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Annales gratuites Bac Général ES spé SES : Rôle des syndicats de salariés

Le sujet  1996 - Bac Général ES spé SES - Sciences Economiques et Sociales - Dissertation Imprimer le sujet
LE SUJET

Vous vous interrogerez sur le rôle des syndicats de salariés dans les sociétés industrialisées contemporaines.

(Vous pouvez privilégier le cas français).

Vous intégrerez dans votre argumentation les apports de Durkheim et de Marx.


Documents joints à votre sujet :

Document 1:

Moins de syndicat dans l'entreprise, c'est aussi plus d'inattendu pour le patron. Les grèves sauvages lancées par des coordinations se sont révélées difficiles à gérer, plus dures à canaliser que les mouvements organisés par les sections syndicales. La direction s'est trouvée face à un vide ou face à des novices de la négociation mesurant parfois mal la portée de leur demandes. Les conflits ont traîné, se sont durcis. En s'effaçant, les syndicats ont souvent emporté avec eux le baromètre social de l'entreprise. Impossible dès lors de mesurer un mécontentement avant qu'il n'explose. (…) Peu à peu, les dirigeants les plus éclairés se rendent à l'évidence. Le déclin syndical n'a pas que des avantages. (…) Cette prise de conscience n'est évidemment pas générale et ne vient pas d'emblée aux esprits empreints de l'idée bien française, encore largement répandue, que le syndicat est un mal obligatoire dans l'entreprise. Mais avant de redynamiser de leur propre initiative les forces de représentation, les patrons ont tenté de combler eux-mêmes cette place vacante.

Baumard et Blanchot, Crise du syndicalisme, Hatier, 1992.


Document 2 :.

Population active syndiquée (en % des salariés)



Source : OCDE-ICFTU, cité in Problèmes économiques n° 2396-2397.

Document 3 :

Elections aux comités d'entreprise

 

1967-1968

1992-1993

Participation des salariés en %

73,1

66,4

Répartition des voix en %

CGT

CFDT

CFTC

FO

CGC

Autres syndicats

Non syndiqués

Total

 

47,0

18,7

2,7

7,6

4,8

5,0

14,2

100

 

22,5

20,7

4,6

11,9

5,7

6,6

28,0

100


Source : "12-06-95, élections au comité d'entreprise", Liaisons sociales, 1945-1993.


Document 4 :

Les transformations de l'emploi tendent à tarir les sources traditionnelles de recrutement et à gonfler les effectifs des catégories à faible syndicalisation : le poids (absolu et relatif) des ouvriers dans la population active diminue, tandis que femmes, cols blancs, salariés des PME, travailleurs atypiques prennent une importance grandissante. Le chômage réduit la population syndicalisable, frappant tout spécialement les actifs les plus susceptibles d'adhérer. La situation de l'emploi n'explique cependant pas tout : la désyndicalisation touche aussi des secteurs ou des professions à l'abri des licenciements, par exemple dans la fonction publique. Une autre conséquence directe des difficultés économiques est l'évolution ralentie - voire pour certaines catégories la baisse - du pouvoir d'achat qui peut conduire des salariés à sacrifier la "dépense syndicale", la cotisation étant désormais ressentie comme une charge budgétaire trop lourde. Enfin, le rapport coût-avantage de l'adhésion se dégrade sous l'effet de la crise : se syndiquer devient plus risqué quand le chômage menace.


N. Pinet, Ecoflash, n° 63, novembre 1992.


Document 5 :

L' Etat est trop loin des individus, il a avec eux des rapports trop extérieurs et trop intermittents pour qu'il lui soit possible de pénétrer bien avant dans les consciences individuelles, et de les socialiser intérieurement. C'est pourquoi, là où il est le seul milieu où les hommes puissent se former à la pratique de la vie commune, il est inévitable qu'ils s'en déprennent, qu'ils s'en détachent les uns les autres et que dans la même mesure la société se désagrège... Une nation ne peut se maintenir que si, entre l'Etat et les particuliers, s'intercale toute une série de groupes secondaires1 qui soient assez proches des individus pour les attirer fortement dans leur sphère d'action et les entraîner ainsi dans le torrent général de la vie sociale. Nous venons de montrer comment les groupes professionnels sont aptes à remplir ce rôle, et que tout même les y destine. On conçoit dès lors combien il importe que, surtout dans l'ordre économique, ils sortent de cet état d'inconsistance et d'inorganisation où ils sont restés depuis un siècle, étant donné que les professions de cette sorte absorbent aujourd'hui la majeure partie des forces collectives.

Emile Durkheim, De la division du travail social,
Préface de la 2e édition (1902), PUF, 1967.


