profils assez comparables (document 1).

En France, les politiques de rigueur menées depuis 1983 ont favorisé une remontée du taux de marge des entreprises qui a sans doute contribué à la reprise de l'investissement (document 2).

B - ... Mais son rôle ne doit pas être surestimé

1 - Les ressources générées par l'accroissement de la rentabilité peuvent être consacrées à des placements spéculatifs ou servir au remboursement des dettes anciennes lorsque les taux d'intérêt sont élevés (document 2).

Ce fut le cas en France jusqu'en 1987. Dans le document 1, on voit que l'investissement est quelquefois en retrait par rapport au taux de marge.

2 - Les perspectives de débouchés durables doivent aussi être prises en compte. KEYNES a développé cette idée dans la notion de demande anticipée.

L'entrepreneur n'investit que si ses perspectives de débouchés sont réelles et durables. La même idée est présente dans la théorie de l'accélérateur.


Conclusion

Dans un univers où le profit constitue un des moteurs essentiels de l'activité économique, l'analyse de la rentabilité prend une dimension importante.

La réalité complexe des phénomènes économiques nous porte cependant à ne pas négliger les autres facteurs.

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