Document 6 :

Le capital est la force sociale concentrée ; tandis que l'ouvrier ne dispose que de sa force productive individuelle. Donc le contrat entre le capital et le travail ne peut jamais être établi sur des bases équitables (…). La seule puissance sociale que possèdent les ouvriers, c'est leur nombre. La force du nombre est annulée par la désunion. La désunion des ouvriers est engendrée et perpétuée par la concurrence inévitable faite entre eux-mêmes. Les syndicats sont nés des efforts spontanés des ouvriers pour empêcher ou du moins atténuer les effets de cette concurrence faite par les ouvriers entre eux. Ils voulaient changer les termes du contrat de telle sorte qu'ils pussent au moins s'élever au-dessus de la condition de simples esclaves. L'objet immédiat des syndicats ouvriers était toutefois limité (…) aux questions de salaire et d'heures de travail.
D'un autre côté, les syndicats ouvriers ont formé à leur insu des centres organisateurs de la classe ouvrière (…).

Karl Marx, Résolutions du premier congrès de l'Internationale ouvrière,
1866, "Bibliothèque de la Pléiade", Ed. Gallimard, 1965.

LE CORRIGÉ

I - ANALYSE DU SUJET

Ce sujet porte sur deux parties du programme : lien social et exclusion, et changements et conflits.
Il permet d'intégrer les débats actuels sur les conflits sociaux, l'exclusion et la nécessité du maintien du lien social.

Les points importants : la mesure du déclin syndical, les explications du déclin, la nécessité des syndicats.

Pour les spécialistes : la pensée de DURKHEIM et de MARX étudiées dans l'année, et les textes fournis permettent l'approfondissement nécessaire.


II - DISSERTATION

Introduction

Depuis la fin des années soixante, les syndicats ont connu une perte d'audience et un affaiblissement de leur rôle.

On soulignera cependant la nécessité du syndicalisme comme représentant du monde du travail et élément de la cohésion sociale.

1 - Le rôle amoindri des syndicats

a) Le constat

- Le taux de syndicalisation de la population active salariée a baissé entre 1980 et 1992 dans tous les P.D.E.M., de plus de 10 points en France (Doc.2).
- Le taux de participation aux élections professionnelles diminue depuis 1967, le pourcentage des voix des listes non syndiquées progresse au détriment des grandes centrales (surtout la C.G.T.), (Doc.3).
- Le nombre de jours de grève diminue fortement depuis 25 ans.

b) Les mutations structurelles économiques et sociales à l'origine du déclin

- Le syndicalisme ouvrier implanté dans les grandes entreprises industrielles (mines, sidérurgie, chimie, automobile) a été victime des restructurations.
- Les salariés sont de plus en plus employés dans les PME.
- Les cadres et professions intermédiaires plus nombreux sont peu syndiqués, il en est de même pour les femmes.
- Les politiques de rigueur ralentissant la progression du pouvoir d'achat rendent les cotisations plus coûteuses.
- Le chômage touche les actifs les plus syndicalisables (Doc.4).

La déréglementation, la montée de l'individualisme contribuent à l'éclatement des communautés de travail et affaiblissent les syndicats.

c) Les difficultés d'adaptation des syndicats au monde contemporain

Le discours syndical est resté souvent un discours ouvriériste défendant métiers et acquis (G.B. et France).
En France, le pluralisme et la division des syndicats sont analysés comme des facteurs de faiblesse.

Le syndicalisme français contestataire a longtemps refusé toute idée de cogestion et offrait peu de services à ses adhérents. Les avantages individuels d'une adhésion sont minimes (théorie du passager clandestin).

Les débats sur le lien social et la fracture sociale ont ponctué les grèves de décembre 1995 en France insistant sur le rôle nécessaire des syndicats.


2 - La nécessité du syndicalisme

a) Les syndicats sont des médiateurs.

Ils sont des interlocuteurs pour les entreprises et l'Etat, connaissant bien les problèmes.
Ils ont plus de recul que les salariés et plus d'informations pour négocier que la base (doc. 1).
Ils sont considérés comme représentatifs car ils peuvent réguler les conflits et même anticiper les difficultés.

b) Les syndicats défendent les salariés.

Le capitalisme se concentrant en grandes entreprises, les salariés ont besoin d'organisation pour se défendre.
Les mouvements sociaux de décembre 1995 sont l'illustration de la défense des acquis sociaux (doc. 6).

Pour MARX, les syndicats favorisent la constitution de la classe ouvrière et la prise de conscience de classe. Ils font cesser la concurrence entre les travailleurs (MARX Doc.6).

c) Syndicats et lien social

DURKHEIM insiste sur les risques de désagrégation sociale (Doc.5).
Les groupes professionnels sont nécessaires entre l'Etat et les individus du fait de la disparition des formes de solidarité mécanique.
La division du travail entraîne une solidarité organique mais accroît l'isolement des individus (développement de l'individualisme).


Conclusion

La société du XXIème siècle devra être plus cohérente que celle des années de crise.
Les partenaires sociaux devront intégrer l'idée d'une société plus juste et se débarrasser des excès du libéralisme.

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